Une petite critique concernant le "bilan" du reglèment municipal P-6

C’est vraiment décevant que dans les discussions et les déclarations sur le «bilan» du règlement municipal P-6, les commentaires destructifs faits par Richard Bergeron – concernant l’idée d’interdire la marche du 15 mars contre la brutalité policière (invoquant une disposition de P-6) – n’aient pas été mentionnés plus clairement (eg: www.facebook.com/events/253959568139225). C’est comme si Projet Montréal obtenait un passe-droit de certains militant.e.s dans ce dossier.

Il y a d’autres aspects décevants aussi : la référence problématique à la sacro-sainte «société civile»; l’emphase sur les coûts financiers de P-6, sans jamais mentionner clairement que tellement d’individus et de groupes, incluant tous les gens qui ont endossé cette déclaration d’avril 2013, se sont ouvertement opposés et ont défié P-6: Déclaration: Ce n'est pas à l'hôtel de ville que le P-6 sera défait, mais dans la rue ! Nous ne nous soumettrons pas au P-6 ! www.clac-montreal.net/contre_P-6 .

L’absence d’une critique claire de Bergeron (en plus de Coderre) dans la déclaration originale concernant le bilan de P-6 est une faille évidente, et à mon sens inacceptable.

Projet Montréal est cité comme demandant un bilan; le parti devrait donc être critiqué également, lorsque c’est justifié (par exemple quand son chef mentionne ouvertement la possibilité d’interdire la manifestation annuelle contre la brutalité policière en utilisant P-6, cela nécessite une forte critique). Autrement, c’est comme si les militant.es anti-P-6 étaient exploité.e.s, même minimalement, par un parti politique municipal.

Pour une mise en contexte des commentaires de Bergeron sur l’interdiction de la marche du 15 mars (commentaires qu’il a répété à 2 reprises durant la campagne électorale), vous pouvez vous référer à la seconde partie de cet article: http://on.fb.me/HoVPsk (la seconde partie est aussi disponsible ci-dessous).

Fait intéressant, plusieurs supporters de Projet Montréal avaient exprimé à l’époque leur désaccord avec les commentaires de Bergeron, et souhaitaient se pencher sur la situation, mais «après les élections» (parce qu’ils-elles n’osaient pas critiquer ouvertement leur chef durant la campagne). Les élections sont maintenant loin derrière, et aucune responsabilité n’a été prise par Bergeron ou Projet Montréal concernant les commentaires destructifs qu’il a fait durant la campagne. Ce manque de responsabilisation se poursuit dans l’organisation du rassemblement prévu ce lundi.

Quelques personnes ont suggéré que le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP) puisse critiquer les commentaires de Bergeron et l’attitude de Projet Montréal durant le rassemblement. Cependant, le COBP et les autres groupes radicaux ne devraient pas être les seuls à devoir porter cette critique. Peut-être que les «citoyen.ennes» ou la soi-disant «société civile» pourraient également faire cette critique, de façon très publique et ouverte. Après tout, il est clair que P-6, qui a été défié à maintes reprises par des groupes dans l’organisation de leurs manifestations, ne semble être appliqué qu’au COBP, à la CLAC et autres associations similaires (fait admis par le conseil municipal et le SPVM). Si nous ne critiquons pas Bergeron de façon centrale dans cette mobilisation (en plus de Coderre et autres politicien.nes), nous perpétuons la marginalisation et le clivage entre les supposé.es «méchant.es militant.es» ou radicaux versus les «bon.nes militant.es» et la «société civile».

Voilà, je voulais juste faire cette critique franchement et en toute transparence, parce que le choix des mots pour ce rassemblement et les ramifications qui s’en suivent me laissent un arrière-goût amer.

-- Jaggi Singh (13 juin 2014)

Bannir la manif du 15 mars contre la brutalité policière

(extrait d'un article écrit le 2 novembre 2013; l'article en complet est ici: http://on.fb.me/HoVPsk; traduction de la version originale anglaise)

À deux reprises durant la présente campagne électorale, Richard Bergeron a publiquement affirmé qu'il voulait bannir la manifestation annuelle du 15 mars contre la brutalité policière.

Le 28 septembre, Bergeron a accordé une longue entrevue à CHOI FM à Montréal (la radio de droit, aussi connue comme« Radio X », alias la Radio poubelle »). Durant l'entrevue, Bergeron a exprimé ce qui suit:
- en tant que maire, il va défendre « sa police »;
- il a aimé le témoignage du chef de la police de Montréal, Marc Parent, à la Commission sur les événements du printemps 2012, la grève étudiante au Québec;
- il affirme (faussement) que le règlement anti-manif P-6 n'a pas été utilisé en 2012;
- il décrit la manif du 15 mars contre la brutalité policière comme une manif du « black bloc »;
- il promet d'interdire la manif contre la brutalité policière et répète, quand on lui repose la question, qu'il est « certain » qu'il va interdire cette manif en tant que maire.

(L'entrevue à Radio X est disponible ici: http://montreal.radiox.com/emission/le_retour_de_radio_x/article/gendron...)

