Policier suspendu pour abus d'autorité sur un itinérant

Le policier qui avait menacé un mendiant de l’attacher à un poteau par un froid sibérien de -37°C alors qu’il n’était vêtu que d’un bermuda et d’un t-shirt écope d’une suspension sans salaire de quatre jours.
Son coéquipier écope d'une journée de suspension pour être resté dans l'autopatrouille à rire, plutôt que d'intervenir.
L’événement pour lequel l’agent Pierre-Luc Gauthier a été sanctionné remonte au 2 janvier 2014. Il était intervenu après que plusieurs appels eurent été faits au 911 par des usagers de la station de métro Jean-Talon, se plaignant du comportement de l’itinérant. Ce dernier «quêtait agressivement» sur le quai. Le policier Gauthier et son partenaire l’agent Vincent Marcotte avaient offert des vêtements chauds au sans-abri, qu’on ne peut identifier en vertu d’une ordonnance de non-publication, ce qu’il avait refusé.

Cette intervention policière avait été filmée par un passant, puis largement médiatisée après la diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux.

Une fois à l’extérieur de la station de métro, l’itinérant refusait également de s’installer au chaud dans l’autopatrouille. C’est à ce moment de l’agent Gauthier aurait lancé les propos qui lui valent aujourd’hui une suspension. «Si j’ai un autre appel pour toi, je t’attache une heure après le poteau, et je te le jure, regarde-moi dans les yeux [...]».
Cette intervention policière avait été filmée par un passant, puis largement médiatisée après la diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux.

Le Comité de déontologie policière l’a blâmé en juillet dernier, sur deux chefs, soit pour manque de respect en ne se comportant pas de manière à préserver la confiance et la considération que requièrent ses fonctions et d’abus de son autorité. Il a écopé de deux jours de suspension sans solde pour chacun des chefs, à purger de façon concurrente.
«La teneur des propos de l’agent Gauthier, un policier de neuf ans d’expérience, est inadmissible, déplacée, inacceptable et de nature à jeter un sérieux discrédit sur la fonction de policier», a conclut le Comité, ajoutant que la preuve ne démontre malgré tout pas que l’agent était animé par la malice au moment de l’intervention.
Quant au chef d’abus d’autorité, le Comité est d’avis que les propos du policier étaient «nettement excessifs et inappropriés».
«Les propos visaient à inspirer de la crainte et de la peur chez [l’itinérant] pour qu’il arrête de quêter dans le métro», peut-on lire dans la décision.
Son collègue l’agent Marcotte a également écopé d’une suspension d’une journée sans solde pour ne pas être intervenu. «L’omission de l’agent Marcotte [...] dénote une absence de conscience professionnelle impardonnable», a indiqué le Comité.
Si le Comité convient que la scène s’est déroulée assez vite, il juge que le policier aurait pu modérer, «même après coup, l’impétuosité de l’agent Gauthier». «Il a même plutôt ri au moment où l’agent Gauthier a tenu ces propos», a noté le Comité, en ordonnant la sanction.
Dans la décision, on insiste sur le fait que les policiers se doivent de protéger les «éléments les plus faibles» de notre société. Ainsi, l’attitude des agents à l’endroit de l’homme en situation d’itinérance au moment des événements constitue «un facteur aggravant».

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