Pluie de critiques envers le Bureau des enquêtes indépendantes

La septième vigile annuelle de la coalition Justice pour les victimes de bavures policières a eu lieu samedi devant les bureaux de la Fraternité des policiers et policières, dans le Plateau Mont-Royal.

L’événement, qui commémore la mémoire des personnes décédées lors d’interventions policières, a été l’occasion pour plusieurs militants de dénoncer les lacunes du nouveau Bureau des enquêtes indépendantes (BEI).

En activité depuis le 27 juin dernier, le BEI a pour mandat d’enquêter sur le travail des policiers impliqués dans des événements où des citoyens sont tués ou blessés.

Or, l’organisme est loin d’être un modèle d’indépendance selon Alexandre Popovic, porte-parole de la coalition contre la répression et les abus policiers.

« C’est un organisme qui porte très mal son nom. L’importante présence d’anciens policiers dans les rangs des enquêteurs du BEI porte atteinte à son impartialité. » -Alexandre Popovic

De la vingtaine d’enquêteurs employés par le BEI, la moitié a déjà appartenu à des corps policiers. Les autres sont issus du monde civil.

« Lorsqu’on est policier aussi longtemps, on est naturellement imprégné de la sous-culture policière, affirme M. Popovic. On ne change pas de mentalité parce qu’on change de job. Je suis convaincu que, dans une enquête, ils vont avoir le réflexe de se mettre davantage dans les bottes des policiers plutôt que dans celle de la victime. »

Ressources limitées

Le manque de moyens du BEI mine également la crédibilité de l’organisme, ajoute M. Popovic, qui agit également comme représentant de la famille de Fredy Villanueva, mort lors d’une intervention policière en 2008, à Montréal-Nord.

Au début du mois d’octobre, le déclenchement simultané de trois enquêtes dans la province a forcé le BEI à demander du renfort au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), selon ce qu’a rapporté Le Devoir. Cette pratique est prévue dans les règlements de l’organisme, tout comme le recours à l’expertise d’autres corps policiers en cas de besoins spécifiques.

Sur son site web, le BEI indique qu’il a «recours à ces différents services policiers notamment parce qu’ils possèdent l’expertise technique de pointe pour soutenir les enquêteurs du BEI dans leur travail, que l’on pense entre autres aux spécialistes en identité judiciaire, aux spécialistes de la reconstitution des collisions, etc.»

«Encore là, il s’agit d’un manque d’indépendance flagrant. Le BEI est dépendant des grands corps policiers lors de ses enquêtes», croit M. Popovic.

Selon lui, le Bureau aurait tout intérêt à s’inspirer de son pendant ontarien, l’Unité des enquêtes spéciales, qui dispose de ses propres laboratoires et de ses propres experts médicolégaux.

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