Le blanchiment de l'intersectionnalité

Date de l'événement: 

04 Mars 2019

Détails
Par le mot intersectionnalité, nous entendons le savoir et l'outil pratique ayant permis de mettre en évidence qu'une personne peut être simultanément à l'intersection de différentes oppressions. Les Frues souhaitent par ailleurs profiter de cette occasion pour signifier notre reconnaissance du travail intellectuel accompli par des femmes noires africaines-américaines ayant œuvré à son élaboration.

Nous ne sommes pas que des femmes, nous ne sommes pas que des personnes non binaires! Oui! En même temps que nous sommes des femmes, des personnes non binaires, nous sommes également Autochtones, Noires, Africaines, Latinas, Afrolatinx, Arabes, Asiatiques***, lesbiennes, queer, en situation de handicap et bien d'autres. Une fois de plus nous précisions que toutes ces identités peuvent s'entremêler et que nous sommes multiples!! Même si nous considérons que notre pluralité est notre plus grande force, il n'empêche qu'en raison de ces catégories sociales qui nous ont été imposées** sur nos corps et sur nos êtres, nous ne bénéficions pas des mêmes opportunités sociales et professionnelles que les hommes blancs ou les femmes blanches.

Pire : nous subissons des désavantages monumentaux dans différents aspects de nos vies!

L'intersectionnalité nous permet donc de revenir sur ce que nous vivons, mais aussi et surtout de pouvoir lutter contre les oppressions. Loin d'être un outil jouant le jeu de la hiérarchie du système dominant, il permet de poser sur la table des expériences qui ont trop longtemps été mises de côté, réduites aux silences, et d'apporter une plus-value importante dans ce que nous souhaitons d'une société juste et équitable. Nous pensons que c’est un outil pratique de convergence des luttes.

Mais qu'en est-il quand ces savoirs sont récupérés par ces groupes de femmes et d'hommes bénéficiant à de multiples niveaux des oppressions qu’ils et elles ne subissent pas et desquelles ils et elles sont les complices?

En effet, à la suite de récents événements produits au sein des milieux militant et académique, nous avons eu la grande frustration de constater que l'intersectionnalité, devenant un mot à la mode, a été dépolitisé de son vrai sens. Nous avons alors organisé cette conférence.

Pour tenter de répondre à cette question et d'aller plus loin, nous avons l'immense honneur de recevoir comme panélistes les personnes suivantes, présentées en ordre alphabétique.

- Jade Almeida, Originaire de Guadeloupe, est diplômée de master en Histoire Culturelle du Contemporain à l’université de la Sorbonne et est désormais candidate au Doctorat de Sociologie à l’université de Montréal sous la direction de Sirma Bilge. Elle travaille actuellement en tant que chargée de projet au Conseil québécois LGBT et intervient tous les jeudis sur la web radio Neoquebec. http://neoquebec.com/

- Sirma Bilge, Sociologue féministe antiraciste d’origine turque, est professeure titulaire au département de sociologie de l’Université de Montréal depuis 2005 . Elle a aussi fondé et dirigé le pôle de recherche Intersectionnalité qui a existé au CEETUM (Centre d’études ethniques des universités montréalaises) entre 2005-2010. ). Ses recherches ont interrogés les liens entre les normativités de genre et sexuelles et les questions de racisme et de nationalisme. Dans l’ensemble de son parcours, influencé par les courants de pensée radicale noire dont le féminisme noir et les études culturelles et postcoloniales/décoloniales, l’étude des imbrications des rapports sociaux de pouvoir (de race, de genre, de classe, etc.) reste prioritaire.

- Karine Myrgianie Jean-François, Juriste de formation, travaille depuis près de 10 ans dans le secteur communautaire au sein d’organismes féministe et/ou jeunesse. Cette femme noire queer née à Tiohtià:ke est passionnée de justice sociale pour les communautés minorisées et milite en ce sens. Elle travaille présentement au Réseau d'action des femmes handicapées du Canada comme gestionnaire. Féministe depuis l'adolescence, elle écrit, performe et cuisine. Cette éternelle optimiste croit au pouvoir des communautés et des personnes toujours mises à la marge pour changer notre monde !

