Étudiants disparus au Mexique : des policiers fédéraux impliqués

Deux policiers fédéraux sont impliqués dans la disparition au Mexique de 43 étudiants en 2014, a révélé jeudi la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH), accusant pour la première fois la police nationale dans cette affaire qui a fait grand bruit.

Citant des témoignages d'une source qu'il n'a pas identifiée, cet organisme d'État a affirmé lors d'une conférence de presse que des policiers fédéraux avaient participé au côté de policiers municipaux à la disparition de ces 43 étudiants à Iguala, dans le sud du Mexique, dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014.

La commission « présume la participation d'éléments de la police municipale de Huitzuco et de deux éléments de la police fédérale », a déclaré Jose Larrieta Carrasco, un responsable de l'enquête à la CNDH.

On savait que les élèves enseignants de l'école d'Ayotzinapa avaient été attaqués par des policiers municipaux corrompus d'Iguala, mais on ignorait jusqu'à présent l'implication de membres de la police nationale.

Selon la commission, le témoin a relevé la présence de deux agents fédéraux à l'endroit où l'un des bus transportant entre 15 et 20 étudiants a été stoppé par ces policiers municipaux.

Les policiers fédéraux auraient demandé aux policiers municipaux ce qui se passait. L'un des officiers municipaux aurait expliqué que les étudiants allaient être envoyés à Huitzuco, une ville voisine, où « le boss » (le patron), vraisemblablement un membre d'un cartel de drogue, allait « décider quoi faire avec eux », selon la commission.

Les policiers fédéraux auraient alors répondu, « ok, c'est bon » et les auraient laissés les emmener, indique la CNDH.

Ces policiers auraient ensuite livré les étudiants au cartel de la drogue des Guerreros Unidos, qui les auraient assassinés puis incinérés avant de disperser leurs restes dans une rivière, selon la commission.

Ces révélations interviennent après une série de vives critiques formulées par des organisations des droits de l'homme et des enquêteurs indépendants à l'encontre de l'investigation menée par les autorités.

Pour le responsable de la CNDH, Luis Raul Gonzalez Perez, les autorités doivent à présent explorer « une nouvelle piste dans la disparition » des étudiants.

La disparition des 43 étudiants en 2014 avait provoqué un tollé international et une grave crise politique deux ans après l'élection du président Enrique Peña Nieto. Au Mexique et ailleurs dans le monde, de nombreuses manifestations, parfois violentes, avaient dénoncé l'inaction de l'État et la corruption au sein des forces de l'ordre.

Catégories

Type de document: