Je comptais profiter du soleil et du parc Jean-Drapeau

10 Juin 2012

Le dimanche 10 juin 2012, je me suis rendu à Montréal, dans le but d'acheter un livre à ma mère pour son anniversaire. Avant, je comptais faire un arrêt à la station Jean-Drapeau pour profiter du soleil et du parc Jean-Drapeau - je ne comptais pas participer aux actions de blocage et aux actions de perturbation sur le le site du Grand Prix. Je portais un simple t-shirt (avec le logo d'Amnistie Internationale) où j'avais épinglé mon carré rouge. J'avais un sac à dos, qui ne contenait que des livres, un calepin, un étui à crayon et une caméra vidéo (qui ne fut pas utilisée). Hormis mon carré rouge, je n'avais rien sur moi qui aurait pu être utilisé pendant une manifestation (pancarte, arme, masque, foulard, maalox, etc.).

Je fus fouillé 7 fois au total. Une première fois en prenant le métro à Longueil, où je fus fouillé comme tout les usagers du métro (carré rouge ou non). Ensuite, une fois arrivé à Jean-Drapeau, je fus fouillé une nouvelle fois en essayant de sortir de la station. Cette fois, je fus ciblé à travers une foule compacte. Il m'est permis de présumer que mon carré rouge a servi à mon identification comme ''personne à fouiller''. Toutefois, une fois dehors, on m'ordonna de rebrousser chemin et de reprendre le métro vers Montréal étant donné que je n'avais pas de billet pour assister au Grand Prix, et ce, même si je n'avais aucune intention d'y assister ou d'aller sur le site du Grand Prix. Il semblait clair que l'accès à l'Île Ste-Hélène/Île Notre-Dame était coupé à qui ne venait pas assister au Grand Prix.

À mon retour dans le métro, je fus placé dans un groupe de personne, qui étaient tout comme moi persona non grata à la station Jean-Drapeau. On nous fit embarquer ensemble dans un métro après quelque temps. J'ai assisté à un échange entre deux adolescents qui désiraient aller à la Ronde, mais s'étaient fait interdire la sortie du Métro. À Berri-UQAM, je vis une jeune femme accostée par deux ou trois policiers. Elle fut empoignée et coincée contre un mur, malgré ses protestations et le fait qu'elle ait acceptée de leur montrer son cellulaire et son sac.

Je procédai à mes courses et rentrai dans le métro aux environs de 12h50 en empruntant l'entrée située en face du Archambault. Immédiatement après avoir descendu l'escalator, on fouilla mon sac-à-dos. Cette fois encore, je constatai que d'autres usagers du métros n'étaient pas fouillés. Plus loin, la même scène se répéta au guichet du métro, immédiatement après que j'aie franchi le tourniquet. Je fus encadré par trois agents qui exigèrent à nouveau de fouiller mon sac-à-dos.

Je descendis les escaliers vers la ligne Jaune, et fut une fois de plus fouillé, cette fois par un agent plus sympathique et compatissant que ses collègues. C'est finalement arrivé à proximité du quai de la ligne jaune qu'eut lieu ma dernière fouille. Deux agents (dont les matricules sont nommés plus haut) m'accostèrent et me demandèrent à nouveau d'ouvrir mon sac. Une fois de plus, il m'est permis de croire que mon carré rouge fut un élément déterminant dans leur décision de me fouiller. Je leur expliquai qu'on m'avait déjà fouillé depuis mon entrée dans le métro. Ils me prirent à part et commencèrent à fouiller mon sac à dos, où, manifestement, aucun objet dangereux ou motif de croire que j'allais commettre des actes criminels ne fut trouvé. On me questionna quant à savoir si j'avais été expulsé du métro. Poliment, je leur expliquai les raisons de mon passage à Montréal et expliquai que je n'avais pour seul désir que de rentrer chez moi, sur la Rive-Sud, à Boucherville. Les deux agents me demandèrent une pièce d'identité. Je leur fournis ma carte étudiante (je n'ai pas de permis de conduire) - ils constatèrent que mon nom ne leur avait pas été donné ou signalé comme fauteur de trouble. Voyant que j'étais la seule personne à qui ce traitement était réservé, et ce, malgré le fait qu'il avait été établi que je n'avais aucun objet dangereux en ma possession, je leur demandai la raison de cet interrogatoire. On me demanda mon adresse. Je la leur donnai. On me demanda dans quelle ville. Je répétai ma question : pourquoi étais-je retenu et interrogé alors que d'autres personnes pouvaient circuler librement? Il fut alors décidé que je serais expulsé du métro, étant donné que je ''refusais de répondre à leur question''. Je plaidai que le métro était mon seul et unique moyen de rentrer chez moi, et que je n'avais aucune mauvaise intention, mais il n'y eut rien à faire. Les deux agents m'escortèrent jusqu'à la sortie et dirent que je devrais rentrer chez moi ''en autobus''. Après renseignement auprès d'un employé du STM, il fut établi que ma seule option était d'aller à la station Papineau. Je revins aux mêmes agents qui m'avaient escortés hors de la station pour leur demander la permission de prendre le métro sur la ligne verte, mais on me répondit que si je retournais dans le métro, je serais arrêté et qu'on me donnerait une amende. Ils acceptèrent toutefois de me donner leur matricule.

J'ai quitté les lieux et me suis rendu à pieds à la station Papineau, où je me rendis compte que les autobus me permettant de rentrer chez moi ne passaient pas la fin de semaine. J'ai donc traversé le pont Jacques-Cartier à pieds pour revenir au terminus Longueil, où j'ai pris un autobus pour rentrer chez moi.

En conclusion, au vu de ce qui m'est arrivé, il m'est permis de croire que je fus victime de ce qu'on pourrait qualifier de profilage politique, étant donné que je fus fouillé, pris à part et finalement expulsé du métro, vraisemblablement pour avoir porté un carré rouge. Mon expulsion même du métro me semble suspecte, étant donné que la fouille de mon sac-à-dos avait indiqué que je ne représentais pas une menace potentielle pour les usagers du métro et les spectateurs du Grand Prix.

Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc):