Le porte-parole des détenus du printemps érable est mort

Le représentant de centaines de manifestants arrêtés et détenus pendant des heures lors du printemps érable à Montréal s’est enlevé la vie, ce qui complique leur recours collectif contre la Ville.

«C’est un peu en son honneur et à sa mémoire qu’on va mener ce combat [...] Trouver un remplaçant va rendre les choses un peu plus compliquées, mais la cause ne meurt pas», lance l’avocat de Jean-Pierre Lord, Me Marc Chétrit, qui se disait «attristé et choqué» hier aux funérailles de son client à Montréal.

Jean-Pierre Lord, 31 ans, s’est suicidé le 10 juillet dernier. Il faisait partie du groupe de plus de 500 personnes arrêtées à l’angle des rues Sherbrooke et Saint-Denis dans la nuit du 23 au 24 mai 2012 par la police de Montréal (SPVM) et la Sûreté du Québec, en pleine crise étudiante.

Ligoté

Le jeune homme avait été entassé pendant six heures avec de nombreux autres détenus dans un autobus du SPVM, «sans aucun fondement légal» dit son avocat. Il a dû uriner par la porte arrière de l’autobus, les mains attachées dans le dos, car les policiers ont refusé aux passagers de les escorter aux toilettes.

Déterminé

Le recours collectif mené jusqu’ici par Jean-Pierre Lord demande que la Ville de Montréal paye plus de 5000 $ à chaque personne «ayant subi une violation de ses droits fondamentaux».

Il réclame aussi 500 $ pour ceux qui ont reçu un constat d’infraction en vertu du règlement P-6, qui interdit les attroupements mettant en danger l’ordre public.

Loin d’être abattu par le décès de Jean-Pierre Lord, son avocat se montre au contraire plus déterminé à faire condamner la ville.

«Ça prendra une discussion avec le juge (pour trouver un remplaçant). Mais le recours n’est pas menacé», assure Me Marc Chétrit.

Ce suicide a cependant laissé ses proches dans le désarroi. Plusieurs d’entre eux, interrogés par Le Journal, évoquent un trop-plein d’émotion.

«Jean-Pierre ramassait tout, mais il ne partageait pas ses émotions», a confié hier son père Gaétan Lord, ému.

Militant

Il faut dire que son fils, militant au Parti québécois, au Bloc québécois et à Projet Montréal, s’est battu pour de nombreuses causes sociales.

Il a fondé à Terrebonne les organismes Travail de rue pour les jeunes et Le Néo, dédié à la communauté allosexuelle (non hétérosexuelle) de Lanaudière.

Lui-même homosexuel, il s’est aussi investi auprès de la Coalition jeunesse montréalaise de lutte à l’homophobie. Avant son décès, il était le directeur général de l’Oasis des enfants, qui vient en aide aux familles défavorisées.

De nombreux parents sont d’ailleurs venus aux funérailles pour dire à Gaétan Lord combien son fils les avait aidés.

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Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

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