« Police partout, justice nulle part ! »

Réputée être une ville où il fait bon vivre, Montréal est marquée par les profilages racial, social et politique de sa police. Les mobilisations militantes qui dénoncent la police sont la cible d’arrestations de masse. Ce texte présente l’importance de la contribution des anarchistes à la lutte contre la police, malgré certaines tensions au sujet des tactiques et des priorités.

« La haine des flics ? Vous l’avez aussi ?

Ils vous cassent les pieds, vous donnent des tickets,

vous harcèlent, vous arrêtent, vous embarquent,

vous matraquent, vous vaporisent du poivre de Cayenne,

ou vous lancent des lacrymos, vous tabassent, vous surveillent,

vous suivent, vous agressent, vous font chanter,

vous menottent, vous jettent en cage,

vous crèvent un œil, vous terrorisent ? […]

Expulsons d’abord la police de nos têtes,

de nos quartiers et de nos vies.

À l’attaque ! »

La Fronde : Journal anarchiste montréalais, mars 2017

Montréal est souvent présentée comme un lieu où il fait bon vivre, surtout en comparaison avec d’autres villes d’Amérique du Nord. En France, par exemple, le magazine L’Express proposait au printemps 2017 un numéro spécial intitulé « Montréal : le Québec flamboyant — 375 ans de conquêtes (sic.) — Fleuron de la francophonie — Une ville qui vibre ». On y vantait « l’énergie et la créativité de la métropole québécoise ». Or la réalité est bien différente pour les sans-abri, les personnes prostituées, les jeunes « arabes » ou afro-québécois et les activistes de l’extrême gauche. La ville est marquée par des inégalités profondes, avec un écart de vie de près de 10 ans entre les quartiers les plus riches et les plus pauvres. L’embourgeoisement est souvent brutal, reléguant à la marge les populations plus vulnérables. Alors que les élites politiques ont opté depuis plusieurs années pour l’austérité, le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP) a démontré dans son journal État policier que les budgets de la police augmentent sans cesse. Les effectifs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sont passés de 5 400 à 6 006 personnes de 2000 à 2016, soit une augmentation d’un peu plus de 11%, et son budget est passé de 39 millions à 55 millions de dollars, soit une augmentation de 41%. Les membres du SPVM font partie de la classe moyenne très aisée, avec une rémunération moyenne de 128 460 dollars[1] en 2015, alors que le revenu moyen au Québec est d’environ 50 000 dollars, et le seuil de pauvreté de 22 700 dollars. Le chef du SPVM touche pour sa part plus de 255 000 dollars[2], soit plus que le Premier ministre du Québec (186 243 dollars). Selon les critères du mouvement Occupy, ce chef de police est membre du 1% au Québec[3].

Les forces sociales-démocrates et même libérales réagissent peu ou pas du tout face aux abus policiers qui devraient, en principe, les offusquer. La Ligue des droits et libertés du Québec et quelques groupes se mobilisent, mais cela ne représente qu’une poignée d’individus motivés. Cette apathie ou cette complaisance des forces sociales-démocrates et libérales par rapport à la police explique en partie pourquoi des anarchistes, des communistes, des queers révolutionnaires et des féministes radicales se retrouvent à défendre des droits fondamentaux libéraux, et même parfois à se mobiliser dans des institutions officielles en déposant par exemple des plaintes à la Commission de déontologie policière ou aux tribunaux pour coups et blessures lors d’une manifestation. Des anarchistes organisent des manifestations après que la police ait assassiné un « simple citoyen » (voir plus bas), souvent un sans-abri ou un homme souffrant de maladie mentale, même si on pourrait espérer qu’un bon libéral ou un social-démocrate descende dans la rue après pareille tuerie.

Au Québec, la ville de Montréal est reconnue comme un lieu de radicalité politique, en particulier dans la lutte contre la police. À titre d’exemple, le COBP organise depuis plus de 20 ans une manifestation le 15 mars, qui attire entre 500 et 1000 manifestantes et manifestants, dont plusieurs de l’extérieur de la ville. Chaque année, cet événement est l’objet d’une importante couverture médiatique et d’une très forte mobilisation policière. Ce front de lutte rend visibles certaines tensions dans les mouvements sociaux, au premier plan entre une approche plus légaliste et une approche de confrontation. Même dans les réseaux anarchistes et communistes, certaines tensions émergent, en particulier quant à l’importance à accorder à la journée du 15 mars ou encore au rôle que doivent jouer les activistes de descendance européenne dans des événements organisés par des autochtones. Ces tensions recoupent parfois les lignes de fractures plus ou moins nettes entre les anarchistes d’organisation, c’est-à-dire membres de collectifs permanents et formellement structurés, et les individualistes ou autonomes, soit les « totos » — selon l’expression en usage en France — qui se mobilisent dans des groupes d’affinité informels ; ce clivage s’est accentué depuis quelques années à Montréal[4]. Sans compter que le milieu militant mobilisé contre la police doit parfois faire face à des injustices ou à des violences perpétrées par des camarades aux dépend d’organisations militantes ou d’autres camarades : comment alors intervenir, mais sans faire appel à la police si détestée ?

