Le SPVM se payera deux canons à son LRAD

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Après les gaz lacrymogènes et les coups de bâton, les manifestants de Montréal craignent l’arrivée de deux canons à son dans l’arsenal du SPVM, qui promet toutefois de ne pas s’en servir comme arme de dispersion des foules.

Critiqué par le récent rapport Ménard pour son emploi de la violence dans la gestion des manifestations, le SPVM va mettre la main sur deux canons soniques, le LRAD 100X et le LRAD 300X, d’ici fin 2014.

Il s’agit de hauts-parleurs ultra-puissants de 6000 et 12000$ fabriqués par la compagnie américaine LRAD Corporation.

En mode «message», les modèles achetés par le SPVM sont capables de déployer le son d’une voix humaine de manière très claire dans une direction précise sur plus de 1000 mètres pour le 100X portatif, 1500 mètres pour le 300X qui se fixe sur un véhicule.

En mode «alerte», le LRAD se transforme en une arme non létale dispersant les foules. Il peut émettre un bruit strident de 140 décibels.

Le seuil de douleur de l’oreille humaine se situant entre 120 et 130 décibels, quiconque est exposé au LRAD de trop près n’a qu’une envie: fuir en se bouchant les oreilles. Il risque aussi des lésions auditives, temporaires ou permanentes.

Pas une arme

Au SPVM, on jure que ces nouveaux équipements ne serviront qu’à communiquer.

«Je ne vois pas ça comme une arme. On ne veut pas l’utiliser en mode ‘‘alerte’’ car on considère que c’est trop dangereux pour la santé des citoyens», a indiqué Roch Deroy, inspecteur dans la division de la planification opérationnelle.

«Le message sera plus clair pour la foule. On peut s’en servir aussi pour une prise d’otage par exemple, pour que le message passe à travers les murs».

Le SPVM a demandé à l’Agence de santé et des services sociaux de Montréal un rapport sur l’utilisation de ces canons à son. L’Agence a remis ses recommandations le 3 septembre 2013.

Selon elles, «les alertes devront être proscrites, il ne faudra pas s’en servir de manière continue, et il ne faudra pas les utiliser s’il y a des personnes à moins de 10 mètres», cite Roch Deroy.

«On n'y croit pas»

Utilisés aux quatre coins du monde comme armes de dispersion des foules, les futurs canons à son du SPVM font déjà l'objet de critiques.

«C’est sûr qu’on n’y croit pas du tout (aux promesses du SPVM)», réagit Jennifer, du Collectif opposé aux brutalités policières, pour qui «le SPVM est dans un délire sécuritaire».

«Le rapport Ménard leur recommande de ne pas utiliser de grenade assourdissante. Et ils achètent des canons à son!»

Tentation

Les recommandations de l'Agence de santé de Montréal pour l'utilisation des LRAD sont «une bonne chose», estime l'ex-policier et chroniqueur Stéphane Berthomet.

«Mais on sait que le SPVM a fait de la dispersion de foule massive dans le passé. Seront-ils tentés d’utiliser les LRAD? Ça reste à voir, mais on peut leur accorder le bénéfice».

Ces recommandations ne rassurent pas en tout cas le COBP. «Le SPVM ne respecte déjà pas déjà les distances de tir pour les grenades assourdissantes et les balles en caoutchouc», se désole Jennifer.

François Doré, ancien policier de la SQ, salue les bonnes intentions, et attend les faits. «On ne peut pas présumer de leur utilisation par le SPVM. Mais on sait que ces appareils sont utilisés ailleurs pour le contrôle des foules comme une arme non léthale», rappelle-t-il.

Le canon hurleur a servi d'arme de dispersion en 2009 à Pittsburgh à l’occasion du sommet du G20, ou en 2011 contre les manifestants d’Occupy Wall Street à New York.

Les baleiniers japonais s’en servent pour écarter les militants écologistes.

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