Protégez-nous de la police!

Cette semaine, un constable du SPVM était pris en flagrant délit de conduite très inappropriée. Avec une jeune femme dont on ne sait toujours pas si elle était en état d’ébriété, ni majeure, assise (sic) sur lui dans son char de police, à la sortie des bars pendant son quart de travail. Les ébats du premier tata ont été filmés par une citoyenne qui cherchait à comprendre l’étrange situation… Son collègue aurait était installé sur le siège arrière avec une autre fille. Il sera rencontré et peut-être sanctionné disent les autorités ?!?! Cela me fait penser à l’histoire du voleur et de celui qui tient le sac lors d’un méfait. Le second étant aussi coupable que le premier. Mais cela ne s’applique pas à la police semble-t-il !

Suis-je la seule à avoir été révulsée et par le geste qui en dit long sur le sérieux, le jugement, la mentalité et le sens du devoir du flic en question? L’imaginer en situation de crise le revolver à la main n’est guère rassurant. De même que sur la légèreté de la possible sanction qui pourrait lui être imposée ? Plusieurs journées de suspension sans salaire a dit l’ineffable Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM et spécialiste de la langue de plywood. Le congédiement sans aucune autre forme de procès, voilà ce qui serait apparu raisonnable dans les circonstances. Mais corporatisme éhonté oblige, ils règlent ça entre eux autres, ces affaires-là. Le SPVM se dit incapable de faire progresser son enquête pour cause de non coopération de la témoin qui refuse de leur parler. Pourquoi donc ? Ben, si j’étais elle, j’aurais peur des représailles…de la police. Comme beaucoup de citoyens ordinaires, n’ayant absolument rien à se reprocher, j’en suis venue à craindre la police et à éviter toute interaction avec eux-elles. Je n’apprécie ni leur ton cavalier pour s’adresser aux civils comme ils nous appellent, ni leurs manières rudes et suspicieuses. Il suffit de les avoir vus foncer à trois voitures et deux vélos pour arrêter sans ménagement un pauvre type en état d’ébriété en plein jour sur une rue passante de Westmount pour comprendre qu’ils prennent très au sérieux le pouvoir que leur statut leur confère. Plus ils sont jeunes, pire c’est. Mais qui donc va mettre le holà à cette culture de répression arrogante sauf dans des états policiers justement?

Pour revenir à l’affaire, d’ex-policiers devenus commentateurs-spécialistes média et by the way, souvent propagandistes ne se sont pas tant scandalisés du geste que du fait que ce serait toute la sainte police qui serait éclaboussée. On voit où logent leurs priorités. Protéger à tout prix l’image de la police plutôt que le bien commun. Remarquez, il en a grand besoin d’un revamping d’image le SPVM. Je reviendrai sur les exactions de la matricule 728, celles du policier Benoît Roberge, dont on ne saura pas grand chose puisqu’il a plaidé coupable sans procès protégeant sans doute ainsi tout un système, sur les meurtres d’itinérants, sur les violences lors de diverses manifestations et sur la répression automatique de tout mouvement dénonçant justement la violence policière. Pourtant, les abus policiers ont été dénoncés par de nombreuses organisations dont la Ligue des droits et libertés qui a demandé que le Bureau des enquêtes indépendantes mis en place au printemps 2013 ne soit pas constitué d’anciens policiers et qu’il relève du ministre de la Justice plutôt que de celui de la Sécurité publique. De même que par le Barreau du Québec et l’Association des juristes progressistes, Projet Montréal et Québec solidaire qui ont exprimé des préoccupations à l’égard du fameux règlement P6, interdisant les manifestations et donnant tout loisir aux policiers d’abuser de leur pouvoir. Jusqu’à présent, ces revendications sont tombées dans le vide.

Ce qui me frappe toujours, c’est l’indifférence d’une majorité de citoyens qui ne semble pas concernée par l’injustice criante de la situation et qui tolère l’impunité policière avec une désespérante docilité. À part dans les républiques de bananes, s’il est une organisation qui a l’exigence de se placer au-dessus de tout soupçon, c’est bien la police. Ça va comme c’est mené dit-on souvent. Le silence complice de la quasi-totalité de la classe politique municipale et provinciale y est pour quelque chose. Pour toutes sortes de raisons qu’on ne peut imaginer qu’obscures, la volonté politique d’encadrer sérieusement la marge de manœuvre des corps policiers n’est jamais là. Qui prendra la responsabilité d’imposer avec la force nécessaire un grand ménage de la culture et des comportements au sein du SPVM et des autres corps policiers ? Je douterais que ce soit la ministre Lise Thériault qui a rejeté avec un mépris grossier et un manque de respect ahurissant les conclusions du rapport Ménard sur le travail policier lors du printemps 2011. En attendant, on va suivre cette affaire de «horny cop» en espérant qu’elle ne retombe pas rapidement à la rubrique des faits divers sans conséquences.

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Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

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