Mobilisations légalistes

Le SPVM est régulièrement accusé de pratiquer le profilage racial, social et politique, ainsi que le sexisme et l’homophobie. De plus, depuis quelques mois, le SPVM est l’objet de nombreux scandales, dont la proximité entre son chef et le maire[5], la surveillance de journalistes et de leurs sources[6], etc. Des organismes institutionnels de défense des droits, dont la Ligue des droits et libertés du Québec (LDLQ), l’Observatoire sur les profilages (OSP) et le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes (RAPSIM), ont lancé plusieurs initiatives au fil des années visant les violences policières : entre autres, des forums et conférences sur les profilages, la publication de rapports sur la répression policière pendant la grève étudiante de 2012 (le Printemps érable), etc. Hors des institutions officielles, des mobilisations contre la police s’organisent également, qui prennent plusieurs formes. Par solidarité avec les proches des personnes tuées par la police, la Coalition Justice pour les victimes de bavures policières organise une veillée devant le bâtiment de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, tous les 22 octobre, s’alignant ainsi sur des mobilisations aux États-Unis organisées cette journée-là depuis 1996, à l’initiative du Revolutionary Communist Party (RCP)[7]. Certaines mobilisations soulèvent des questions précises, comme celle du racisme. Ainsi, en 2006, le Réseau de la Commission populaire a organisé un forum pour discuter de la surveillance et de la répression des autochtones et des immigrantes et immigrants[8]. En 2008, la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP) a été mise sur pied après qu’un policier ait assassiné le jeune Fredy Villanueva, originaire du Honduras. La CRAP a organisé des marches et des veillées, participé à l’enquête du coroner et à une consultation de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse sur le profilage racial. En 2012, les artistes du collectif Howl ! ont organisé un rassemblement pour dénoncer l’assassinat par des policiers du sans-abri Farshad Mohammadi.

Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer la pratique de l’arrestation de masse par encerclement, que le SPVM pratique de manière plus systématique depuis la fin des années 1990 : par exemple, la manifestation du 15 mars elle-même a été l’occasion de plus de 1 500 arrestations depuis 1998, dont 258 arrestations en 20011, 226 en 2012, 297 en 2013[9]. En 2005, la LDLQ a interpellé à ce sujet le Comité des droits de l’homme de l’ONU, qui a finalement dénoncé les agissements du SPVM et demandé la tenue d’une enquête publique au sujet des arrestations de masse. En vain. La police a procédé à plus de 2 100 arrestations à Montréal pendant la grève étudiante de 2012 — le « Printemps érable » —, la plupart par encerclement de masse. Après ces évènements, le chef de la police de Montréal a fièrement déclaré que « [l]es forces de police de partout au monde viennent maintenant [à Montréal] pour connaître nos techniques de contrôle de foule»[10]. En 2013, le SPVM a procédé à environ 1 500 arrestations lors du départ de manifestations, dont certaines appelées précisément pour contester la nouvelle obligation d’informer les autorités du trajet d’une manifestation. À chaque arrestation de masse, un comité ad hoc des personnes arrêtées est mis sur pied pour aider à coordonner la défense collective. Au fil des années, de très nombreux procès collectifs se sont soldés par des arrêts de procédures et des acquittements[11].

Anarchistes et anticapitalistes

Au-delà de ces mobilisations plutôt légalistes, auxquelles peuvent participer des activistes d’extrême gauche, une critique radicale de la police est formulée par le réseau anarchiste et anticapitaliste qui s’est développé à Montréal depuis environ vingt ans dans des organisations militantes tels que le COBP, la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC), les Industrial Workers of the World (IWW), le Parti communiste révolutionnaire (PCR – maoïste), la Pointe libertaire, les Red and Anarchist Skinheads (RASH), le Salon du livre anarchiste de Montréal, le collectif de féministes radicales Les Sorcières, l’Union des communistes libertaires (UCL – aujourd’hui dissoute) et dans le mouvement étudiant, en particulier à l’Université du Québec à Montréal et dans des collèges comme ceux de Saint-Laurent et du Vieux-Montréal. Depuis quelques années, l’anarchisme fleurit aussi en dehors des organisations militantes, dans des réseaux plus informels de milieux de vie implantés dans les quartiers Hochelaga-Maisonneuve et Pointe-Saint-Charles.

Des tensions traversent le mouvement, notamment entre l’anarchisme organisé et l’anarchisme individualiste ou autonome. Des autonomes reprochent ainsi aux organisations d’être trop modérées dans leurs discours, de s’être fossilisées au fil des années ou de représenter une génération du passé. Par exemple, la CLAC est encore aujourd’hui animée par des altermondialistes ayant participé aux mobilisations contre le Sommet des Amériques à Québec en 2001, alors que plusieurs des anarchistes autonomes venaient à peine de naître… Néanmoins, cela n’empêche pas que les uns participent aux manifestations des autres et vice-versa.

