Des interpellations à Hongkong après les heurts de vendredi

Au lendemain des violences, qui ont fait au moins douze blessés, selon les autorités, la police de Hongkong a procédé à 19 arrestations, samedi 4 octobre, alors que des altercations ont à nouveau eu lieu dans la matinée avec des habitants hostiles au mouvement.

Ces arrestations ont visé des individus soupçonnés d’avoir participé aux troubles qui ont conduit à l’attaque des campements des manifestants, installés en ville depuis une semaine pour protester contre une réforme jugée antidémocratique et demander la démission du chef de l’exécutif.

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Parmi les personnes interpellées figureraient au moins huit personnes suspectées d’avoir des liens avec les triades, la mafia chinoise. Vendredi, les contestataires avaient accusé la police d’avoir recruté parmi eux des hommes de main pour tenter de les déloger de leurs campements, ce que contestent les forces de l’ordre.

A Mong Kok, quartier commerçant et très densément peuplé de Kowloon, face à l’île de Hong Kong, les contre-manifestants avaient ainsi déferlé pour arracher tentes et barricades sans que les forces de police, dépassées, ne puissent intervenir, selon des témoins. « Rendez-nous Mong Kok ! Nous, les Hongkongais, on a besoin de manger », « rentrez chez vous », ont crié certains d’entre eux.

SUSPICIONS D’AGRESSIONS SEXUELLES

Pendant des heures, les deux camps ont échangé coups et insultes. Plusieurs personnes, le visage ensanglanté, ont été prises en charge par les secours.
A Mong Kok mais aussi à Causeway Bay, le quartier commerçant le plus cher du monde, des manifestants et des journalistes ont rapporté que des groupes de dix ou vingt jeunes hommes masqués avaient fait irruption pour détruire les campements des manifestants avant de disparaître.

Par ailleurs, des témoignages concordants ont fait état d’agressions sexuelles en plusieurs endroits de la ville, d’ordinaire considérée comme l’une des plus sûres du monde. Trois jeunes filles ont été évacuées par la police se disant victimes de viols. Des journalistes ont également rapporté avoir subi des attouchements dans la cohue.

RUPTURE DES NÉGOCIATIONS

Accusant le gouvernement et la police d’avoir « fermé les yeux (…) lorsque les triades ont violemment attaqué les manifestants pacifiques », la Fédération des étudiants, l’un des leaders du mouvement prodémocratie, a décidé de renoncer au dialogue avec l’exécutif. « Il n’y a pas d’autre option que d’annuler les pourparlers », a expliqué, vendredi soir, l’organisation, vingt-quatre heures après avoir accepté la main tendue par les autorités qui leur proposait de négocier.

Les manifestants refusaient par ailleurs toujours le dialogue direct avec le chef de l’exécutif local, Leung Chun-ying. Ce dernier a déploré une situation « proche de l’anarchie », vendredi. « En tant que société civilisée, nous ne pouvons plus permettre que de tels incidents se produisent », a-t-il dit.

PÉKIN SOUTIENT L’USAGE DES GAZ LACRYMOGÈNES

Jeudi, les protestataires avaient menacé de durcir le mouvement s’il ne quittait pas son poste, ce à quoi, soutenu par Pékin, il leur avait opposé une fin de non-recevoir.
Les autorités chinoises ont redit, samedi, son soutien à la police de Hongkong et à ses autorités, et notamment à l’usage de gaz lacrymogènes à l’encontre des manifestants. « Face à des manifestants qui ignorent les ordres de la police, qui se précipitent pour transgresser les cordons de sécurité, et qui vont jusqu'à frapper les policiers avec les manches de leurs parapluies (...) la police n'a aucune autre alternative que l'usage de gaz lacrymogène » écrit ainsi le quotidien du peule, organe du Parti communiste chinois.