Affaire Roberge : un autre policier dans la mire des enquêteurs

Mise à jour le mercredi 22 janvier 2014 à 18 h 45 HNE

Exclusif - Après l'arrestation l'automne dernier de l'ex-policier Benoît Roberge, accusé d'avoir vendu des informations au crime organisé, un autre policier du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) se trouve dans la mire des enquêteurs.

Un texte de Alain Gravel

Ce policier, proche collaborateur de Benoît Roberge, a échoué au test du polygraphe auquel il a été soumis après l'arrestation de son ex-collègue. Même si des soupçons pèsent contre lui, il est toujours en service et ne fait face à aucune accusation. Le policier en question a été affecté à des tâches administratives.

Certains de ses collègues du SPVM ne cachent pas leur inconfort de le voir continuer à travailler au centre des enquêtes spécialisées à la Place Versailles, dans l'est de Montréal. D'autant plus que sa conjointe est aussi procureure de la Couronne, tout comme l'est la femme de Benoît Roberge.

Lorsque Benoît Roberge a été arrêté en octobre dernier, c'est toute la communauté policière qui a été ébranlée. Cette affaire a forcé les grands corps policiers qui ont travaillé avec cet enquêteur chevronné à revoir plusieurs de leurs enquêtes pour évaluer l'étendue des dommages qu'il aurait causés.

Le collègue de l'ex-policier Roberge sur lequel pèsent des soupçons fait partie de l'équipe d'enquêteurs spécialisés dans la lutte contre le crime organisé au SPVM. Il a travaillé étroitement avec Roberge dans la gestion des sources liées au monde des motards.

Échange d'informations sensibles

Selon des personnes proches de l'enquête, les deux policiers avaient des méthodes de travail qui se ressemblaient étrangement. Et ils auraient échangé beaucoup d'informations sensibles.

Depuis le début de son incarcération en attente de son procès, Benoît Roberge a eu de nombreux échanges par lettre et au téléphone avec un ami de longue date, Benoît Perron. Dans ses échanges, l'ex-policier Roberge lance un avertissement clair aux autorités qui souhaitent le faire condamner.
« Il a dit que les policiers étaient très durs avec lui et qu'ils aimeraient ça le voir mort. Et moi je lui ai dit : "Voyons Ben, ne parle pas comme ça". Alors il a dit : "S'ils veulent m'amener en enfer et bien je ne vais pas y aller tout seul". » — Benoît Perron, un ami de Benoît Roberge

Après son arrestation, on a présenté Roberge comme un as du renseignement. Mais aujourd'hui, alors qu'il est en prison en attendant son procès, des voix s'élèvent pour critiquer ses méthodes et son manque de rigueur dans sa gestion des sources. À un point tel que certains se demandent s'il n'a pas commencé à trahir les siens bien avant 2010, avant la période visée par les accusations qui pèsent contre lui.
Benoît Roberge est accusé d'avoir fourni de l'information au Hells Angel René Charlebois. Le motard, qui s'est enlevé la vie en octobre dernier après s'être évadé de prison, avait pris soin d'enregistrer des conversations téléphoniques avec Benoît Roberge.

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