Les diverses tendances se retrouvent ainsi dans la lutte contre la police et ses abus. Le dynamisme conjugué de ces réseaux explique en partie que les manifestations radicales montréalaises soient plus souvent l’occasion d’attaques contre les symboles du capitalisme, les médias et la police elle-même que dans d’autres villes du Canada (deux fois plus souvent qu’à Toronto, par exemple[12]). Des affrontements avec la police surviennent lors de manifestations étudiantes ou de la CLAC, en particulier celle du 1er mai qui regroupe de 500 à 1 000 personnes. Il s’agit généralement de tenter de forcer les lignes de police, de leur lancer des pièces pyrotechniques et des projectiles ou de leur relancer leurs grenades fumigènes. Des véhicules de police sont régulièrement vandalisés lors de ces manifestations. Des bousculades plus ou moins brutales surviennent parfois pour empêcher des arrestations dans la foule, par exemple lors de la manifestation de la CLAC du 1er mai 2011. Cet accrochage entre membres du PCR et policiers a servi de prétexte à la mise sur pied d’une unité d’enquête au nom improbable : Guet des activités des mouvements anarchistes et marginaux (GAMMA), dénoncé par des groupes militants comme étant l’institutionnalisation explicite du profilage politique[13].

En décembre 2015, trois manifestations nocturnes autonomes contre l’austérité, regroupant chacune une centaine de personnes, ont donné lieu à des attaques avec des projectiles divers contre des policiers à vélo qui tentaient d’encadrer la manifestation et contre des véhicules de police[14]. Des accrochages ont également eu lieu lors d’actions directes contre l’embourgeoisement, surtout dans le quartier d’Hochelaga-Maisonneuve, où des commerces branchés sont régulièrement vandalisés. Au moins l’une de ces actions nocturnes a été marquée par des jets de cocktails Molotov contre des autopatrouilles de la police (aucune arrestation[15]). Le journal anarchiste La Fronde a souligné que « plus un quartier s’embourgeoise et plus ses nouveaux citoyens et commerçants réclameront un quartier propre et sécuritaire. Les flics ne vont pas aller tabasser un proprio qui fait des augmentations de loyer illégales[16] ». Une anarchiste masquée interviewée par SubMedia, a expliqué pour sa part en 2016 que « la lutte contre la gentrification est inévitablement une lutte contre la police. […] c’est les policiers qui expulsent les locataires, empêchent l’existence de squats […]. C’est donc tout aussi important de développer notre capacité à défendre des initiatives contre cette répression[17]. » Voilà une « énergie » et une « créativité » passées sous silence par le magazine L’Express, dans son portrait de cette « ville qui vibre ».

Collectif opposé à la brutalité policière (COBP) et manifestation du 15 mars

Aux yeux des autorités politiques et policières, des médias et de plusieurs militantes et militants, le COBP représente à lui seul la lutte radicale contre la police à Montréal, en particulier parce qu’il organise la manifestation annuelle du 15 mars. Fondé en 1995 suite à la répression violente d’une manifestation contre le congrès de Human Life International (HLI) – un réseau catholique antichoix –, le COBP se présente aujourd’hui comme « un groupe autonome qui regroupe des personnes victimes, témoins et/ou concernées par la brutalité policière et tout abus perpétré par la police[18] ». Malgré la faiblesse de ses moyens, soit à peine quelques volontaires, très peu d’argent et pas de local, le groupe a un site Web fournissant des informations à propos de la police, anime des ateliers d’éducation populaire, monte des spectacles de musique engagée, vend des chandails frappés de divers slogans contre la police et propose des documents d’information, dont Feu aux prisons : brochure contre le système carcéral, La violence des policiers contre des femmes et Surprise ! On a des droits, brochure distribuée à plusieurs milliers d’exemplaires. Le COBP a diffusé lors du Salon du livre anarchiste de Montréal le zine du collectif de féministes radicales Les Sorcières Contre-attaques féministes contre ta matraque : recueils de témoignages féministes sur la brutalité policière. Le COBP a aussi organisé, en pleine grève étudiante de 2012, la manifestation humoristique « On aime la police », et pratiqué à quelques reprises le Cop Watch, soit la surveillance filmée des interventions policières.

Ce collectif est surtout connu pour sa manifestation annuelle de la Journée internationale contre la brutalité policière, le 15 mars, qui propose chaque année un nouveau thème, selon la conjoncture : contre l’impunité policière, contre le profilage politique, etc. (la date avait été choisie pour rappeler l’agression par des policiers de deux jeunes en Suisse ; curieusement, cette date est aussi la journée de fondation de la police à Montréal, en 1843)[19]. Cette manifestation attire des punks de rue, des anarchistes et autres anticapitalistes, des féministes et des queers, des étudiantes et des étudiants, des intervenantes et intervenants du réseau associatif, parfois des membres du Comité exécutif du Conseil central métropolitain de la Centrale des syndicats nationaux (CSN) et quelques professeures et professeurs progressistes.

