La police de Châteauguay enquête sur l'utilisation de gaz poivre contre un citoyen

La police de Châteauguay a ouvert une enquête sur un incident durant lequel un de ses agents a fait usage de gaz poivre à l'endroit d'un citoyen qui estime, lui, avoir été victime de profilage racial.

L'incident, survenu le 14 décembre dernier, a laissé une forte impression sur l'homme en question, John Chilcott, et sur sa famille, qui était présente lors de l'intervention policière.

John Chilcott, 43 ans, venait de faire monter ses deux filles de 7 et 10 ans dans la voiture familiale pour les emmener à l'école lorsque les policiers l'ont intercepté. Sa femme, Rosemarie Edwards, a assisté de la fenêtre de leur appartement aux événements qui ont suivi.

La situation a rapidement dégénéré. De l'opinion des policiers, M. Chilcott avait commis une série d'infractions, notamment d'avoir utilisé ses feux de détresse sans motif valable. Il a aussi parcouru près de 800 mètres avant de s'arrêter et il a refusé à deux reprises de s'identifier et de sortir de son véhicule.

Mais de l'avis de M. Chilcott, qui n'a pas d'antécédents judiciaires, les policiers auraient dû d'abord expliquer pourquoi ils l'arrêtaient ainsi. M. Chilcott a été aspergé de poivre de Cayenne en plein visage. Il a ensuite été emmené au poste de police où on l'a aidé à se rincer les yeux, sans toutefois lui expliquer pourquoi on l'avait intercepté, selon ses dires.

Dans un communiqué publié mardi, la police de Châteauguay justifie son geste comme suit : « Devant la résistance de l'individu et son refus à collaborer, le policier a dû recourir au poivre de Cayenne. Une aide médicale a ensuite été offerte aux personnes présentes sur les lieux, mais a été refusée. » [...]

La femme de M. Chilcott a filmé l'intervention policière à l'aide de son téléphone portable. On y entend cette dernière demander avec vigueur et émotion aux policiers pourquoi ils arrêtent son mari, devant les enfants de surcroît.
« J'ai demandé [au policier] : "Quel est le problème? Comme vous pouvez le voir, j'emmène mes enfants à l'école. Elles sont en retard. Je n'ai enfreint aucune loi." »

L'utilisation de gaz poivre a incommodé les enfants, soutient maintenant Mme Edwards, qui en a contre le fait que cette manœuvre a été perpétrée par le policier sans que ce dernier demande d'abord aux enfants de sortir de la voiture. Sur la vidéo, les enfants se plaignent d'avoir mal à la gorge. « Vous avez aspergé mes enfants de gaz poivre », entend-on la mère dire au policier.

Quant à M. Chilcott, il se demande encore pour quelles raisons l'incident a tourné si rapidement au vinaigre. « Pourquoi ai-je été traité de la sorte, demande-t-il, et devant mes enfants? »

Quatre jours après l'incident, le couple a reçu trois contravention par la poste pour « entrave au travail des policiers », « pour avoir refusé d'arrêter son véhicule lorsqu'il a été interpellé » et « pour avoir utilisé ses feux de détresse sans raison ». M. Chilcott va contester ces amendes qui totalisent 1068 $.