Communiqué de presse "La famille d’un jeune mort lors d’une interpellation policière dans le désarroi face à un nouveau revers"

Alors que le monde entier porte son attention les crimes policiers aux Etats-Unis et s’accorde pour dénoncer les dysfonctionnements systémiques au sein de la police américaine, les familles de victimes au cours d’interpellations en France essuient un nouveau revers.

Mardi 28 avril 2015, la famille El Yamni, dont le fils Wissam décédait après être tombé dans le coma au cours d’une interpellation à Clermont-Ferrand dans les premières heures du 1er janvier 2012, a reçu les conclusions du collège d’experts nommés dans leur affaire.

Tant attendu pour rétablir les faits constatés par le Chef du Service de Cardiologie et le Chef du Service Anesthésie et Réanimation du CHU de Clermont-Ferrand, le rapport se contente au contraire de réaffirmer la thèse d’un médecin légiste de Poitiers, ville où exerçait par ailleurs le Procureur de Clermont-Ferrand auparavant. Selon le rapport, Wissam El Yamni, 30 ans, serait donc mort d’un arrêt cardiaque dû à une consommation de drogues, « toute autre hypothèse » - notamment celle, avancée par les experts du CHU, de la strangulation par la ceinture qu’il portait ce soir-là et qui n’a jamais été retrouvée, – « étant écartée », sans plus d’explication. `

L’affaire pourrait ainsi être classée.

Cette nouvelle tombe comme un couperet pour la famille, qui, face aux émeutes suivant la mort de Wissam, avait appelé au calme, et à faire confiance à la Justice. Les contradictions entre l’enquête de l’Inspection Générale de la Police Nationale et celle du médecin de Poitiers avaient mené la famille El Yamni à commander l’expertise indépendante auprès du CHU de Clermont-Ferrand. Celle-ci démontrait l’impossibilité d’une corrélation entre une infime trace de drogue dans le sang et un arrêt cardiaque, réaffirmant en revanche les traces évidentes d’une strangulation. C’est suite aux conclusions de cette expertise que le Procureur Général de Clermont-Ferrand avait annoncé, le 10 janvier 2014, qu'un Collège d'Experts entamerait une nouvelle enquête, dont les résultats seraient rendus dans les six mois.

Cette première victoire qui avait donné aux proches de Wissam le sentiment d’une justice possible a un goût amer aujourd’hui. Pour Farid El Yamni, frère de la victime, « un an et demi plus tard, ces conclusions nous donnent tort. Pas dans les faits, mais dans notre appel à faire confiance à la Justice. Lorsque nous voyons la famille de Freddie Gray appeler au calme et à laisser la Justice faire son travail, cela nous prend aux tripes. Nous avons envie de hurler ‘non, laissez faire ces émeutes qui émeuvent le monde entier, et ne comptez que sur vous-mêmes pour faire condamner ses meurtriers !’. Parce que nous savons désormais que la Justice ne protège pas les gens comme nous. Elle protège ceux qui les tuent ».

Article sur les détails de l’affaire : http://www.mediapart.fr/journal/france/311213/mort-apres-avoir-ete-inter...

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