Depuis le début des années 2000, l’événement est l’occasion pour la police d’un important déploiement de force : hélicoptère, unité de cavalerie, des dizaines de véhicules et plus de 550 policiers depuis 2011, dont 669 en 2013[20], y compris une vingtaine en opération de dépistage en civil (selon les preuves déposées lors de différents procès). Malgré cette mobilisation, la manifestation s’est parfois transformée en émeute, souvent en réaction directe à la violence policière. En 2009, par exemple, 25 commerces ont été vandalisés, la police procédant à 221 arrestations. Le journal de l’Union des communistes libertaires, Cause commune, a proposé cette analyse de l’interaction dynamique entre la violence policière et la réaction défensive de la foule : « Ce qui est sûr, c’est que les agissements des flics ont transformé en casseurs de nombreuses personnes qui auraient été pacifistes autrement. Ils ont créé une impression de confinement, des mouvements de panique, des arrestations “préventives”, enfin, des agissements qui ne peuvent résulter, même chez les gens bien intentionnés, qu’à des actes imprévisibles et violents[21]. »

La plus importante manifestation du 15 mars s’est déroulée lors de la grève étudiante de 2012, quelques jours après une charge policière contre une manifestation étudiante, lors de laquelle un manifestant a perdu l’usage d’un œil. Le chef de police est intervenu dans les médias pour dissuader les étudiantes et les étudiants de participer à la manifestation contre la brutalité policière. En vain. Une foule d’environ 4 000 personnes a pris la rue. La police a attaqué la manifestation une quinzaine de minutes après le départ, provoquant la dispersion de la foule et une émeute au centre-ville au cours de laquelle des voitures de police ont été vandalisées. Un manifestant a témoigné de son expérience cette journée-là :

« Il y a [des] contextes où […] ça vire à l’émeute parce que la police a fait usage d’une violence excessive. Là, c’est de la défense légitime, c’est tout à fait justifié. […] Je me souviens, le 15 mars [2012], moi j’étais plutôt en queue de manifestation et la police nous avait chargé par derrière. […] Puis ils continuent à nous lancer des grenades assourdissantes. […] [D]evant des comportements excessifs et injustifiés, c’est sûr que les gens vont avoir envie de lancer des roches. Moi, ayant vu ça […] cette journée-là, ça m’a pas fait de peine de voir deux chars [voitures] du SPVM se faire complètement vandaliser. Ça m’a fait plaisir. Ils l’avaient mérité »[22].

En 2013, 2014 et 2015, la police a attaqué la foule massée au point de rassemblement de la manifestation, sous prétexte que le trajet n’avait pas été divulgué, une exigence d’un règlement municipal modifié lors de la grève étudiante de 2012. En 2016, la police de Montréal a recommencé à laisser filer les manifestations radicales, sans qu’il soit possible de savoir ce qui a justifié ce retour à une certaine tolérance : la nomination d’un nouveau chef ? L’invalidation par des juges de l’interprétation des policiers quant aux nouveaux règlements et conséquemment le rejet par les tribunaux de milliers d’accusations ? La ténacité de centaines de militantes et militants qui continuaient à se mobiliser, malgré la certitude d’arrestations de masse ? Lors de la manifestation anticapitaliste du 1er mai 2017, des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) mobilisés en appui au SPVM ont été la cible de tirs de pavés, de bouteilles et de pièces pyrotechniques, sans que cela entraîne une arrestation de masse.

Des actions clandestines ont parfois lieu autour du 15 mars. Par exemple, un mannequin déguisé en policier a été retrouvé pendu à un viaduc du centre-ville, le matin du 15 mars 2014. Sur le Web, un message de ce faux policier expliquait qu’il s’enlevait la vie après avoir pris conscience des abus de la police. L’année suivante, une tête de cochon placée au milieu de pentagramme tracé sur le trottoir, a été déposée le 13 mars devant les locaux de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, accompagnée d’une lettre incantatoire : « Vivantes vous nous les avez pris!/Vivantes nous les revoulons!!!!/Que les fantômes vous hantent à jamais. » Quelques années plus tôt, la veille du 15 mars 2008, un groupe anonyme a incendié six voitures de police dans le stationnement d’un poste de police et publié un message de revendication à teneur anticolonialiste et anticapitaliste, signé « Collectif Ton père ». Le communiqué précisait que l’action avait été menée « par solidarité avec les détenus politiques autochtones de l’Amérique qui luttent encore pour leur liberté et leur autonomie ». Dans les jours suivants, deux autres groupes inconnus, « Ton oncle » et « Ton chien », ont revendiqué d’autres attaques contre des guichets bancaires et des voitures de concessionnaires automobiles, « par solidarité avec les actions inspirantes qui ont eu lieu quelques jours plus tôt contre des chars de police et une banque » et avec « les prisonniers, autochtones et rebelles de toutes sortes. » Malgré les enquêtes et les perquisitions effectuées pour saisir des ordinateurs, la police n’a procédé à aucune arrestation. Plus personne n’a jamais entendu parler de ces groupes[23].

