Un resserrement des lois demandé pour contrer la violence armée

Afin de contrer la violence armée à Montréal et mettre un terme au « sentiment d’impunité » des membres des gangs de rue, un groupe de citoyens comptant dans ses rangs des policiers retraités du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) recommande un resserrement des lois canadiennes en matière de criminalité et une valorisation du travail des policiers.

Le groupe baptisé la Communauté de citoyen.e.s en action contre les criminels violents (CCACV) réunit plusieurs membres de la société civile, parmi lesquels l’ancienne mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Anie Samson, ainsi que Stéphane Wall, superviseur retraité du SPVM, et André Gélinas, sergent détective retraité du SPVM.

Ils souhaitaient faire des propositions dans le cadre du forum sur la violence armée annoncé par le directeur du SPVM, Sylvain Caron, et qui devait débuter mercredi, mais l’événement a été reporté en raison de la 5e vague de COVID-19. C’est pourquoi ils ont présenté leurs recommandations mercredi lors d’une conférence de presse à Montréal.

Des lois à actualiser

Le meurtre de quatre adolescents dans la dernière année dans la métropole rend pressante l’instauration de mesures pour contrer la violence de rue, indiquent les membres de la CCACV.

Selon Stéphane Wall, plusieurs lois ou articles de lois fédérales devraient être mis à jour pour mieux refléter les nouvelles réalités du terrain. Ainsi, les articles du Code criminel portant sur le crime organisé (467.1 à 467.14) devraient être actualisés pour inclure l’appartenance à un gang de rue reconnu, dit-il. « Après 20 ans, on pense qu’on devrait les dépoussiérer et les simplifier. Il faudrait penser à criminaliser l’appartenance à des gangs de rue ou au crime organisé. »

Le groupe croit aussi que la justice doit être plus sévère à l’endroit des mineurs qui commettent des crimes à l’aide d’armes à feu. « Les gangs de rue, actuellement, sont dans l’impunité complète », avance M. Wall. Il relate que les membres de gangs de rue font faire des « jobs » à des jeunes et leur confient des armes à feu, sachant que si ceux-ci se font attraper, ils ne seront pas condamnés. Le policier à la retraite plaide en faveur d’une révision de la loi C-75 pour faire en sorte que les jeunes qui se livrent à des crimes graves contre la personne ou utilisent une arme à feu soient punis plus sévèrement.

Un meilleur contrôle devrait aussi être fait aux frontières et en périphérie des réserves autochtones afin de limiter le trafic d’armes illégales, ajoute le groupe.

Valoriser le métier

Le métier de policier doit être davantage valorisé, dans le discours politique à Québec notamment, avance Stéphane Wall. Le désengagement policier, qui se traduit par une réticence des policiers à intervenir dans certaines situations de crainte d’être critiqués sur la place publique, mine le moral des troupes et rebute les aspirants policiers, dit-il. « Si les policiers décident de se désengager, tout ce qu’ils vont faire, c’est de répondre aux appels 911. Ils vont faire de moins en moins de prévention et de collecte de renseignements criminels », explique-t-il.

L’« acharnement » contre les policiers de Toronto a conduit à un désengagement policier et à une augmentation du nombre de fusillades dans la Ville Reine, prévient-il.

Le groupe croit aussi que Québec devrait maintenir les interceptions aléatoires sur les routes, car celles-ci peuvent être utiles pour combattre le crime. À l’occasion, ces interpellations peuvent même permettre de libérer des victimes de proxénétisme, dit Stéphane Wall. Certaines mesures pourraient cependant être mises en place pour éviter les interceptions répétées contre le même propriétaire de véhicule, ce qui pourrait être assimilé à du profilage racial, ajoute-t-il en suggérant l’inscription de remarques par les policiers dans les données du Centre de renseignements policiers du Québec (CRPQ) à la suite de l’interpellation d’un automobiliste.

De son côté, la Ville de Montréal devrait mettre en place une ligne téléphonique gérée par une équipe multidisciplinaire qui, à l’instar du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, pourrait venir en aide aux parents qui remarquent chez leur adolescent des changements de comportements et une tendance vers la violence. « Les jeunes qui sont devenus criminels, c’est dur de les ramener dans le droit chemin. Mais on est capable de changer ceux qui s’en viennent », fait valoir Anie Samson, qui fut responsable de la sécurité publique dans l’administration Coderre.

L’ancienne élue soutient que sa démarche au sein du groupe n’est pas politique, mais qu’elle est plutôt celle d’une « citoyenne préoccupée » par la montée de la violence armée à Montréal. « Quand j’étais mairesse, j’avais les outils et les moyens de faire avancer les choses. Je n’ai plus les mêmes outils, mais je me désole de voir ce qui se passe. »

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