La justice américaine ouvre une enquête sur la police de Ferguson

WASHINGTON - Le ministre américain de la Justice Eric Holder a annoncé jeudi l'ouverture d'une nouvelle enquête fédérale sur les pratiques de la police de Ferguson, dans le centre des États-Unis, où un jeune Noir a été abattu le 9 août par un policier blanc.

«Nous estimons qu'il y a de bonnes raisons pour que le ministère de la Justice ouvre une enquête pour déterminer si les responsables de la police de Ferguson se sont livrés à des pratiques qui violent la Constitution américaine ou la législation fédérale», a déclaré le ministre Holder lors d'une conférence de presse.

Au cours des cinq dernières années, le ministère a ouvert des enquêtes similaires dans une vingtaine de bureaux de police aux États-Unis. Dans le comté de Saint-Louis au Missouri, où se trouve la ville de Ferguson, un projet de réforme devrait être concocté portant sur la formation, le recrutement et les pratiques des forces de l'ordre.

Cette enquête vient en complément d'une autre enquête fédérale qui porte sur la violation éventuelle des droits civiques de Michael Brown, 18 ans, abattu en plein jour par un policier blanc alors qu'il n'était pas armé.

En outre, un grand jury du comté de Saint-Louis doit décider s'il y a lieu de poursuivre le policier de 28 ans, Darren Wilson, pour l'heure mis en congé forcé. La décision concernant une éventuelle inculpation pourrait se faire attendre jusqu'à mi-octobre.

Des circonstances troubles

Une double autopsie a déterminé que Michael Brown avait été atteint par au moins six balles.

Les versions diffèrent sur les circonstances de sa mort qui avait déclenché une dizaine de jours de manifestations et d'émeutes.

Pour les uns, le garçon aurait tenté de se saisir de l'arme du policier qui l'a abattu. Pour d'autres témoins, dont l'ami de Michael Brown qui l'accompagnait, il avait les mains en l'air.

La famille de Michael Brown s'est dite «encouragée» par l'ouverture de cette nouvelle enquête, son avocat Ben Crump plaidant pour le port de caméras embarquées par les policiers à travers le pays car «nous ne pouvons pas avoir une autre jeune vie emportée dans des circonstances troubles».

«À Ferguson, notre enquête évaluera l'usage de la force par les services de police», a poursuivi M. Holder, précisant que les arrestations, les fouilles mais aussi le traitement des détenus ou encore les possibles discriminations à Ferguson seront passés en revue.

«Je veux être parfaitement clair: ce n'est pas une fin en soi ou une solution à court terme», a ajouté le ministre noir, qui s'était rendu sur place pendant les émeutes. «C'est une stratégie à long terme» qui fournira «une feuille de route détaillée pour ramener la confiance, renforcer la sécurité publique, fixer des responsabilités et changer la manière dont les forces de l'ordre prennent des décisions», a-t-il dit.

Il a précisé que «la décision d'aller plus loin avait été prise non seulement sur ce qu'(il) a entendu là-bas mais aussi» sur des documents ou des rapports publics impliquant des groupes ethniques.

Le directeur du Bureau fédéral sur l'orientation des services de police (COPS) Ronald Davis, a estimé que «les récentes émeutes à Ferguson avaient révélé un manque de confiance significatif entre la population et les services de police».

Amnesty International s'est félicité de cette annonce mais a souhaité que le ministère de la Justice enquête également sur «toutes les violations des droits de l'homme» lors de la gestion policière des émeutes de Ferguson, jugeant «essentiel d'établir des responsabilités en toute transparence».

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