Si ces actions clandestines pouvaient paraître complémentaires à la manifestation annuelle du 15 mars, d’autres actions offrent l’occasion d’en contester la pertinence. Le débat oppose celles et ceux qui considèrent que le 15 mars est une tradition militante importante et qu’y renoncer serait un aveu d’échec face à la répression policière, alors que d’autres déplorent la fétichisation d’une activité qui s’est transformée en une sorte de piège au fil des années. La police s’y prépare bien à l’avance et déploie des effectifs démesurés, ce qui peut donner l’impression qu’elle teste alors ses techniques répressives. Ainsi, quelques jours avant la manifestation du 15 mars 2016, des anarchistes s’en sont pris à une voiture de police laissée sans surveillance près de la station de métro Charlevoix, dans le quartier de Pointe-Saint-Charles : pneus crevés, vitres fracassées. Un tract a été laissé sur place, signé « Vos anarchistes de quartier amicaux ». Le communiqué proposait d’« expérimenter une offensive diffuse contre les opérations quotidiennes de la police, pas seulement le 15 mars ». De plus, il était suggéré d’aller « au-delà de la simple dénonciation de la “brutalité” ou des “excès” du SPVM […] la violence brutale et la coercition sont intrinsèques à l’existence même de la police[24]. » Faut-il donc combattre les excès de la police ou la police elle-même qui est par essence brutale et violente ? Le journal anarchiste La Fronde considère également que le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP), comme son nom l’évoque, « ne s’oppose pas à la police en tant qu’institution, mais à une police brutale. Le collectif s’acharne depuis des années à proposer un discours citoyen quémandant de faire respecter les droits. […] Néanmoins, une police moins brutale n’existe pas, car sa fonction ultime est de maintenir l’ordre […]. Il n’y a pas de bon flic. Il n’y a aucune bonne loi[25] ». Un autre texte d’autonomes a félicité le COBP suite à la manifestation du 15 mars 2017 qui s’est déroulée lors de la plus importante tempête de neige depuis une génération, mais en réitérant l’importance de se mobiliser contre la police, et non seulement contre ses abus : « Nous aimerions que la manif de l’année prochaine soit appelée contre la police, point[26]. »

Il est vrai que le nom du collectif et certains de ses discours évoquent avant tout des pratiques policières particulières, par exemple la brutalité et le profilage et que le COBP encourage le dépôt de plaintes auprès du Comité de déontologie policière. En ce sens, le COBP peut paraître insuffisamment radical puisqu’il refuse de se prononcer explicitement pour un monde sans police. Un débat similaire a traversé les réseaux militants de la côte Ouest aux États-Unis[27]. Cette critique pourrait paraître injuste, puisque le COBP adopte souvent un discours insultant à l’endroit de la police, par exemple dans les slogans sur ses bannières, sans compter ses « compiles antiflics » de musique. De plus, il semble que plusieurs des militantes et militants qui participent à la manifestation du 15 mars partagent la même détestation viscérale de la police que les individualistes et les autonomes, sans compter que bien les autonomes y participent aussi.

Émeutes populaires et actions autonomes

La lutte radicale contre la police à Montréal ne se limite pas aux actions du COBP. Cela dit, le Québec ne connaît pas d’émeutes populaires, c’est-à-dire de soulèvements spontanés de quartiers résidentiels indépendamment des appels à se mobiliser lancés par des militantes et militants, par exemple après des assassinats commis par la police. L’émeute suite à l’assassinat de Fredy Villanueva fait figure d’exception. Ce jeune homme jouait aux dés avec des proches dans un parc du quartier de Montréal Nord, en 2008, lorsqu’un policier a décidé d’intervenir, provoquant une bousculade. Résultat : le policier a tué le jeune homme à bout portant, et a blessé gravement deux de ses amis[28]. En réaction, une foule en colère a vandalisé des véhicules et des commerces, dont des boutiques de prêteur sur gages, allumé dans la rue plusieurs feux attisés par de la marchandise pillée et même des bonbonnes de gaz propane, agressé des journalistes et tiré des coups de feu sur la police, atteignant une policière à la jambe. Des attroupements formés essentiellement de résidentes et résidents du quartier applaudissaient la foule émeutière. Par solidarité, quelques anarchistes français ont organisé un rassemblement devant le consulat canadien à Lyon.

A part cet exemple exceptionnel, quand la police assassine à Montréal ou ailleurs, ce sont généralement une poignée d’anarchistes et de communistes qui organisent de petites manifestations. Au début du mois d’avril 2016, deux manifestations ont eu lieu en réaction à des assassinats de civils par la police. À Montréal, la police a tué Jean-Pierre Bony, un homme à la peau noire, d’une balle de plastique à la tête lors d’une intervention à la recherche de stupéfiants. La manifestation a « tourné à l’émeute », pour reprendre l’expression de Radio-Canada[29] : des vitrines de commerces et de banques ont été fracassées, des voitures de police pourchassées, et un poste de police saccagé, ainsi que des véhicules de police. Plusieurs panneaux publicitaires ont été recouverts d’une image d’autopatrouille en flamme, accompagnée d’un slogan à la mémoire de Jean-Pierre Bony[30].

Une autre manifestation a eu lieu suite à la mort de Sandy Tarzan Michel, un Anishinabe tué par la police sur la réserve du Lac-Simon ; le frère de la victime, Johnny Jr Michel-Dumont, avait été tué lui aussi par la police, au même endroit, en 2009. Une centaine de personnes ont manifesté dans les rues de Montréal, et certaines ont lancé des cailloux et des fumigènes vers des policiers à vélo, puis ont attaqué les bureaux du ministère de la Sûreté du Québec (police provinciale). Un débat s’en est suivi dans les réseaux anarchistes, car des Anishinabe avaient explicitement demandé que la manifestation soit non violente. S’agissait-il alors d’être de bons alliés en tant qu’anarchistes de descendance européenne, et de respecter cette demande, ou d’être complice d’autres autochtones qui acceptent et pratiquent l’action directe sous forme de destruction et d’attaques contre la police[31]? Un militant membre du collectif anticolonialiste Ni Québec, Ni Canada et du groupe Solidarité NABRO (Solidarité avec la Nation Anishinabe du bassin-versant de la rivière des Outaouais) a publié une réplique à titre personnel, expliquant qu’il avait l’habitude de participer à des manifestations tumultueuses mais qu’il avait aussi participé à organiser cette manifestation avec des Anishinabe. Il considérait donc qu’il aurait été important de respecter leur appel à manifester sans user de la force, pour consolider les liens de confiance avec ces Anishinabe et leur reconnaître un certain leadership puisqu’il s’agit de leur lutte anticoloniale. Or,

