Les questions des citoyens font-elles peur au SPVM ?

Les questions des citoyens font-elles peur au SPVM ?
Alexandre Popovic

Que se passe-t-il avec la Commission de la sécurité publique de la Ville de Montréal ?

Cette instance composée de huit élus municipaux et d’un représentant du gouvernement du Québec permet à la société civile d’avoir son mot à dire au sujet des activités du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), notamment.

Ou plutôt « permettait ». Renonçant à une tradition vieille de quelques décennies, la Commission ne permet désormais plus aux citoyens de questionner le SPVM à propos de son rapport annuel, dont le plus récent a été déposé mardi dernier. La même chose s’est produite l’an dernier.

« Aujourd’hui, toutes les questions doivent être posées en secret, et seulement par les élus qui siègent à la Commission de la sécurité publique. Quelle honte ! », s’est indigné, avec raison, Alex Norris, vice-président de la Commission et élu de Projet Montréal.

Les séances publiques de la Commission représentent une rare occasion pour la société civile d’interpeller publiquement les dirigeants du SPVM. Je suis bien placé pour le savoir, puisque ça fait près de deux décennies que j’assiste aux séances publiques de la Commission. Pendant longtemps, les citoyens ont été peu nombreux à y prendre part. Mais la participation citoyenne aux périodes de questions a bondi depuis le printemps étudiant de 2012.

L’élimination inexpliquée de la période de questions des citoyens lors du dépôt du bilan annuel du SPVM constitue non seulement un recul pour la démocratie montréalaise, mais aussi pour la reddition de comptes de la part du deuxième corps policier municipal du Canada.

MIEUX AILLEURS AU CANADA

Et l’on ne trouvera guère de motif de consolation en se comparant avec les équivalents de la Commission de la sécurité publique existant dans le reste du Canada.

À Toronto, le « police board » tient une séance publique chaque mois lors de laquelle les citoyens peuvent faire des présentations orales d’une durée maximale de cinq minutes. Et à Vancouver, une pareille instance tient huit séances publiques par année où les citoyens peuvent prendre part à une période des questions.

Montréal s’est doté d’une Charte obligeant la Commission à tenir deux séances publiques par année. En 2015, les seules questions que le public a été autorisé à poser portaient sur le budget du SPVM, ce qui rétrécit considérablement la diversité des problématiques qui peuvent être soulevées.

En comparaison avec Toronto et Vancouver, notre commission montréalaise faisait déjà le minimum du côté de la participation citoyenne. Or, la Commission cherche désormais à minimiser le minimum. Les questions des citoyens font-elles si peur au SPVM ?

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