Violence policière: "T’as pas vu mon casque, vieux con!"

Vidéo. Une pluie de coups, des insultes... Le 7 février, Didier Léon, 65 ans, a vécu une interpellation policière d’une rare violence, filmée par des riverains.

Ce retraité de 65 ans se rend, ce jour-là, à une maternité de l’Est parisien voir sa fille qui vient d’accoucher. Le jeune grand-père cherche une place et concède avoir pu griller un feu rouge. Un homme en moto s’arrête à sa hauteur et lui dit : «Police. Garez-vous. On va s’expliquer.» Didier Léon, dans un premier temps, ne croit pas que cet individu, «très agressif», selon lui, soit policier. Il redémarre. Mais le motard, rejoint par deux autres fonctionnaires en civil, le rattrape. Il passe le buste par la fenêtre, coupe le contact et saisit les clés. Le reste de la scène a été filmée depuis un immeuble voisin.

Le policier, casque sur la tête et sans brassard -il est tombé derrière lui dans la rue- est surexcité. Il hurle sur Didier Léon. «T’as pas vu mon casque, vieux con !» Le retraité cherche alors à maintenir dans l’habitacle la tête de celui qu’il prend pour un agresseur. Ce dernier, hors de lui, se dégage en lui assénant une dizaine de coups de poings, avant de le sortir brutalement du véhicule en criant à ses collègues «maintenez-le !» puis «foutez-le par terre !» et de le menotter au pied du véhicule.

"Appelez la police"

Durant la séquence, on entend Didier Léon appeler «Au secours !» et réclamer même la police... Quelques témoins se pressent autour de la voiture. Une dame fait remarquer qu’il s’agit d’une personne âgée. Un autre souligne que le jeune énervé n’a «pas prouvé qu’il était de la police». Il se fait rembarrer : «Si, il l’a prouvé !» Un homme en pull orange interpelle également les policiers : «Pourquoi vous l’emmerdez ? Vous n’avez pas le droit de le tabasser comme ça!»

Pour Didier Léon, l’affaire va se solder par vingt-six heures de garde à vue, une dent cassée et six jours d’interruption temporaire totale de travail. Il sera également visé par une procédure pour refus d’obtempérer et rébellion, classée aujourd’hui sans suite. Le 13 février, cet ancien informaticien de la fonction publique porte plainte. Plainte qui fait l’objet d’une enquête préliminaire confiée par le parquet de Paris à la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), a indiqué une source judiciaire.

"Pluie de coup"

«A l’origine de cette affaire, il y a une infraction routière», a commenté la préfecture de police qui se refuse à tout commentaire sur les violences, une enquête étant en cours. De son côté, Nicolas Comte, du syndicat SGP Police, confirme l’existence d’une infraction de la route. Et justifie l’attitude du fonctionnaire de police : «S’il a été maintenu ou frappé par la personne arrêtée, il est fondé à utiliser la force.» Jusqu’à quel point ? Pour l’avocat du retraité, Me Eric Plouvier, «la réponse au désarroi d’un concitoyen a été manifestement disproportionnée». Il s’indigne d’une «pluie de coups» et relève que la «qualité de policier doit s’exprimer clairement». Et sans hurler si possible.

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