Durant les derniers mois, plusieurs lieux collectifs autonomes ont été menacés d’éviction ou carrément mis à la rue : Kabane77, La Passe/Médiathèque littéraire Gaétan-Dostie, les Forges de Montréal et la Coop sur Généreux. Ils participent chacun à leur manière à la diversité des propositions culturelles offertes à la communauté montréalaise par le partage, la transmission, l’accueil et la préservation d’un patrimoine vivant, et ce, sans soutien financier ou institutionnel. Ces groupes ont en commun la réappropriation d’espaces laissés pour compte qu’ils ont revitalisés par leurs pratiques, et l’éviction de ces lieux met gravement en danger leurs missions respectives.

Nous vous invitons à une soirée pour la défense de ces lieux autonomes à défendre, le 15 septembre, à partir de 17h au 77 Bernard Est, sur la place publique de Kabane77. Un repas communautaire sera offert, une gracieuseté du People's Potato, suivi d’une séance de projections de films organisée par le collectif Le Sémaphore. La soirée est une occasion de manifester votre solidarité et de venir échanger avec les personnes qui font vivre ces lieux.

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Kabane77 est un espace public autonome dédié aux arts analogiques : cinéma, musique, imprimerie. Depuis 2012, un collectif d’artistes qui vit et travaille dans le Mile-End s’attache à faire revivre, au 77 Bernard Est, un entrepôt abandonné par la ville, en vue d’en faire un lieu de production, de diffusion et d’éducation libre. En 2016, le groupe Kabane77 a appris qu’un avis de démolition du bâtiment avait été déposé par la Ville. Aujourd’hui, le combat pour l’usage de ce bâtiment se métamorphose en une lutte contre sa destruction. Kabane77 met au défi la Ville et ses élus de laisser vivre un espace où les formes, les idées et les façons de faire se développent librement.

La Passe est un collectif dynamique et diversifié à la frontière des arts et du politique qui s'est constitué dans la foulée de la grève de 2012. Au cours des trois dernières années, le 1214 de la Montagne a accueilli nombre d’événements d’importance : bazar de poésie, colloques universitaires d’envergure, cours de l’Université populaire (Upop), projections de films, lancement de livres, expositions, concerts, soirées de performance, etc. À la fois musée des arts littéraires et centre de conservation et de recherche, la Médiathèque littéraire Gaëtan Dostie présente une collection de 50 000 titres d'une valeur patrimoniale indéniable pour la société québécoise et les collectivités francophones d'Amérique.

Les Forges de Montréal est un organisme à but non-lucratif fondé en 2000 dont la mission est de préserver et transmettre le patrimoine immatériel du forgeron. L’organisme est géré par une équipe bénévole constituée surtout d’artisans des métiers du fer et chapeaute un éventail d’activités : évènements, ateliers, démonstrations, production artisanale, production de films éducatifs et projets de recherche et d’archivage. Locataires de la Ville de Montréal, les Forges ont assuré l'entretien et la restauration de la Station Riverside, en l'adaptant à leur pratique mais en respectant son architecture. En 2006, 454 000$, sans compter les heures de travail, avait déjà été investi dans l'aménagement et la restauration du lieu, récupéré en ruine. En février dernier, la Ville de Montréal envoyait un avis d'expulsion aux Forges, prétextant le non respect de la clause 6.3 de leur contrat de location renouvelé en 2006, exigeant un investissement d'un million de dollars dans la rénovation de l'immeuble avant 2008. Ayant longuement été bloquées par la menace de l’autoroute Bonaventure, les Forges sont désormais prêtes à aller de l’avant et invoque légitimement la prescription de la clause huit ans plus tard, alors que la Ville de Montréal refuse de les rencontrer.

La Coop sur Généreux est un espace ouvert qui fonctionne sur la coopération et la participation de chacun. Elle a été crée en 2003 dans l'esprit de s'organiser collectivement afin de mener des actions et de créer des espaces de rencontres militants, musicaux, créatifs, d'échanges de savoir… de façon autonome et en dehors de toute logique de profit financier (le premier profit ici est avant tout humain). C'est dans ce que chacun peut apporter par son savoir, sa compétence, et son implication que se trouve la possibilité de mener à bien des projets collectifs. Les événements, ateliers, rencontres qui se produisent à la Coop ne reposent que sur la volonté des personnes qui s'y investissent : ils sont organisés non pas pour être vécus sur le mode passif de la consommation, mais pour que chaque personne qui vienne dans ce lieu y apporte quelque chose. Sortir du schéma classique d'échange de services ou de biens contre une rétribution financière induit de fonder nos rapports sur le mode de la réciprocité. C'est dans la rencontre et l'échange que les amitiés sont fondées.