« La police tue » : manifestation contre les violences policières

Mercredi 15 mars au soir, lors de la 27e Journée internationale contre la brutalité policière, une centaine de manifestant·es se sont mobilisé·es dans les rues de Notre-Dame-de-Grâce (NDG) pour dénoncer les abus policiers, notamment le profilage racial et les répressions du droit de manifester.

Alors que les manifestant·es se rencontraient au parc Girouard, des centaines de policier·ères se sont rassemblé·es pour quadriller le quartier. La manifestation a été déclarée illégale en quelques minutes, ce qui n’a pas empêché les manifestant·es de continuer à marcher.

« La police tue, en prison et dans la rue », chantaient les manifestant·es en parcourant la rue Sherbrooke à travers NDG. La manifestation visait en effet à dénoncer les abus et les violences non seulement de la police elle-même, mais aussi de l’ensemble du système judiciaire.

Cette critique élargie fait notamment suite à la mort violente de Nicous d’André Spring en prison. Le jeune homme noir de 21 ans est décédé à la prison de Bordeaux en décembre dernier à la suite d’une intervention des agent·es pénitentiaires, alors qu’il était détenu illégalement. Les proches de Spring attendent encore que les responsables soient poursuivi·es et demandent que les preuves vidéos de l’altercation qui a mené à sa mort soient diffusées.

La manifestation, qui a lieu chaque année, visait aussi à défendre le droit de manifester et de s’exprimer dans l’espace public, qui serait menacé par la répression policière. « Les autorités sont plus sévères à l’égard des manifestations, » a dit Sarah*, une manifestante. « En cinq minutes, elles les jugent illégales et peuvent alors lancer des gaz et tout faire pour disperser les gens. Mais c’est une expression du peuple : c’est notre façon de communiquer avec les gouvernements que nous n’approuvons pas. »

La Ville de Montréal a récemment accepté de s’excuser et de dédommager des milliers de victimes d’arrestations de masse ayant eu lieu lors de manifestations de 2011 à 2015. Réitérant ses excuses, la mairesse Valérie Plante a récemment affirmé dans un tweet que « le droit de manifester est fondamental et nous le défendrons toujours ».

« [Manifester], c’est une expression du peuple : c’est notre façon de communiquer avec les gouvernements que nous n’approuvons pas. »
Sarah

Une réforme, un recul

Lors de leurs discours, les manifestant·es ont notamment critiqué le tout nouveau projet de loi 14 apportant certaines réformes à la police, dévoilé le jour même par le ministre de la Sécurité publique François Bonnardel.

Alexandre Popovic, porte-parole de la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP), a déploré le fait que cette loi interdirait aux tiers de porter plainte en déontologie policière, ce qui ne permettrait plus aux familles et proches d’une victime de brutalité de porter plainte.

« Moi ça fait des années que je porte plainte en déontologie policière à chaque fois que je vois un citoyen se faire tuer par le SPVM, » a dit Popovic. « Avec ce maudit projet de loi, ils vont fermer la porte à des gens comme moi. »
Surfinancement

Les participant·es à la manifestation n’ont pas manqué de dénoncer les importantes ressources accordées à la police, regrettant que Montréal soit la ville du pays qui compte le plus de policier·ères par habitant·es. Ils et elles ont déploré l’augmentation budgétaire de 63,2 millions $ accordée au SPVM par la Ville de Montréal en 2023.

« Ils veulent que la police ait plus d’argent et plus de pouvoir. »
Jobin

« Je pense que ce que nous avons vu avec le gouvernement municipal de Valérie Plante et ce qu’ils ont fait tout au long de leur mandat, c’est qu’ils n’écoutent pas les protestations », a déclaré Jobin*, un manifestant. « Ils veulent que la police ait plus d’argent et plus de pouvoir. »
De la parole aux actes

Pour Jobin comme les autres manifestant·es, les déclarations de bonne foi des autorités sont inutiles si elles ne sont pas suivies par des actes. Selon eux et elles, la police est toujours aussi violente, même après des années de dénonciation de la part de la population.

« Ils peuvent dire ce qu’ils disent, mais nous voulons voir des actions. »
Sarafina Dennie

Pour Sarafina Dennie, la sœur de Nicous Spring, les mots ne suffisent plus. Elle affirme que des actions concrètes sont nécessaires pour mettre en œuvre un véritable changement.

« Ils peuvent dire ce qu’ils disent, mais nous voulons voir des actions. Ils parlent de ces questions depuis des années et des années, » a dit Dennie. « Qui aurait pu penser que le racisme serait encore omniprésent en 2023? Mon frère, je l’ai perdu brutalement et il ne reviendra jamais, et ça fait terriblement mal tous les jours. »

Le SPVM a affirmé dans un courriel qu’il existe « une évolution constante des pratiques au sein du SPVM afin d’augmenter son expertise, et ce, toujours dans le même but : maintenir le juste équilibre entre le respect des droits et des libertés individuelles de notre société démocratique et le respect de la paix et de la sécurité publique dans les espaces urbains collectifs au profit de la jouissance paisible des lieux par l’ensemble de la population ».

* Les noms de famille de certaines personnes ont été gardés sous silence pour préserver leur anonymat.

Correction : La réponse du SPVM a été ajustée afin d’intégrer la réponse complète du service de police. (17-03-2023)

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