5e nuit d'émeute à Fergusson, Missouri, suite à une bavure policière

Publié le 13 août 2014 à 23h48 | Mis à jour le 14 août 2014 à 10h44

Les tensions à Ferguson ravivent le spectre du racisme

Marc Antoine BAUDOUX
Associated Press
FERGUSON

La petite ville de Ferguson dans le Missouri (centre) a connu sa cinquième nuit de violences après qu'un policier blanc a abattu un jeune Noir qui n'était pas armé samedi dernier, ravivant le débat sensible du racisme aux États-Unis.

Selon les chaînes de télévision américaines, la police anti-émeutes est intervenue mercredi soir sur le site d'une station essence incendiée où les manifestants s'étaient rassemblés dans cette ville de la banlieue de Saint-Louis.

Les images montraient des tirs de grenades lacrymogènes et d'épais nuages de fumée à travers lesquels couraient les manifestants. Les forces de l'ordre ont également fait usage de grenades assourdissantes, selon le journal St. Louis Post-Dispatch.

«Nous ne sommes pas des chiens, pourquoi donc avez-vous ces bâtons ?», a lancé un manifestant aux policiers, selon le journal.

Les forces de l'ordre sont déployées en nombre et les policiers, visiblement très tendus, sont très lourdement équipés pour faire face à ces simples manifestations.

L'image d'un tireur d'élite en treillis militaire qui vise la foule avec son fusil à lunette, juché sur un véhicule blindé, fait le tour des réseaux sociaux - très mobilisés en faveur des manifestants - pour dénoncer cette démonstration de force.

De nombreux vétérans des guerres d'Irak et d'Afghanistan se déclarent aussi choqués de voir des policiers plus lourdement armés qu'ils ne l'étaient souvent dans leur zone de guerre.

Provoquant cette fois l'ire des médias, la police avait brièvement arrêté mercredi deux journalistes - dont un correspondant du Washington Post - qui ont ensuite été relâchés sans avoir été inculpés. Ils ont apparemment été arrêtés pour ne pas avoir quitté assez rapidement le restaurant McDonald's où ils se trouvaient après une injonction de la police aux abords d'une manifestation.

Toutes ces tensions sont apparues après la mort de Michael Brown, un jeune homme noir abattu par un policier dans des circonstances controversées samedi dernier.

Les récits sur les circonstances du décès diffèrent. Selon un témoin, Michael Brown, qui allait rendre visite à sa grand-mère et n'était pas armé, marchait dans la rue quand un agent de police s'en est pris à lui et l'a abattu alors qu'il avait les mains en l'air.

Selon la police, Michael Brown a été tué après avoir agressé un policier et tenté de lui dérober son arme.

Obama briefé sur la situation

Le chef de la police de la ville Tom Jackson a par ailleurs affirmé que le policier responsable des tirs avait été blessé au visage, sans plus de précisions.

Pour des raisons de sécurité, la police, qui a reçu des menaces, n'a pas voulu donner le nom du policier auteur des tirs. Selon les médias celui-ci fait partie des forces de l'ordre depuis six ans et n'avait pas posé de problèmes particuliers auparavant.

Depuis, la communauté noire s'est mobilisée et les manifestations se sont succédé dans cette ville où 14 000 des 20 000 habitants sont d'origine afro-américaine, mais où la force de police est très majoritairement blancs.

Le cri de ralliement des manifestants est «Don't Shoot» («Ne tirez pas»), en référence aux derniers mots qu'aurait prononcé Michael Brown avant de se faire abattre.

Le maire de la ville James Knowles a demandé mercredi que «tous les groupes qui veulent se rassembler pour prier ou protester le fassent seulement en journée, de manière organisée et respectueuse».

Dans la nuit de mardi à mercredi la police avait tiré sur un autre jeune homme qui avait pointé une arme vers les forces de l'ordre. Cet incident s'est produit à proximité des manifestations pour Michael Brown, mais il n'est pas établi que ces événements aient été en lien. Le jeune homme a été grièvement blessé.

Le président américain Barack Obama avait appelé mardi à l'apaisement et au dialogue, en rappelant que le FBI avait lancé une enquête fédérale en parallèle à celle menée par la police du comté.

Le président se tient au courant des derniers développements et a été briefé mercredi soir sur la situation à Ferguson, a également précisé un porte-parole de la Maison-Blanche sur Twitter.

L'avocat de la famille de Michael Brown, Benjamin Crump, est aussi le défenseur de la famille de Trayvon Martin, un jeune Noir abattu en 2012 par un vigile de quartier en Floride (sud-est), dont la mort avait relancé le débat aux États-Unis sur le racisme et les lois encadrant la légitime défense.

Le vigile, George Zimmerman, qui a reconnu avoir tué le jeune homme âgé de 17 ans, avait été acquitté après avoir plaidé la légitime défense.

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