Justice pour Frédérick Guay, tué par la police le 6 mai 2012 à St-Félicien

« Ils ont tué mon fils comme un lapin »

Par Jean Tremblay

Mardi 10 septembre 2013 03:29:17 HAE

SAINT-FÉLICIEN - Bertrand Guay de Saint-Félicien le père de Frédérick Guay abattu par un policier le 6 mai 2012 à 6h30 reste convaincu qu’il n’y avait aucune raison valable pour qu’un policier, après l’avoir tenu en respect pendant plus de quatre heures tire une balle en plein cœur de son fils au lieu de tenter de le blesser.

Ce père de famille qu’a rencontré Le Point du Lac Saint-Jean souffre chaque jour de la disparition de son fils. Il a conservé la chambre de Frédérick intact comme s’il y vivait encore.

Le drame qu’a vécu Bertrand Guay lors de la disparition prématurée de Frédérick alors âgé de 35 ans a été amplifié par le décès, cinq mois plus tard, de son épouse et mère de Frédérick Juliette Hébert victime d’un cancer.

Il a attendu le rapport des policiers rendu public à la fin d’août avant d’accepter de commenter pour une première fois le décès de Frédérick. Il aimerait consulter ce rapport, mais il n’y a pas droit.

Le Point du Lac Saint-Jean l’a rencontré chez lui. Une entrevue très émotive avec un père qui considère comme une erreur policière la mort de son fils. Une seule balle a été tirée par un policier masculin qu’on ne peut identifier, à environ 25 mètres de la victime, mais elle fut fatale.

Brutalité policière

À part un séjour en prison pour avoir omis de payer ses contraventions, celui qui était âgé de 35 ans lors du drame n’avait commis aucun acte criminel dans le passé.

«Il avait déjà eu des problèmes de consommation et il a été arrêté par les policiers plusieurs fois pour cette raison, pas plus», raconte Bertrand Guay qui explique que la force et la brutalité policière dont aurait été victime Frédérick à quelques occasions ont développé chez son fils un sentiment de haine envers les policiers.

«À Québec lorsqu’il travaillait pour Maxi-Tour, un des policiers qui l’avait arrêté près d’un quai parce qu’il avait trop consommé lui aurait dit: «Je me retiens… j’aurais envie de te fesser avec une garcette et te jeter dans le fleuve. Lors d’une intervention similaire en dessous d’un viaduc à Montréal on lui a placé un bottin téléphonique sur le visage et les policiers l’ont frappé à coups de garcette».

«En plus, il se sentait coupable de la maladie de sa mère et il en souffrait beaucoup. Il croyait qu’il avait rendu sa mère malade par ses comportements. Ils ont tué mon fils comme un lapin».

Il a parlé à son fils dix minutes avant d’être abattu

Par Jean Tremblay

Publié le: Mardi 10 septembre 2013 03:33:58 HAE
Mise à jour: Mardi 10 septembre 2013 14:22:19 HAE

SAINT-FÉLICIEN - Dans la nuit du drame les policiers ont reçu un appel sur le 911 pour se rendre sur le Chemin de la Pointe à Saint-Félicien. Un individu se promenait en quatre roues avec une arme.

Avant le coup de feu mortel du policier, Bertrand Guay s’était entretenu avec son fils par cellulaire.

«J’étais à l’hôpital au chevet de ma conjointe. Un policier m’a téléphoné vers 5h30 pour me demander: «Si ton fils a une arme, est-ce qu’il pourrait être dangereux». Je lui ai dit: «Non, soyez sans crainte»».

«Plus tard, un peu avant 6h mon fils m’a téléphoné. Je lui ai conseillé de jeter son arme en lui disant que les policiers allaient l’abattre s’il ne le faisait pas. Dix minutes plus tard, il était mort».

Une voisine près de l’endroit où se tenait Frédérick près de son VTT a tout vu:

«Elle m’a confié avoir vu tomber mon fils après avoir entendu un coup de fusil.»

Il avait cessé de boire

Avant l’événement malheureux Frédérick n’avait rien consommé depuis plusieurs mois.

«Depuis trois ans, il était revenu vivre à la maison. Il ne buvait plus et avait cessé de consommer de la drogue. Par contre au moment de l’événement il avait consommé de l’alcool et tenait une carabine 410 tronçonnée. Il n’a tiré aucun coup contre les policiers».

Son épouse a rejoint son fils

Bertrand Guay explique que sa voisine a communiqué, à trois reprises, durant la nuit avec le 911 pour demander d’envoyer un policier spécialisé pour ce genre de situation.

«Chaque fois, elle leur a dit qu’ils n’obtiendraient rien de Frédérick de cette façon».

Bertrand Guay pense que le policier aurait dû attendre l’arrivée d’un négociateur avant de tirer.

«Je souffre tous les jours et j’espère que le policier qui a commis ce geste souffre également comme moi et qu’il s’en rappellera toute sa vie».

«Je voulais partager tout ce que je viens de dire pour la mémoire de Frédérick. Les dernières paroles que j’ai dites à mon épouse avant qu’elle nous quitte ont été: «C’est le temps de partir. Va rejoindre Frédérick, il t’attend. Juliette m’a écouté», explique, la larme à l’œil, Bertrand Guay.

Dîplomé de l’UQAM

Frédérick Guay affichait une affection particulière pour venir en aide à ceux qui, comme lui, éprouvaient des problèmes de consommation.

Il détenait, entre autres, une mineure en sociologie délivrée par l’UQAM, un certificat en gérontologie sociale et un certificat en intervention psychosociale.

«Après ses études, il a travaillé comme éducateur suppléant à l’école secondaire Kassimu Mamu à Mashteuiatsh. Il a déjà été travailleur de rue dans le secteur Domaine-du-Roy, animateur social à Montréal et consultant psychosocial à la Maison du Pharillon à Montréal».

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