Grave dérape démocratique : l’Espagne interdit les manifestations non autorisées

L’Espagne vient de tourner une nouvelle page sombre de son histoire en adoptant une nouvelle loi, qui encadre le droit de manifester, Elle prévoit notamment des amendes allant jusqu’à 600.000 euros pour certaines manifestations non autorisées. Ses détracteurs y voient une atteinte aux libertés les plus fondamentales puisque les manifestations devant le parlement et autres bâtiments officiels sont désormais classées parmi les infractions les plus graves. Selon cette nouvelle loi, les manifestations qui se tiendront face au Sénat, devant la Chambre nationale des députés ou devant le parlement régional pourront être puni de 30 000 euros d’amende.
Podemos

Manifestations des Indignés du mouvement Podemos contre la nouvelle loi. Photo Juan Medina © Reuters

Des amendes salées

La nouvelle loi prévoit des amendes salées pour toute personne qui refuserait de décliner son identité à un agent des forces de l’ordre. Désormais, il en coûtera jusqu’à 600 euros pour avoir photographié un policier en service durant une manifestation. Une personne qui sera soupçonnée d’être à l’origine de l’organisation d’une activité festive, dans un endroit proscrit par les autorités (par exemple les réseaux de transport), pourra recevoir une contravention allant jusqu’à 600 000 euros. Le mouvement Podemos qui rassemble nombre d’indignés espagnols est particulièrement visé et cette loi. Le gouvernement tente ainsi d’écraser la contestation et empêcher que d’autres forces politiques d’émerger.

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Selon le quotidien El Mundo il est indispensable pour le gouvernement de limiter le droit de manifester, mais aussi le droit de relayer les informations concernant l’action citoyenne. Les témoins de brutalité policière, par exemple, ne pourront plus en rendre compte. Et pourtant, rappelle le quotidien, « nous avons tous en tête les images enregistrées par des citoyens pendant des rassemblements, qui mettaient en lumière les agissements de la police. Or avec cette nouvelle loi ce ne sera plus possible. En clair, pour les détracteurs de la loi, nous ne pourrons plus être nous-mêmes et nous ne pourrons plus désormais penser librement. Car la pensée libre est liée à la possibilité de se réunir pour parler, s’exprimer dans les places, dans les marchés, dans les rues. »