Etudiants exécutés : le massacre de la honte

Que s'est-il passé à Iguala, dans l'Etat de Guerrero, dans le sud du Mexique, ce 27 septembre, après qu'une manifestation d'étudiants de l'école d'Ayotzinapa était violemment écrasée au cours d'une fusillade par les forces de police ? "Un chef de gang a ordonné l'exécution d'étudiants", titre laconiquement le quotidien Crónica de Hoy.

Le 5 octobre, deux suspects placés en détention après les faits ont avoué avoir tué 17 jeunes et brûlé leurs cadavres. Selon les déclarations recueillies par le journal auprès du procureur général Blanco Cabrera, "le chef de la Sécurité publique municipale [leur] a donné l'ordre de se rendre sur les lieux où se trouvaient les étudiants dans la nuit du 26 septembre. C'est un individu surnommé El Chucky, leader du gang Guerreros Unidos [Guerriers unis], qui a donné l'ordre d'emmener les étudiants et de les liquider." Le gang Guerreros Unidos est une émanation du cartel Beltrán Leyva, dont le chef a été arrêté le 1er octobre.

Le 4 octobre, six fosses communes contenant 28 corps semi-calcinés ont été mises au jour par la police dans les collines voisines de la ville. L'identification des corps est en cours, mais il ne fait guère de doute qu'il s'agit des cadavres des étudiants disparus (au total, ce sont 43 jeunes qui sont portés disparus depuis le 27 septembre).

Collusion avec les réseaux mafieux

Les confessions des deux suspects ont conduit à l'arrestation de quatre autres personnes, dont l'une au domicile du maire d'Iguala, José Luis Abarca, lequel demeure introuvable, tout comme son chef de la Sécurité, Francisco Salgado Valladares. Les déclarations des tueurs à gages donnent un coup de projecteur officiel sur l'infiltration de forces de police locales par les réseaux mafieux.

Les autorités judiciaires estiment qu'une trentaine de policiers municipaux sont soupçonnés d'appartenir au gang Guerreros Unidos et sont impliqués dans les violences contre les manifestants et l'enquête sur les corps retrouvés, résume le journal mexicain Excelsior.

Des écrivains mexicains ont fortement réagi au développement de l'affaire des étudiants disparus. Réunis dans un festival littéraire à Xalapa, dans l'Etat côtier de Veracruz, ils n'ont pas mâché leurs mots, rapporte le site SinEmbargo. "Le plus grotesque est qu'on ne connaîtra jamais l'épilogue de ces crimes, estime le philosophe Hugo Hiriart. Tout ça parce que dans ce pays rien ne prête à conséquence. Le Mexique est une momie maquillée qui s'esclaffe."

Catégories

Type de document: