Pendant ce temps-là, en Bosnie aussi la révolte gronde...

On en a très peu entendu parler dans les médias d'ici, mais en Bosnie aussi la révolte populaire a éclaté face aux conditions de vie et au pouvoir en place. Voici quelques articles en lien avec ces événements, avec un peu de retard...

Publié le 07 février 2014 à 13h21 | Mis à jour le 07 février 2014 à 13h21

Bosnie: des protestataires incendient le siège de la présidence

Agence France-Presse
Sarajevo

Des manifestants en colère contre la situation économique en Bosnie ont mis le feu au siège de la présidence à Sarajevo de la présidence de cette ex-république yougoslave, a rapporté l'agence officielle Fena.

Les flammes s'étendaient jusqu'au deuxième étage de cet immeuble qui jouxte celui du gouvernement régional, incendié peu auparavant par les protestataires. Dans la journée, des manifestants ont également saccagé et incendié l'immeuble abritant l'administration régionale à Tuzla, dans le nord-est du pays.

Les échauffourées avec la police ont fait près de 150 blessés, dont 80 à Sarajevo et 50 à Zenica, pour la plupart soignés pour des contusions. Il y a eu plus d'une dizaine de blessés à Tuzla, dont deux, un manifestant et un policier sérieusement atteints, ont été hospitalisés.

Ces manifestations, qui avaient lieu pour la troisième journée d'affilée, sont d'une ampleur sans précédent dans cette ex-république yougoslave qui, il y a trente ans jour pour jour, accueillait les Jeux olympiques d'hiver.

Elles illustrent l'exaspération de la population face à une classe politique engluée dans des querelles politiciennes et incapable de redresser une économie sinistrée depuis la fin de la guerre inter-communautaire de 1992-1995.

À Tuzla, une centaine de jeunes encagoulés portant des insignes de l'équipe locale de football ont pénétré dans l'immeuble du gouvernement local, où ils ont saccagé le mobilier et jeté des téléviseurs par les fenêtres.

Ces scènes se sont déroulées sous les yeux de plus de 5000 manifestants qui applaudissaient. Des flammes et une épaisse fumée noirâtre s'échappaient du premier étage de cette tour de dix étages.

Les policiers, au nombre de plusieurs centaines, ne sont pas intervenus et se sont repliés à une centaine de mètres pour protéger un immeuble abritant les services d'urgences de la ville.

Dans la soirée, à Tuzla, les pompiers tentaient d'éteindre des incendies déclenchés par les manifestants dans deux immeubles dépendant de la municipalité de la ville.

«Le printemps bosnien»

Un des leaders des manifestants, Aldin Siranovic, a déclaré que la foule réclamait la démission du gouvernement. «Ils nous volent depuis 25 ans et ruinent notre avenir. Nous voulons qu'ils s'en aillent», a-t-il lancé.

À Sarajevo, un millier de protestataires «ont cassé les fenêtres et ont mis le feu aux guérites des gardiens et aux locaux» de l'immeuble abritant l'administration régionale, a rapporté la télévision officielle locale.

La façade du siège voisin de la présidence de Bosnie-Herzégovine a été aussi endommagée par des jets de pierre, mais le bâtiment n'a pas été incendiée, a assuré la police.

À Zenica (centre), des échauffourées entre environ 3000 manifestants et forces de l'ordre ont fait cinq blessés parmi les policiers.

Comme les jours précédents, des manifestations devaient avoir lieu dans une vingtaine de villes, dont Prijedor (nord), Mostar (sud), Banja Luka (nord) et Bihac (nord-ouest).

«La révolte des citoyens!» a titré en une Dnevni Avaz, le principal quotidien local. «Le printemps bosnien!» affirmait pour sa part le quotidien Oslobodjenje.

Rongé par une corruption endémique, ce petit pays balkanique de 3,8 millions d'habitants est l'un des plus pauvres d'Europe. Le chômage frappe 44 % de la population active, mais la Banque centrale estime toutefois le nombre de personnes sans emploi à 27,5 %, car beaucoup de gens sont employés au noir.

Le salaire mensuel moyen est de 420 euros (environ 630 $), et près d'un habitant sur cinq vit dans la pauvreté, selon des statistiques officielles.

«De plus en plus de gens vivent dans la misère et dans la pauvreté, ils ont faim. Le peuple a perdu l'espoir et ne croit plus à une amélioration de la situation. Manifester est leur seul moyen» d'être entendu, a commenté un analyste local, Vehid Sehic.

«Policiers! Vous êtes nos frères, nos camarades, nos voisins! Vous devez nous rejoindre», a lancé à l'adresse des forces de l'ordre à Tuzla, Nihad Karac, un manifestant.

«Je suis à la rue depuis deux ans. Les autorités sont sourdes à nos appels et elles méritent ce qui leur arrive», s'est exclamé son camarade Mithad Kukuruzovic.

La veille, dans cette même ville, des heurts violents entre des milliers de manifestants et les forces de l'ordre avaient fait 130 blessés, en majorité des policiers. Huit protestataires avaient été interpellés.

Des scènes de pillages ont été rapportées par la presse locale en marge de la manifestation.

Quelque 7000 personnes selon les médias locaux, 2000 selon la police, avaient protesté dans cette ville, jadis la plus importante ville industrielle de cette ex-république yougoslave. La manifestation avait rassemblé des salariés de plusieurs anciennes entreprises publiques en faillite qui n'ont plus reçu de salaire depuis plusieurs mois.

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