Le gouvernement mexicain confirme la mort des étudiants disparus

Les autorités judiciaires du Mexique ont maintenant la «certitude» que les 43 étudiants disparus en septembre dans le sud du pays ont été tués par une groupe criminel, bien que les tests ADN n'aient pour l'instant abouti à l'identification que d'un seul d'entre eux.

L'enquête, qui inclut les déclarations de près d'une centaine de détenus ainsi que des éléments matériels, «nous donne la certitude légale que les élèves enseignants ont été tués dans les circonstances décrites», à savoir leur enlèvement par des policiers locaux et leur meurtre par des membres d'un cartel, a déclaré le ministre de la Justice, Jesus Murillo Karam, au cours d'une conférence de presse mardi.

Les aveux de détenus et les expertises «nous ont permis de faire une analyse logique des causes et de parvenir, sans aucun doute possible, à la conclusion que les étudiants ont été privés de leur liberté, puis qu'on leur a ôté la vie, avant de les incinérer et de les jeter dans la rivière San Juan, dans cet ordre», a dit le ministre.

«C'est cela la vérité historique», a-t-il affirmé au sujet d'un événement qui a horrifié le Mexique et la communauté internationale.

Jusqu'à présent, les autorités judiciaires considéraient comme disparus les élèves-enseignants de l'école normale d'Ayotzinapa, victimes d'une attaque armée de la part de policiers corrompus d'Iguala, dans l'État de Guerrero, puis remis à des tueurs du cartel de trafiquants de drogue des Guerreros Unidos, à l'instigation de l'ex-maire de la ville.

Mais les parents des victimes, qui ont manifesté lundi avec plusieurs milliers de personnes à Mexico à l'occasion du quatrième mois de la tragédie, rejettent le scénario présenté par les autorités judiciaires et craignent que le gouvernement ne déclare clos le dossier.

ADN détruit

«Il y a beaucoup d'incohérences dans la version du ministre», a déclaré à l'AFP Felipe de la Cruz, porte-parole des parents, après la conférence de presse de M. Karam.

Pour le moment, les experts du laboratoire autrichien de médecine légale de l'université d'Innsbruck n'ont pu identifier les restes que d'un seul des 43 étudiants. Les proches des victimes affirment qu'ils ont encore l'espoir de retrouver les 42 autres.

En novembre, le Mexique avait envoyé 17 restes calcinés, présumés appartenir aux disparus. La semaine dernière l'institut a indiqué que «la chaleur excessive a détruite l'ADN dans les restes».

L'institut a proposé au ministère mexicain de la Justice, qui l'a accepté, d'utiliser une nouvelle méthode, le «séquençage massif parallèle» (MPS selon le sigle anglais), «qui pourrait servir d'instrument utile pour continuer à procéder aux recherches sur ces restes». Cela pourrait prendre au moins trois mois et sans garantie de succès, a souligné l'institut.

Pris pour un groupe criminel rival?

Les autorités judiciaires mexicaines n'ont pas de certitude pour l'instant sur les mobiles du massacre.

Mardi, des responsables ont indiqué que les aveux de l'un des tueurs présumés, Felipe Rodriguez, donnent à penser que les étudiants d'Ayotzinapa venus pour manifester à Iguala, à 100 km de leur école, avaient été annoncés comme étant des membres d'un groupe criminel rival des Guerreros Unidos, «Los Rojos» (Les Rouges).

«Un mobile prend de la consistance : celui selon lequel les étudiants ont été signalés comme faisant partie d'un groupe antagoniste du crime organisé dans la région», a expliqué Tomas Zeron, directeur des enquêtes criminelles, lors de la même conférence de presse.

Toutefois, a souligné le ministre Murillo Karam, «nous n'avons pas pu déterminer que les étudiants faisaient partie d'un groupe criminel. Je crois le contraire».