Répression policière et carrés rouges: «pierre noire» pour Québec

La poursuite de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse contre le service de police de Québec pour avoir arrêté des manifestants portant le carré rouge en 2012 nuira à l'image de la ville de Québec, selon une porte-parole des personnes qui ont porté plainte.

«Cette décision est et demeurera une pierre noire dans l'histoire de la ville de Québec et son service de police. Quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense, cette décision a été rendue et la partie en cause, c'est la Ville de Québec et son service de police. C'est historique. C'est noir sur blanc. Ça ne disparaîtra pas», a affirmé lundi Jocelyne Dufour, au cours d'une conférence de presse.

«La Commission a dit que le service de police a mal agi. Est-ce que le maire se sentira responsable et fera le mea culpa pour son service de police? C'est à lui de répondre à cette question», a-t-elle ajouté.

À son avis, le recours utilisé par la Commission devant le Tribunal des droits de la personne accentuera la perception que les résidents de la région sont plus intolérants, plus à droite sur l'échiquier politique. «C'est une brique qui s'ajoute à cet édifice. Est-ce réellement ce que nous sommes ou est-ce une partie de la population qui parle fort?», a demandé Mme Dufour.

Montée de l'intolérance

En outre, elle a déploré la montée de l'intolérance dans la société québécoise envers certains groupes, dont les étudiants. «Au printemps, quand les étudiants ont à nouveau amorcé un mouvement de manifestations, certaines radios ont utilisé le terme de vidanges. Ça ne trouve pas sa place, à mon avis, dans une société démocratique. De tels propos n'auraient pas été tolérés en ondes il y a cinq ans», a avancé la porte-parole.

En mars dernier, une jeune femme avait reçu au visage une cartouche de gaz lacrymogène d'un policier de la Ville de Québec lors d'une manifestation anti-austérité devant le parlement.

Mme Dufour s'est réjouie de la décision de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse de déposer une poursuite contre le Service de police de la Ville de Québec en rapport avec l'arrestation en avril 2012 de dizaines d'étudiants sur la base de leur position politique. Ces étudiants manifestaient paisiblement sur la Grande Allée contre la hausse des frais de scolarité.

«Ce n'est plus la parole de quelques manifestants. C'est une parole forte, experte. C'est un fait. Ce n'est plus une question d'opinion», a soutenu Mme Dufour.

Selon Sébastien Harvey, de la Ligue des droits et libertés, l'intervention des policiers de la Ville de Québec visait à faire peur, à décourager la mobilisation des étudiants. Il a aussi déploré l'attitude des politiciens sur le droit de manifester.

«Les politiciens ferment les yeux quand les policiers détournent des articles du code de la sécurité routière pour faire de la répression. Ils créent des règlements municipaux, banalisent les atteintes aux droits fondamentaux de manifester. Ils donnent la liberté à des policiers de choisir les manifestations qu'ils vont tolérer selon le mouvement politique et social dont les manifestants sont issus», a-t-il dit au Soleil.

Selon Mme Dufour, le même questionnement s'applique aussi aux citoyens en faveur d'une répression envers les étudiants. «Les concitoyens qui approuvent aussi cette répression doivent se poser des questions. Préparent-ils une société qui laisse le choix à des policiers, à des politiciens, de choisir quelle cause mérite d'être défendue ou s'ils préfèrent une société plus libre, une société qui se rapproche de l'idéal démocratique?» a-t-elle demandé.

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