- Marlihan Lopez est militante afro-féministe qui oeuvre dans le domaine de l'organisation communautaire, la recherche et l'intervention féministe et au sein du mouvement des femmes au Québec. Elle a coordonné le volet intersectionnalite au Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel où elle avait le mandat d'accompagner les Centres dans une réflexion sur leur capacité d'intervenir auprès TOUTES les femmes afin de mieux articuler une intervention féministe intersectionnelle. Elle est vice-présidente de la Fédération des femmes du Québec, et s'occupe des pratiques solidaires et anti-oppressives au sein du mouvement des femmes et de la lutte contre les différents types de discriminations. Sa militance au sein du mouvement de femmes se base sur l'importance de transformer ce « Nous, les femmes » à un « Nous » inclusif, pluriel et solidaire.

- Alexandra Pierre, milite et travaille dans le milieu communautaire depuis une quinzaine d’années. Ses expériences en recherche et comme organisatrice communautaire l’ont amenée à s’intéresser aux enjeux féministes ainsi qu'aux questions de migrations et de racisme. Elle travaille aujourd’hui à Relais-femmes, un organisme féministe de liaison et de transfert de connaissances qui fait de la formation, de la recherche et de la concertation. Alexandra est aussi membre du conseil d’administration de la Ligue des droits et libertés depuis 2014. Elle est détentrice d’un Bac en anthropologie (Université McGill) et d’une Maîtrise en organisation communautaire (UQÀM).

l'animation sera assurée par:
- Sophia Sahrane, organisatrice communautaire afro-féministe, concentre ses efforts pour lutter contre le racisme anti-noir, la misogynoire, la criminalisation l'effacement et le contrôle des corps Noirs et racisés. Elle est impliquée dans des organismes tels que Black Studies Collective, Hoodstock, slavresistancecollective et la Librairie Racines. Elle s’intéresse au rôle des archives institutionnelles dans l’effacement des populations Noires au Québec et au Canada et tente de créer un programme d’étude Afro-Canadienne à l’université Concordia, d’où elle a gradué de l’École d’Affaires Publiques et Communautaires. Elle poursuit présentement un certificat de maîtrise en archivistique à l’UQAM.

Déroulé:
18h-20h30 : panel+discussion

Veuillez noter qu’un service de garde d'enfants sera assuré.

Féministes racisé-e-s uni-e-s et solidaires (FRUeS) est un groupe non-mixte de soutien et de résistance par et pour les personnes s’identifiant comme femmes, fems et personnes non-binaires racisé-e-s. Le groupe est basé à l’UQAM.

******** Veuillez noter que tout au long de la semaine nous mettrons à disposition une cagnotte dont les fonds seront reversés au groupe Native Women Shelter de Montreal qui travaille directement avec des femmes inuites à Montréal victime de violence sexuelle*****

En tant qu'organisateur.trise.s, nous reconnaissons que cet événement et tous les événements de la Semaine de mobilisation féministe sur l'intersectionnalité ont lieu sur le territoire Kanien'kehá:ka non cédé Tio'tia:ke, ici sur l'île de la Tortue. En tant qu'organisateur.trice.s, nous exprimons notre solidarité envers les communautés autochtones locales et mondiales qui luttent pour leur droit au pouvoir, à la terre, aux ressources et à la sécurité, et nous honorons les gardien.ne.s traditionnel.le.s de ce territoire.

▼▲▼▲ INFOS ACCESSIBILITÉ ▼▲▼▲

Une demande de subvention spécifiquement pour l'accessibilité a été faite. Dès que nous aurons les fonds, nous ferons un descriptif précis de l'accessibilité pour chaque événement.
N'hésitez pas à nous contacter si vous avez d’autres besoins que nous devrions combler afin que vous puissiez participer Contactez-nous à feministesracisees@gmail.com

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*** c'est ce que nous entendons par personnes racisées (négativement)

** Par un système dominant majoritairement composé d'hommes blancs occidentaux de catégories sociales élevés et que dans notre langage militant désignons comme le blanctriarcat.

(English Coming soon)