Paris : la manifestation pro-palestinienne dérape

Un ou plusieurs milliers de sympathisants pro-palestiniens, selon les sources, ont bravé l'interdiction de manifester samedi à Paris et le rassemblement a rapidement dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre, selon des journalistes de l'AFP sur place. Une centaine de manifestants s'en sont pris aux CRS et gendarmes mobiles dans le nord de la capitale, entre Château rouge et Barbès, "principalement avec des jets de projectiles", pierres et bouteilles, selon une source policière.

Le climat restait particulièrement tendu en fin de journée et l'air irrespirable en raison de nombreux tirs de gaz lacrymogène. Il n'y a pas eu de blessés dénombrés. Dans une grande confusion, les manifestants, parmi lesquels beaucoup de jeunes hommes, se sont dispersés dans les rues du quartier, croisant des familles parties faire leurs courses ou des touristes ébahis non loin du Sacré-Coeur.

Dans un bruit assourdissant de pétards et de sirènes de police, des passants étaient en pleurs, un mouchoir ou un foulard sur le visage. Bars et commerces, rapidement pris d'assaut, ont baissé leurs rideaux et replié leur terrasse dans la panique. En fin d'après-midi, une vingtaine de manifestants, certains portant le drapeau palestinien sur les épaules, jetaient sur les forces mobiles de grosses pierres récupérées sur un chantier. D'autres cassaient un trottoir pour récupérer des pavés.

"Palestine vivra, Palestine vaincra"
Selon une source policière, 38 personnes avaient été interpellées vers 19 heures pour jets de projectiles, violences contre les forces de l'ordre et outrage. Quatorze policiers ont été blessés, selon cette source. Les boulevards autour de Barbès étaient recouverts de bris de glace, entre abribus et cabines téléphoniques détruites, et deux camionnettes de la RATP étaient calcinées au milieu de la chaussée, ainsi que des poubelles, selon des journalistes de l'AFP.

La manifestation avait été interdite vendredi par la préfecture de police, évoquant des "risques graves de trouble à l'ordre public" après les heurts du 13 juillet devant deux synagogues, en marge d'un autre rassemblement. Samedi à la mi-journée, le président de la République François Hollande avait lancé une dernière mise en garde depuis le Tchad, où il se trouve en visite officielle, avertissant que "ceux qui veulent à tout prix manifester en prendront la responsabilité".

Selon des sources policières, ils étaient au moins un millier au rendez-vous. Pour les organisateurs, entre 5 000 et 10 000. Vers 15 heures, ils se sont massés, certains avec des pancartes, sur le carrefour Barbès, près de la gare du Nord, selon des journalistes de l'AFP. "Palestine vivra, Palestine vaincra", ont-ils scandé sous l'oeil attentif de nombreux CRS en position.

"C'est l'interdiction qui nous a donné envie de venir", ont expliqué Louisa et Mourad, 26 et 27 ans. "Ce qui se passe à Gaza est très grave et on nous empêche de crier notre colère en manifestant." Au moins deux drapeaux israéliens ont été déchirés et brûlés, sous les applaudissements de la foule. En tête du cortège, des jeunes hommes, keffiehs sur le visage, défiaient les CRS en les filmant avec leurs smartphones, avant les premières altercations.

Plusieurs rassemblements en province
"Que la manifestation soit autorisée ou non, il va y avoir des centaines ou des milliers de jeunes qui vont converger vers Barbès samedi", avait prévenu vendredi Alain Pojolat, du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), seul parti politique à avoir maintenu son appel au rassemblement.

Plusieurs rassemblements en soutien aux Palestiniens de Gaza se sont déroulés dans le calme dans plusieurs grandes villes, notamment à Marseille (3 000 manifestants) ou à Lyon (4 000 personnes). À Strasbourg, ils étaient 1 300, selon la police, et quelque 1 500 à Avignon, selon l'AFP. Au douzième jour de l'opération israélienne à Gaza, le bilan s'élevait à 342 Palestiniens morts samedi.