Accusé d’agressions sexuelles, le chef de la police municipale de Cagnes plaide la "maladresse"

Philippe Defachelle, le chef de la police municipale cagnoise, comparaissait vendredi à Grasse pour des faits "d'agressions sexuelles et harcèlement sexuel" sur trois agents.

Des faits qui remontent à 2011, mais qui ont resurgi en février 2014, avec l'envoi d'une lettre anonyme au parquet de Grasse.

Le président du tribunal Marc Joando s'adresse au prévenu: "Il vous est reproché d'avoir commis ou tenté de commettre des atteintes sexuelles sur ces personnes. Une ASVP parle d'attouchements au niveau des bras et de la poitrine. Vous auriez aussi tenté de l'embrasser de force."

A la barre, Philippe Defachelle, chemise bleu pâle et costume sombre impeccable, est tendu. Il se défend: "Non, je ne l'ai jamais embrassée de force".

Le président Joando poursuit: "A une autre, vous auriez tenu des propos à connotation sexuelle et à caractère dégradant". Philippe Defachelle, dans un souffle: "Je respecte suffisamment les gens."

"Je suis tactile"

Le chef de la police municipale, adjoint au moment des faits, aurait "mis la main aux fesses de la troisième plaignante qui l'aurait alors giflé". Plutôt, "armé son bras pour le gifler", rectifie Philippe Defachelle qui dit avoir "trébuché dans l'escalier et s'être retenu".

« C'est étonnant cette explication», observe le président du tribunal. « Je lui ai dit " excusez-moi "» dit le prévenu.

"Je suis tactile", répète-t-il à plusieurs reprises quand le président revient sur les déclarations des plaignantes (1). Une seule était présente vendredi au tribunal.

Philippe Defachelle lui aurait fait "des avances répétées". Et il y a une histoire de "porte ouverte, alors qu'elle était en train de se changer". La jeune femme parle "d'attouchements. J'ai eu beau lui dire que je ne voulais pas, il continuait. Ça s'est passé en 2011 et tout s'est arrêté d'un coup."

"Il y a eu une réunion organisée à l'époque par le chef de la police municipale où on vous a demandé si vous vouliez déposer plainte. Vous ne l'avez pas fait. pourquoi maintenant?", demande Marc Joando.

"J'ai essayé d'être discrète pour que mon mari ne soit pas au courant. Mais c'est lui qui a décroché le téléphone quand il y a eu l'enquête. J'ai été obligée d'aller à la convocation". Philippe Defachelle nie "les attouchements" et "les baisers volés" à la plaignante. Parle de gestes "maladroits". Il promet : "Je vais veiller à ne plus être tactile".

Le représentant du ministère public requiert une peine de 8 à 10 mois avec sursis et un an de suspension de fonctions : "Le coup de l'escalier, il faut rester sérieux. Ce sont les explications d'un petit garçon. Et la théorie du complot est un classique dans ce genre d'affaire".

"Des faits prescrits"

Au terme d'une longue plaidoirie, Me Gérard Baudoux réclame la relaxe de son client, pour "des faits prescrits: il n'y a aucune certitude sur les dates".

L'avocat de la défense relève aussi "beaucoup d'imprécisions dans les déclarations des plaignantes. Les gestes sont décrits soit "ambigus", soit "maladroits". La maladresse n'est pas un délit." Et Me Baudouxs'étonne enfin "de l'absence de confrontation entre les plaignantes et le prévenu".

"Je reste sur mes positions, je m'en remets à la sagesse du tribunal", déclare Philippe Defachelle à la fin de l'audience.

Le jugement a été mis en délibéré 26 novembre.