Les caméras corporelles sur les policiers seront bientôt testées

Le projet de doter les policiers montréalais de caméras corporelles s'apprête à franchir une nouvelle étape alors que la Ville de Montréal compte mener sous peu des tests en laboratoire pour évaluer cette nouvelle technologie. Ces évaluations surviennent alors qu'un nouveau sondage mené aux États-Unis indique que la quasi-totalité des corps policiers des plus grandes villes a décidé de doter leurs agents de ces appareils pour enregistrer leurs interventions.

La Ville de Montréal mène actuellement un «appel d'information» auprès des fournisseurs de caméras corporelles. Les entreprises avaient jusqu'à la semaine dernière pour répondre à une soixantaine de questions que la métropole se pose au sujet de cette nouvelle technologie, notamment quant au coût. Certaines entreprises voulant vendre leurs appareils au Service de police de Montréal (SPVM) seront invitées à faire une démonstration. La métropole veut également faire l'essai des appareils pour les tester pendant un mois en laboratoire.

De 50 à 3000 caméras

À la suite de ces tests, Montréal compte mener un projet-pilote sur le terrain en équipant jusqu'à 50 agents de caméras corporelles. Une consultation publique doit avoir lieu à la fin de cette période d'essai, soit à l'automne 2016. Signe que la métropole songe déjà à l'après-projet-pilote, la Ville veut évaluer l'achat de 3000 caméras corporelles. À noter, le SPVM veut connaître la facture pas seulement pour acheter les appareils, mais aussi pour les logiciels ainsi que les équipements qui emmagasinent les tonnes de données que ces enregistrements généreront.

Implantation avancée aux États-Unis

Alors que Montréal sera la première ville québécoise à expérimenter les caméras corporelles, leur implantation est déjà avancée aux États-Unis. L'Association des chefs de police des grandes villes américaines a récemment mené un sondage auprès de 70 des plus grands corps policiers du pays, et celui-ci indique que 95% d'entre eux ont décidé de doter leurs agents de caméras corporelles. Près d'un service sur cinq a même déjà terminé l'implantation de cette nouvelle technologie. À noter, un seul corps policier américain y a renoncé au terme du projet-pilote.

Problème technologique

L'arrivée des caméras corporelles pose un important défi technologique, révèle le sondage de l'Association des chefs de police des grandes villes des États-Unis. Pas moins de 70% des corps policiers sondés ont indiqué qu'ils doivent améliorer leur infrastructure technologique pour gérer l'imposante quantité de données générées par leur système, qui peuvent se calculer en pétaoctets (soit 1000 téraoctets ou un million de gigaoctets). La moitié des services de police a indiqué que chaque agent enregistrait en moyenne trois heures par jour, mais certains rapportent que leur moyenne est supérieure à sept heures.

Encore beaucoup d'inconnues

Même si l'implantation des caméras corporelles est avancée aux États-Unis, le sondage mené auprès des principaux corps policiers permet de constater que beaucoup d'inconnues persistent. Ainsi, près de la moitié des corps policiers ont dit ignorer la quantité de données qui doivent être conservées. Pas moins de 40% des services de police ignoraient même combien de temps leurs policiers devaient consacrer chaque jour au téléchargement des données de leur caméra corporelle sur leur ordinateur, une opération qui peut prendre plusieurs heures, selon le système utilisé.

Les policiers québécois en faveur des caméras

La Fédération des policiers municipaux du Québec voit d'un bon oeil l'arrivée des caméras corporelles. «On est convaincu que ça peut réduire l'utilisation de la force, éliminer les plaintes frivoles, calmer certains individus auprès de qui on intervient. Ça devient un outil technologique indispensable aujourd'hui», dit le président, Denis Côté. Celui-ci souligne que les témoins d'interventions sortent souvent un appareil pour filmer, mais que les caméras corporelles permettront de mieux comprendre le contexte. La Fraternité des policiers de Montréal aussi se dit en faveur des caméras, «mais il faut bien en analyser les retombées et les paramètres d'application dans l'environnement juridique du Québec», dit Yves Francoeur. Le ministère de la Sécurité publique du Québec a mandaté un comité pour étudier la question, mais son rapport déposé en octobre n'a toujours pas été rendu public.

Edmonton y renonce

Au Canada, la Ville de Calgary a été la première à terminer son projet-pilote avec les caméras corporelles et à annoncer en novembre qu'elle comptait doter chacun de ses agents de l'un de ces appareils. À l'opposé, Edmonton vient d'annoncer pour sa part qu'elle met en veilleuse son projet-pilote d'acheter 60 caméras corporelles. Raison invoquée: la facture élevée. L'achat des appareils et des logiciels s'élèverait à 412 000 $. À cette somme, il faudrait ajouter 425 000 $ de frais de fonctionnement. La capitale albertaine a jugé cette dépense trop importante pour le moment.

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Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

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