Mais où est la police ?

Alors que plusieurs centaines de manifestants envahissent l’Hôtel de ville de Montréal ce lundi en fin de journée, j’imagine très bien Denis Coderre, retranché dans son bureau derrière la porte, vibrant des coups de boutoir de quelques dizaines de syndiqués bien décidés à faire un beau ménage dans ses documents personnels…

Je le vois presque, tenant fébrilement son téléphone à la main et composant nerveusement un numéro tandis que des verres volent dans la salle du conseil pour aller se briser bruyamment autour des élus.

J’imagine aussi la sonnerie du téléphone qui résonne dans le vide…

Pas de réponse de l’ami Marc Parent, le chef du SPVM. Ça doit être frustrant quand même.

Mais que fait ma police a du se dire notre bon maire !

Finalement, d’après Denis Coderre, Marc Parent a dit « qu’il réagirait le lendemain ».

On est heureux d’apprendre que plutôt que d’envoyer ses troupes faire cesser un trouble évident à l’ordre public, une violation d’une enceinte municipale, des bris divers, des voies de faits et autres crimes, le chef de la police a préféré réagir le lendemain dans une conférence de presse.

Ah, si toutes les manifestations se réglaient de la sorte, il y aurait moins de blessés du côté des policiers et nous n’aurions pas besoin d’investir des centaines de milliers de dollars pour acheter du gaz de poivre, des bâtons de défense et toute sorte de matériel qui serait alors inutile.

Ce matin, Denis Coderre doit la trouver pas mal moins efficace, cette police contre laquelle il s’est refusé à émettre le moindre jugement critique jusqu’alors.

Une police qui, tandis qu’on vidait tranquillement l’hôtel de ville par les fenêtres, regardait à gauche quand des cagoulés agissaient à droite et à droite quand on mettait le feu au drapeau de la mairie sur la gauche…

Au delà de cette non intervention, il serait intéressant de savoir si des policiers ont participé aux dégradations et méfaits dénoncés par Denis Coderre sur toutes les télés depuis hier.

Et pour être juste, signalons que la fédération des policiers et policières municipaux du Québec condamne les actions violentes menée hier.

N’empêche, il reste absolument évident que ceux qui étaient en service n’ont pas fait leur travail.

Mais l’inaction des hommes sur le terrain ne doit pas masquer la responsabilité réelle de ce manquement grave aux fondements mêmes de la mission policière, une responsabilité qui revient entièrement à la direction du SPVM.

Ça a du cogiter fort ce lundi soir dans les bureaux de Marc Parent pour préparer l’allocution du lendemain en vue de nous expliquer pourquoi, lorsque ce sont nos jeunes qui sont dans les rues on use les matraques jusqu’à la corde, tandis que, quand ce sont des camarades syndiqués qui dévastent l’intérieur de l’hôtel de ville, on se met aux abonnés absents.

Comment expliquer en effet cette répression des manifestations sans discrimination entre manifestants et fauteurs de trouble, alors qu’on avait ici uniquement des casseurs qui se trouvaient dans un bâtiment publique ?

Autant il était – selon la police – difficile d’arrêter les casseurs au milieu d’une manif en 2012, autant il était simple – selon un enfant de 4 ans – d’arrêter des casseurs confinés dans un même bâtiment.

Un très beau programme pour un patinage pas très artistique auquel le chef de police nous a malheureusement déjà habitués en maintes occasions.

Seulement, jusqu’à aujourd’hui, c’était plutôt les citoyens qui faisaient les frais de la perte de contrôle des responsables policiers sur leurs troupes.

Des policiers qui nous expliquaient à grand renfort de P6 qu’il fallait sévir contre les porteurs de masques durant les manifestations et qui tournaient pourtant opportunément le dos à ceux qui agissaient de la même façon ce lundi.

On parlera longtemps de cette scène de saccage de l’hôtel de ville, mais il restera certainement encore plus longtemps dans les mémoires le jour où, prêchant par l’exemple, le SPVM nous a démontré que le serment de « Protéger et Servir » ne s’appliquait manifestement pas à toutes les situations.

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