« les seuls remous qu’a laissé [cette] pseudo-émeute sont plus de divisions entre nous et nos camarades dans les communautés autochtones ainsi qu’à l’intérieur de celles-ci, ce qui est de nature à paralyser l’avancement de nos offensives contre le monde colonial […]. Il n’y a pas d’abstraction générale de “la lutte autochtone” dont nous nous ferions complices. Nos relations s’inscrivent toujours dans les circonstances matérielles des luttes réelles et de leurs évolutions, avec la diversité des modes d’être et de lutter de chaque communauté en résistance[32]. »

Il précisait toutefois que la police participe du colonialisme canadien et doit disparaître.

Montréal est aussi le lieu d’actions clandestines contre la police sans liens directs avec la manifestation du 15 mars. Il y a bien sûr des graffitis insultant la police ou l’identifiant à une bande d’assassins. La photo d’un graffiti représentant le visage du porte-parole de la police, affublé d’un trou de balle de fusil au milieu du front, a été reprise sur les réseaux sociaux, ce qui a valu une condamnation à une anarchiste qui l’avait relayée sur sa page Facebook (paradoxalement, la photo a aussi été reprise dans des journaux couvrant cette affaire, sans que cela semble poser problème[33]). Des graffitis ont été tracés à l’aide de pochoirs, après le Printemps érable, à l’endroit où des arrestations de masse avaient eu lieu. Le graffiti rappelait la date de l’événement et le nombre de personnes arrêtées. Dans le même esprit, la Commission populaire sur la répression politique (CPRP) a organisé en 2014 « Montréal la répressive : une visite guidée de la répression politique », proposant des haltes aux endroits où avaient eu lieu des arrestations[34].

La violence meurtrière de la police à l’étranger est aussi une cause de mobilisation, dans un esprit de solidarité transnationale. Des anarchistes ont organisé à Montréal des rassemblements devant les consulats de France et de Grèce, en 2005 et en 2008, pour protester contre des assassinats commis par la police. Suite aux émeutes contre la police raciste à Ferguson, aux États-Unis, un graffiti représentant une voiture de police en flammes, accompagnée de ce slogan : « From Montreal to Ferguson FUCK la POLICE », est apparu sur les murs d’un boulevard d’Hochelaga.

Justice interne dans le mouvement contre la police

S’il semble relativement aisé de s’entendre sur l’importance de se mobiliser contre la brutalité policière, et même contre la police, il est plus difficile de savoir comment réagir quand une injustice, voire la violence, survient dans ce milieu radical. Dans le cas d’agressions sexuelles par des inconnus, des anarchistes mobilisés contre la police ont suggéré, dans un tract, le recours à la violence : « Quand il y a un violeur dans notre quartier, nous préférons de loin voir un groupe s’auto-organiser et répondre à coups de bâton de base-ball dans les genoux du violeur que de voir un·e survivant·e traîné.e à travers les tribunaux et humilié.e.s à chaque étape[35]. » Mais lorsqu’un camarade est accusé, la situation semble souvent plus compliquée. Quand on accepte de prendre la situation au sérieux, on préfère mettre en place un long processus pour permettre à l’agresseur de s’expliquer, voire se défendre. Des féministes considèrent d’ailleurs que le milieu est bien moins radical quand il s’agit de violences masculines contre des femmes que de violences de la police. Qui penserait, chez les anarchistes, mettre en doute le récit d’un camarade au sujet d’une violence policière, de suggérer qu’il s’agit peut-être d’une fausse allégation contre le policier, et qu’il faudrait bien entendre la version des faits de ce dernier ?

En 2015, le collectif Les Sorcières a appelé à former un Black Bloc non mixte de femmes, qui a défilé bruyamment dans les salles d’exposition du Salon du livre anarchiste. Elles voulaient dénoncer le refus du comité organisateur de prendre acte de la demande d’exclure plusieurs agresseurs sexuels de l’événement. Sur leur tract, elles expliquaient : « Nous venons masquées aujourd’hui pour la même raison que nous nous masquons dans les manifestations : pour notre sécurité. En tant que survivantes d’agressions et alliées, nous ne nous sentons pas en sécurité d’être reconnues dans nos propres milieux. N’est-il pas alarmant qu’on doive se protéger, ici, comme on se protège de la police par crainte de représailles ? […] La peur doit changer de camp : on vous watch[36] ! ». L’année suivante, le Salon du livre avait modifié son approche à ce sujet[37].

