Un adolescent perd un œil après un tir de Flash-Ball à La Réunion

Une enquête pour violences volontaires a été ouverte à La Réunion, vendredi 7 février, contre un policier après un tir de Flash-Ball sur un adolescent qui a perdu un œil lors de violences urbaines le 1er février. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, a également été saisie.

« Le fonctionnaire n'a pas utilisé son arme à bon escient selon les premiers éléments de l'enquête », a déclaré Philippe Muller, procureur de la République de Saint-Denis de La Réunion. L'information judiciaire ouverte est pour « violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une infirmité ».

Les faits se sont produits dans la nuit du 1er au 2 février au Port, dans l'ouest de l'île, où des affrontements se déroulaient depuis plusieurs nuits entre des jeunes casseurs et les forces de l'ordre. Selon les premiers éléments de l'enquête, les policiers sont intervenus aux côtés des pompiers pour éteindre un feu de voiture près d'une station-service. L'un d'eux a fait usage de Flash-Ball blessant grièvement au visage un jeune de 17 ans, le touchant au nez et à l'arcade.

Le jeune homme a été transporté à l'hôpital où il a été opéré le lendemain, mais a perdu l'usage d'un œil. Sa famille a décidé de porter plainte en assurant qu'il ne faisait pas partie des casseurs. « Il était juste en train de regarder lorsqu'il a reçu un coup de Flash-Ball », a déclaré un de ses proches à la presse locale.

Pour l'instant les seules auditions effectuées ont été du côté de la victime, « c'est l'IGPN qui entendra les policiers », a précisé le procureur. Mais M. Muller a qualifié de « crédibles les propos de la victime ». « Ses auditions ont été corroborées pour partie par d'autres témoignages sur ce qui s'est passé avant et après les faits. La nature du tir permet de suspecter la présence des policiers sur les lieux », a-t-il ajouté. Selon le procureur, le jeune homme, en 1re S et « bien intégré socialement », n'a pas d'antécédents judiciaires.

LE FLASH-BALL DÉJÀ CONDAMNÉ

En décembre, la justice a pour la première fois condamné l'Etat à indemniser une personne blessée par un tir de Flash-Ball provenant d'une arme policière. Le tribunal avait estimé qu'au terme du code de sécurité intérieure les autorités pouvaient être tenues responsables de conséquences de violences commises lors d'attroupements.

La préfecture de police de Paris devra verser un total de 7 900 euros à un jeune homme blessé sur la place de la Bastille à Paris, en 2009, lors de la Fête de la musique. La victime souffrait d'une fracture de la mâchoire, de deux dents fêlées, de plusieurs plaies, et avait eu quarante-cinq jours d'ITT (incapacité temporaire totale de travail).

En mai 2013, le défenseur des droits, Dominique Baudis, avait dénoncé les « recours irréguliers ou disproportionnés » à ces armes non létales. Il avait rappelé que le tir avec un Flash-Ball, « assimilé à l'usage de la force, est soumis à une exigence de stricte nécessité et proportionnalité ».

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