Arrestation musclée devant des élèves : De la «violence gratuite»

L’enseignante qui se serait fait poivrer devant ses élèves sur le Plateau Mont-Royal est complètement subjuguée par la «violence gratuite» dont elle et son collègue ont été victimes.

Deux jours après les faits, Nadia Lessard est encore sous le choc.

«Ce n’est pas quelque chose que j’aurais pensé vivre à 40 ans !» s’exclame, ironique, la mère de quatre enfants.

«C’était tellement gros, et gratuit, j’étais sûre que c’était une blague avec une caméra cachée, au début !» ajoute-t-elle.

Les faits seraient survenus mercredi soir, vers 17h, devant l’école au Pied-de-la-Montagne, à Montréal, alors qu’il y avait une petite fête dans l’établissement.

Nadia Lessard et Carl Cadieux, le concierge de l’école, prenaient une pause devant l’école.

Alors qu’une voiture de police aurait franchi une intersection sur un feu rouge sans allumer ses gyrophares, Carl Cadieux aurait interpellé le policier.

«Il lui a dit : Heille, mon chum, tu as passé sur la rouge sans tes gyrophares», raconte Nadia Lessard, l’enseignante qui se trouvait avec lui.

Le policier aurait alors fait demi-tour. «Il a dit à Carl : qu’est-ce que tu as dit, mon p’tit crisse de baveux ?»

Escalade de violence

Les choses auraient rapidement dégénéré, quand M. Cadieux aurait sorti son téléphone cellulaire pour filmer le policier, l’accusant de cacher son matricule. Le policier aurait pris le bras du concierge, la tête contre la voiture de police.

«Il lui a frappé la tête trois fois sur la voiture», affirme Mme Lessard.

Celle-ci voulait défendre son ami, et criait au policier de le lâcher.

«Je lui disais : Lâche-le ! Tu lui fais mal ! Embarque-le si tu veux, mais lâche-le !»

Elle aurait alors touché l’avant-bras du policier. Celui-ci se serait alors retourné et, selon l’enseignante, l’aurait pris à la gorge avant de lui envoyer du poivre de cayenne dans les yeux. Le tout sous les yeux apeurés des élèves et de leurs parents.

Des élèves en pleurs

«Un de mes élèves a ramassé mes lunettes, il pleurait, raconte Mme Lessard. Il pensait ne jamais me revoir, que j’allais aller en prison.»

C’est ce qui fâche le plus Nadia Lessard, dans cette histoire. Les parents et les élèves, dont certains de maternelle, ont assisté à la scène, apeurés. Trois de ses quatre enfants sont d’ailleurs des élèves de l’école.

«Ils n’ont pas vu la scène, heureusement, souligne-t-elle. Je ne voulais pas qu’ils voient ça, j’ai crié à une collègue d’aller les chercher en dedans et de les emmener.»

«J’ai vraiment eu peur pour ma réputation, continue Mme Lessard. Mais je suis rassurée, j’ai reçu plein d’appels de parents pour me témoigner leur soutien, et la direction est aussi derrière moi.»

Carl Lessard et Nadia Lessard, qui ont été menottés et emmenés au poste, feront face à des accusations criminelles, notamment pour entrave au travail d’un agent de la paix.

«Je dois me rendre au poste pour mes empreintes le 8 août, et je passerai en cour au mois de septembre», explique l’enseignante.

Le SPVM prudent

La police de Montréal compte rencontrer sous peu le policier qui aurait été impliqué dans cette affaire, ainsi que tous les autres agents qui ont été appelés en renfort sur les lieux.

«Nous voulons aussi rencontrer tous les policiers qui étaient présents sur les lieux, ainsi que les témoins, pour avoir une autre version des faits. Si le policier a mal agi, on veut le savoir», a dit le commandant Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM au Journal.

« Mais je ne me fierai pas sur cette version, absolument pas neutre, pour commenter, a-t-il ajouté. On ne défend pas le policier pour l’instant, mais on ne sait pas tous les faits. S’il a agi tout croche, on va sévir.»

Une rencontre entre le SPVM et la directrice de l’école est d’ailleurs prévue en début de semaine, a-t-il assuré.

«Ce qui m’interpelle là-dedans, c’est cette nouvelle tendance des gens qui veulent intervenir eux-mêmes sur place quand ils jugent qu’un policier a mal agi, a ajouté M. Lafrenière. Les gens peuvent appeler au poste et porter plainte dans ces cas-là, et le superviseur va les rappeler pour un suivi.»

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Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

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