Pour sa part, le COBP a été interpellé publiquement par une militante qui avait été agressée sexuellement par l’un de ses militants. Pour marquer une dissidence face au COBP qui tardait à réagir, une deuxième manifestation a été appelée le 15 mars 2015, soit une « Manif féministe contre la brutalité policière », dont le point de rassemblement se trouvait à une quinzaine de coins de rue de celui du COBP[38]. Après une longue année d’inaction, le COBP a demandé à une féministe du collectif Les Sorcières d’animer à titre individuel une discussion qui s’est terminée par l’expulsion de l’agresseur qui ne montrait pas de signe de prise de conscience. Sur le site féministe « Alerta Feminista », lancé précisément pour offrir une plateforme aux dénonciations d’agression sexuelle, un témoignage a été affiché, rappelant qu’il a été décidé que l’agresseur doit « garder ses distances avec la survivante » (qui n’était pas membre du collectif), se limiter à du travail dans l’ombre s’il désire continuer à militer, et être accompagné par quelques personnes dans une démarche de réflexion[39].

Une autre affaire a ébranlé le mouvement contre la police et plus particulièrement la Commission populaire sur la répression politique (CPRP), et révèle comment ce milieu militant cherche à faire face à des situations de sécurité individuelle et collective sans avoir recours à la police et aux tribunaux. Cette commission avait réussi à récolter la somme nécessaire pour organiser les audiences dans quatre villes différentes, et publier un rapport. Or, celui qui s’était porté volontaire pour gérer la trésorerie a falsifié à son profit des chèques pour une somme totale de 5 040 dollars[40]. Cette fraude a été découverte et le fraudeur a tout avoué. Beaucoup d’énergie a été consacrée à régler cette situation vécue comme un « profond outrage » et une « blessure morale » par les membres du groupe. La CPRP a publié la brochure Pour en finir avec ce vol : Un zine pour tourner la page sans baisser les bras, qui explique qu’il a été décidé de ne « pas appell[er] la police. Au terme d’une réflexion difficile, nous avons décidé de la mise sur pied d’un processus de justice alternatif, piloté par deux militants de la CPRP […] et comptant sur la participation de l’auteur du vol. Nous avons opté pour une solution non violente, misant sur le dialogue et appelant de la bonne foi des parties en cause. » Un des militants de la CPRP a souligné un paradoxe : « durant tout le processus, j’ai senti qu’on s’est davantage préoccupé [du fraudeur] que de nous-mêmes », en partie parce que le fraudeur apparaissait comme un individu fragile face à une organisation impersonnelle, la CPRP.

Conclusion

Les débats au sujet de l’opposition à la police révèlent la diversité et le dynamisme de ce milieu militant. Il s’agit de clarifier des divergences quant aux choix tactiques et stratégiques à la lumière d’expériences et d’analyses différentes, voire de positionnements spécifiques dans les réseaux militants et de jeux d’alliances et de solidarité. Ils traduisent aussi sans doute une volonté de prouver son identité radicale en provoquant des clivages pour se positionner du « bon côté », quand ils ne résultent pas plus tristement de conflits personnels et d’une méconnaissance de camarades que l’on épingle sans nécessairement bien les connaître. Au-delà de cette écume, les mobilisations contre la police à Montréal sont autant de vagues qui offrent l’occasion de voir converger des groupes d’affinités, de souder des amitiés, et de constituer une force collective. La lutte contre la police et sans doute, avec l’anticapitalisme et maintenant l’antifascisme, l’une des causes les plus rassembleuses dans les milieux radicaux montréalais.

En écho aux réflexions du dernier pamphlet du Comité invisible, Maintenant, il ne s’agit pas tant de chercher une « victoire militaire » contre la police, toujours plus puissante que n’importe quel collectif anarchiste, mais bien une victoire politique. L’instant d’un accrochage, la défiance face au bras armé de l’État est l’expression d’une critique radicale, ainsi que l’incarnation d’une volonté d’autonomie, de liberté et d’égalité. Malgré la peur, les risques, les blessures, voilà qu’il est possible de chercher en soi et avec les autres le désir, la volonté, le courage et la joie de se mobiliser face à la police et de s’instituer comme force ingouvernable, à tout le moins le temps d’une confrontation, d’une émeute. Et de sentir, réellement, que Montréal est « une ville qui vibre ».

Francis Dupuis-Déri[41]

[1] Environ 85 700 euros.

[2] Environ 170 200 euros.

[3] P.-A. Normandin, « Près de la moitié des policiers de Laval gagnent plus de 100 000$ », La Presse, 17 juin 2015, p. A2 ; F. Vailles, « Les riches au Québec », La Presse, 8 décembre 2013.

[4] J’emprunte ici une terminologie européenne pour qualifier ces deux tendances sans doute moins distinctes à Montréal que dans des contextes comme la France.

[5] C. Montambeault, « Un autre chef du SPVM appelé par le maire Denis Coderre », Journal de Montréal, 30 mai 2017.

[6] A. Robillard, « Une commission d’enquête sur la surveillance des journalistes », Le droit, 3 novembre 2016.

[7] http://22octobre.wordpress.com/

[8] www.commissionpopulaire.org.

[9] Au sujet des arrestations de masse au Québec, voir F. Dupuis-Déri (dir.), À qui la rue? Répression policière et mouvements sociaux, Écosociété, Montréal, 2013.

[10] L. Perreaux, « In the trenches with the Montreal mob », Globe & Mail, 3 février 2013.

