Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali ont été libérés

Après avoir été blanchis de toutes les accusations de terrorisme qui pesaient contre eux, Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali ont été libérés mardi en soirée.

Ils devront respecter une série de conditions de remise en liberté qui ont été énoncées devant la juge Durand de la Cour du Quebec, dont celle de ne pas se présenter à la mosquée Assahaba dont Adil Charkaoui est le président.

Les accusés sont apparus souriants dans le box; leurs familles n'ont pu cacher leur soulagement et leur joie.

Les jeunes Montréalais ont été déclarés non coupables plus tôt aujourd'hui de presque tous les chefs d'accusation pesant contre eux. Le jury a rendu son verdict après quatre jours et demi de délibérations au palais de justice de Montréal.

Si les accusés sont restés de glace à la lecture du verdict plus tôt ce matin, leurs avocats, Me Charles Benmouyal et Me Tiago Murias, ont raconté qu'ils ont vécu beaucoup d'émotions en coulisses. «Il y a eu des larmes et peu de mots», a dit le premier.

Me Murias a noté que son client est content et satisfait de la décision. Me Benmouyal a dit qu'il s'agit du «plus beau scénario» pour sa cliente.

Mme Djermane est acquittée de tous les chefs. M. Jamali n'est reconnu coupable que d'un chef réduit de possession de substance explosive sans raison légitime. Il s'agit d'une accusation réduite au chef plus grave duquel il était accusé.

Cet avant-midi, le juge a ordonné devant une salle bondée de journalistes, de policiers, d'avocats, d'employés du palais de justice et même de juges, la libération immédiate des jeunes gens.

Les amoureux faisaient face à trois chefs d'accusation chacun. Les jurés devaient donc rendre six verdicts.

Pour El Mehdi Jamali, 20 ans:

Avoir tenté de quitter le Canada en vue de commettre un acte terroriste à l'étranger: non coupable
Possession d'une substance explosive dans un dessein dangereux: non coupable
Avoir commis un acte au profit ou sous la direction d'un groupe terroriste: non coupable
Coupable d'un chef réduit au Code criminel lié à la possession d'explosifs

Pour Sabrine Djermane, 21 ans:

Avoir tenté de quitter le Canada en vue de commettre un acte terroriste à l'étranger: non coupable
Possession d'une substance explosive dans un dessein dangereux: non coupable
Avoir commis un acte au profit ou sous la direction d'un groupe terroriste: non coupable

Rappelons que les membres du jury ont entamé leurs délibérations jeudi en toute fin de journée après avoir reçu les directives du juge Marc David, livrées dans un cahier de 149 pages.

Ils ont poursuivi leurs discussions durant le week-end. Samedi, ils ont adressé une question au juge. Ils souhaitaient connaître la définition de «sciemment». Ce mot se retrouve dans le premier chef d'accusation qui vise les deux suspects, celui d'avoir tenté de quitter le Canada en vue de commettre un acte terroriste à l'étranger.

Dans le Code criminel, l'article 83.18 explique «est coupable d'un acte criminel passible d'un emprisonnement maximal de dix ans quiconque, sciemment, participe à une activité d'un groupe terroriste, ou y contribue, directement ou non, dans le but d'accroître la capacité de tout groupe terroriste de se livrer à une activité terroriste ou de la faciliter».

Hier, le jury a posé une autre question pour savoir si la recette manuscrite de bombe artisanale trouvée au condo loué par le couple et écrite à la main par M. Jamali devait être considérée comme un ingrédient pouvant servir à la confection d'une substance explosive.

Cette question touchait le deuxième chef d'accusation auquel faisait face le couple, soit d'avoir eu en leur possession une substance explosive dans un dessein dangereux.

Non, a répondu le juge Marc David de la Cour supérieure, en droit, la recette n'est pas une substance explosive. Elle n'est pas destinée à être utilisée dans la fabrication même de la bombe.

La recette, a précisé le magistrat, pouvait par contre aider le jury à déterminer l'état d'esprit des accusés et l'usage qu'ils entendaient faire des autres items saisis qui sont, eux, considérés comme des ingrédients d'une substance explosive.

Durant les trois mois de procès, la couronne a fait entendre 31 témoins et déposé 221 pièces en preuve. La défense en a pour sa part soumis quelque 150. Elle n'a pas fait entendre de témoins. Les accusés n'ont pas pris la barre.

Ils sont incarcérés depuis leur arrestation en avril 2015.

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