L'état-major du SPVM sera sensibilisé au droit de manifester

Le chef de police de Montréal et l'ensemble de son état-major devront assister à une conférence sur l'éthique et le droit de manifester donnée par un expert de la chaire d'éthique appliquée de l'Université de Sherbrooke, a appris La Presse.

C'est l'une des conditions du règlement à l'amiable d'un recours collectif intenté contre la Ville de Montréal dans la foulée de l'arrestation de 238 personnes lors d'une manifestation contre un mini-sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), à Montréal, en 2003. Selon des documents internes de la Ville, l'agglomération de Montréal versera également 10 000$ dans le Fonds d'aide aux recours collectifs.

Le règlement à l'amiable a été approuvé, au début d'avril, par le juge chargé d'entendre le recours collectif. Le document interne de la Ville de Montréal indique qu'il est dans «l'intérêt» de la Ville d'autoriser ces deux conditions.

Toujours d'actualité

La représentante du recours collectif, la Dre Rachel Engler-Stringer est aujourd'hui mère de deux enfants et professeure agrégée en santé communautaire et épidémiologie à l'Université de Saskatchewan.

Sans révéler les termes de l'entente à l'amiable, elle affirme qu'elle espère que les dirigeants du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) y verront l'occasion de comprendre ce qui motive les gens à prendre part à des manifestations. Douze ans après les faits, elle constate que ses préoccupations sont toujours d'actualité, au moment où Montréal est le théâtre de nombreuses manifestations étudiantes. Elle espère être en mesure de se déplacer au Québec pour assister à la conférence.

«Nous ne sommes pas tous des gens louches avec des tendances destructrices. Le monde n'est pas un endroit juste, il y a des gens qui ont du mal à mettre de la nourriture sur la table pour leur famille, et des organisations comme l'OMC empirent la situation», a-t-elle expliqué.

La femme de 38 ans garde un très mauvais souvenir de son arrestation. «C'était terrible. La manifestation était déjà terminée et j'étais agglutinée avec un petit groupe devant un libraire sur le boulevard Saint-Laurent quand ils sont arrivés avec des autobus scolaires. Ils nous ont tous arrêtés et entassés à l'intérieur. Il faisait chaud, on n'avait pas d'eau, on n'avait pas le droit d'aller aux toilettes. Des policiers de sexe masculin ont fouillé les manifestantes.»

Selon l'avocat de Mme Engler-Stringer, Me Gilbert Nadon, les accusations criminelles contre les manifestants ont toutes été retirées. La Cour supérieure du Québec avait autorisé le recours collectif contre la Ville de Montréal en septembre 2005.

«Ce dossier a fait l'objet de nombreuses procédures et amendements. Le dossier est déjà monté en cour d'appel», peut-on lire dans le document interne de la Ville de Montréal, que La Presse a obtenu. «Considérant les nombreuses procédures déjà faites et celles qui demeurent à faire ainsi que les coûts de préparation et de suivi du dossier, il a été proposé de tenir une conférence de règlement à l'amiable afin de trouver une solution plus rapide à ce dossier. Cette conférence a eu lieu devant le juge en chef de la Cour supérieure», poursuit le document.

La somme de 10 000$ servira à rembourser une partie des frais qui avait été avancée par le Fonds d'aide aux recours collectif.

Le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal, Ian Lafrenière, n'a pas rappelé La Presse et n'a pas répondu à notre courriel.

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