[11] P. Dufour, « Mobilisation du droit dans le conflit étudiant de 2012 au Québec », dans D. Lamoureux, F. Dupuis-Déri (dir.), Au nom de la sécurité !, M éditeurs, Saint-Joseph-du-Lac, 2016, p. 15-38.

[12] Il y aurait « violences » dans 3% des manifestations à Montréal, 2% à Vancouver et 1,5% à Toronto, de 1998-2004 (P. Rafail, « Asymmetry in protest control? », Mobilization, vol. 15, no 4, 2010, p. 489-509). Considérant l’actualité politique à Montréal depuis 2012, l’écart est sans doute plus grand aujourd’hui.

[13] P. Dominique-Legault, « Des savoirs policiers sur les “mouvements marginaux” », Criminologie, vol. 49, no 2, 2016, p. 301-321.

[14] Au sujet de ces manifestations : Montréal contre-information : communication autonome pour la lutte contre l’autorité, no 1, hiver 2015-2017.

[15] P. Teisceira-Lessard, « Hochelaga-Maisonneuve : un attentat anti-embourgeoisement avorté, croit le SPVM », La Presse, 26 avril 2016.

[16] La Fronde : Journal anarchiste montréalais, mars 2017, p. 1.

[17] « Defend the Hood », SubMedia, 2016.

[18] https://cobp.resist.ca/qui-sommes-nous. Le groupe se nommait initialement Citoyens opposés à la brutalité policière. Il a adopté son nom actuel en 1997.

[19] Pour une histoire détaillée du 15 mars : Bilan de 15 manifs le 15 mars à Montréal.

[20] K. Rettino-Parazelli, S.R. Champagne, « Une courte manifestation, 300 000$ en salaires », Le Devoir, 19 août 2015.

[21] Cité par M.-A. Cyr, « Feu sur la Belle province : les anarchistes et les émeutes », R. Bellemare-Caron et al. (dir.), Nous sommes ingouvernables : les anarchistes au Québec aujourd’hui, Lux, Montréal, 2013, p. 294.

[22] Propos recueillis par D. Lécuyer et cités dans son mémoire de maîtrise, « Paciflics », diversité des tactiques et contre-attaques féministes, sociologie, Université du Québec à Montréal (UQAM).

[23] C. Touzin, « Hochelaga-Maisonneuve — Un autre acte de vandalisme, un autre groupe anarchiste », La Presse, 19 mars 2008, p. A10 ; A. Popovic, « L’action directe revendiquée », Centre des médias alternatifs du Québec (CMAQ), 20 mars 2008.

[24] Vos anarchistes de quartier amicaux, « Appel pour un mois contre la police : un véhicule du SPVM attaqué près du métro Charlevoix », Montréal contre-information, no1, hiver 2015-2017, p. 30-31.

[25] La Fronde : Journal anarchiste montréalais, mars 2017, p. 2.

[26] Anonyme, « Le 15 mars à Montréal : c’est pas la neige qui va nous empêcher d’attaquer les policiers », Montréal contre-information.

[27] Anonyme, « Burning the bridges they are building: anarchist strategies against police in the Puget Sound, Winter 2011 », Rolling Thunder, no 10, 2012, p. 54-76.

[28] Agence QMI, « Mort de Fredy Villanueva : la Coalition contre la répression et les abus policiers demande à la ministre Vallée d’intervenir », Journal de Montréal, 9 août 2016.

[29] « Une manifestation tourne à l’émeute à Montréal-Nord », 6 avril 2016.

[30] Anonyme, « Rest in Power : Jean-Pierre Bony », Montréal contre-information, no 1, hiver 2015-2017, p. 37.

[31] Anonyme, « Une émeute pour chaque meurtre policier », Montréal contre-information, no 1, hiver 2015-2017, p. 41.

[32] Anonyme, « Insurgence de nos complicités enracinées et concrètes : réponse au texte A riot for every police murder et aux actions qui se sont déroulées dans les rues de soi-disant “Montréal” le lundi 11 avril 2016 », Montréal Contre-information.

[33]http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201504/30/01-4865735-qui-a-fa...

[34] https://cobp.resist.ca/evenements/montr-al-la-r-pressive-une-visite-guid...

[35] Vos anarchistes de quartier amicaux, « Appel pour un mois contre la police : un véhicule du SPVM attaqué près du métro Charlevoix », Montréal contre-information : communication autonome pour la lutte contre l’autorité, no1, hiver 2015-2017, p. 31.

[36] http://www.lessorcieres.org/agresseur-e-s%20dehors.pdf

[37] Pour information, voir : http://www.lessorcieres.org/actions.html.

[38] F. Dupuis-Déri, « Manifestations du 15 mars : le profilage politique encore une fois démontré », site Web de l’Observatoire sur les profilages.

[39] Pour une discussion plus approfondie au sujet de la justice transformatrice à Montréal et des réflexions et des expériences féministes, voir l’article de Laurence Ingenito et Geneviève Pagé.

[40] Environ 3 500 euros.

[41] Professeur de science politique, Université du Québec à Montréal (UQAM). Commissaire de la Commission populaire sur la répression politique (CPRP), il a collaboré avec le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP). Il remercie Jennifer Bobette, Thomas Déri, Martin Lamotte et Alexandre Popovic, pour leur lecture d’une première version de ce texte.

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Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

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