Manifestants et policiers s'affrontent près de l'aéroport de Mexico

Des affrontements entre manifestants et policiers ont marqué jeudi le début d'une nouvelle journée de protestation contre la disparition fin septembre et le probable massacre de 43 étudiants, affaire qui a provoqué une grave crise de confiance envers le gouvernement.

Un groupe de manifestants masqués a affronté pendant une demi-heure à coups de cocktails Molotov la police anti-émeute qui tentait de débloquer les accès de l'aéroport de Mexico, à l'est de la capitale, en utilisant des gaz lacrymogènes, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Les manifestants, armés de barres de fer et de bâtons, ont également projeté vers la police des fusées de feux d'artifice en tirs tendus, à l'aide de tubes de métal, et leur ont jeté des pierres, selon des images de la télévision. On ignorait dans l'immédiat s'il y a eu des blessés.

Des passagers ont dû se rendre à pied jusqu'à leur terminal, valise à la main, tandis que d'autres y étaient transportés dans des voitures de police.

En prévision de ces manifestations, d'importants contingents des forces de sécurité ont également été déployés au centre de la capitale, où devait se dérouler dans l'après-midi une grande manifestation.

Trois rassemblements étaient organisés dans le centre-ville pour accueillir des caravanes de parents des disparus qui ont parcouru le Mexique pour réclamer qu'on leur rende leurs enfants vivants. Ces trois manifestations devaient ensuite converger vers la grande place centrale de la ville, le «Zocalo».

«Pendant cette journée, nous allons demander du soutien et faire pression pour qu'on nous rende nos enfants vivants», a dit à l'AFP par téléphone Epifanio Alvarez, père d'un des jeunes disparus, dans une des caravanes se dirigeant vers la capitale. «Nous allons continuer jusqu'à la fin, jusqu'à ce qu'ils réapparaissent», a-t-il ajouté.

«Partie émergée de l'iceberg»

Les manifestations se succèdent au Mexique depuis la disparition de ces 43 étudiants de l'école normale rurale d'Ayotzinapa, dans le sud du Mexique, qui se seraient retrouvés aux mains de policiers corrompus et de tueurs du cartel de narcotrafiquants des Guerreros Unidos.

Selon les aveux de trois criminels présumés, les étudiants auraient été tués, leurs cadavres brûlés, et leurs restes jetés dans une rivière. Mais on n'a pour l'instant retrouvé aucune trace identifiable.

«Avec Ayotzinapa nous nous sommes rendu compte que nous pouvons tous disparaître et avant que cela arrive, nous voulons montrer à quel point nous sommes unis», a dit à l'AFP un jeune de 25 ans au visage masqué manifestant près de l'aéroport.

Cette nouvelle journée de protestation a amené le gouvernement à annuler à Mexico et dans plusieurs autres villes les défilés militaires et civils prévus chaque année à cette date pour l'anniversaire du déclenchement de la Révolution mexicaine en 1910.

Des manifestations de protestation devaient se dérouler dans une vingtaine d'autres villes mexicaines. Des rassemblements sont aussi prévus aux États-Unis, en Europe, en Amérique centrale et du Sud.

Cette affaire a déclenché la plus grave crise depuis des décennies au Mexique, selon des spécialistes. Elle a mis une lumière crue sur un cas de collusion ouverte entre une autorité municipale, sa police et un groupe criminel.

«Il y a beaucoup d'indignation. Ce que nous vivons ce n'est que la partie émergée de l'iceberg, qui nous démontre qu'en-dessous les choses sont pourries», estime l'analyste Erubiel Tirado, de l'Université ibéroaméricaine de Mexico.

Le président mexicain Enrique Peña Nieto se trouve au centre d'une tourmente politique, le gouvernement fédéral étant accusé d'avoir pris en main tardivement l'enquête et de n'avoir toujours pas trouvé trace des disparus.

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