(AnarchoPanda, qui a critiqué les remarques de Bergeron, en a fait un résumé ici: https://www.facebook.com/Anarchopanda/posts/420279658083915)

Essentiellement, Bergeron n'hésite pas à utiliser des stéréotypes et des fausses informations sur les manifestantEs radicaux et radicales qui fournissent une excuse politique quand la police attaque des manifestantEs.

Il y a eu une réaction des sympathisantEs et supporters de Bergeron, pas pour se distancer clairement de ses remarques, mais plutôt pour lui fournir des excuses (comme les excuses pour la politique de déportations municipales de Bergeron contre les jeunes sans-abri de l'extérieur de la ville). En ligne, à travers les médias sociaux, des candidatEs et travailleurs rémunérés, ainsi que des bénévoles et des supporters ont touTEs repris le même argument : Projet Montréal est le seul parti municipal qui a voté contre le règlement municipal anti-manif P-6.

C'est énervant que plusieurs supporters de Projet Montréal ignorent ou marginalisent continuellement les initiatives venant de la base pour s'opposer à P-6 (qui incluent de défier ouvertement le règlement, souvent au risque de plus d'arrestations et de contraventions). Une de ces initiatives, qui regroupe plus de 75 groupes communautaires, est décrit ici: http://www.clac-montreal.net/contre_P-6.

Mais plus important encore, les affirmations de plusieurs supporters de Projet Montréal sur leur opposition à P-6 ne sont pas tout à fait exactes. Des conseillers de Projet Montréal (ainsi que d'autres conseillers) ont voté contre certains articles du règlement qui ont été adoptés en mai 2012 (qui augmentent le montant de la contravention, interdisent le port du masque et obligent les organisateurs de manifestations à fournir le trajet à la police à l'avance pouravoir leur permission), mais pas contre le règlement lui-même qui existe depuis plusieurs décennies. Le « vieux P-6 » a été et est utilisé régulièrement par la police pour arrêter et détenir des manifestantEs pour «attroupement illégal » et leur remettre des contraventions avant de les relâcher plus tard.

Un des articles du P-6 original qui resterait même si Projet Montréal avait réussi à changer certains articles du règlement est celui inquiétant qui permet à l'Hôtel de Ville d'interdire des manifestations. Et le candidat à la mairie de Projet Montréal est le seul qui a publiquement affirmé qu'il utiliserait P-6 pour interdire une manifestation.

Le jour après l'entrevue de Bergeron à Radio X, un site internet plus à gauche (avec des sympathies claires pour Projet Montréal et le NPD), « Forget theBox », s'est dépêché de publier un extrait d'une entrevue avec Bergeron (au moins les extraits au sujet de P-6 et de la manif contre la brutalité policière). L'entrevue a aussi été traduite en anglais et en français et a été diffusée largement dans les médias sociaux, en guise d'antidote à l'entrevue à Radio X.

(L'entrevue de « Forget the Box » est disponible ici: http://www.forgetthebox.net/richard-bergeron-on-p-6-and-the-anti-police-...)

L'entrevue n'a pas été enregistrée et est basée sur des notes écrites par le reporter. L'entrevue complète a été publiée le 2 novembre, à la veille desélections (disponible ici: http://www.forgetthebox.net/your-city-your-candidates-richard-bergeron/).

L'extrait de l'entrevue à « Forget the Box », qui a été diffusé par ceux qui font l'apologie de Bergeron, est encore censée arrondir les coins de la remarque originale de Bergeron. Ça montre que Bergeron va dire différentes choses à différentes auditoires (pro-flic pour une Radio X de droite, moins pro-flic pour un « Forget the Box » de gauche) et qu'il agit exactement comme les autres politiciens à deux faces qui veulent être maire.

S'il restait des doutes sur le fond de la pensée de Bergeron, ses commentaires aux étudiantEs de l'Université de Montréal le 15 octobre viennent les dissiper. Tel que rapporté par le journal Métro, Bergeron affirme ce qui suit devant les étudiantEs:

« Si je suis maire, je vais consulter les organisateurs, voir comment éviter les dérapages. S’ils me disent “va te faire foutre Bergeron”, je devrai alors me prévaloir de mon pouvoir de la rendre illégale.»

(Article original disponible ici: http://journalmetro.com/dossiers/les-elections-municipales-2013/387223/l...)

Donc, alors que Projet Montréal s'oppose aux articles de P-6 qui obligent les manifestantEs à faire approuver leur trajet par la police, le candidat à la mairie Bergeron insiste que le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP http://cobp.resist.ca/) négocie avec lui avant d'approuver la manif, ce qui garanti pas mal un « va te faire foutre Bergeron » de la part des organisateurs et organisatrices contre la brutalité policière à Montréal dès le départ.

Les initiatives de style « va te faire foutre Bergeron » semblent avoir déjà commencé de manière autonome, alors que l'auteur de ce texte a observé (bien après le fait, bien entendu) au moins cinq pancartes électorales de Bergeron couvertes des lettres « COBP » à la peinture noire.

Categories

Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

Type de document: