LE SPVM DEVRA ATTENDRE POUR L’ACHAT DE SON BATEAU

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Édition du 11 novembre 2013, section ACTUALITÉS, écran 10

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LE SPVM DEVRA ATTENDRE POUR L’ACHAT DE SON BATEAU
ANNABELLE BLAIS LA PRESSE
Après le camion blindé de 365 000 $ présenté la semaine dernière, voilà que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) souhaite faire l’acquisition d’un bateau d’une valeur de 376 000 $. Or, la Ville de Montréal a annulé le contrat, car elle soupçonnait de la collusion. Et le nouvel appel d’offres vient d’être annulé faute de soumissionnaires. La Ville invite maintenant les policiers à revoir leurs priorités.

« C’est la démonstration parfaite de la collusion 101. » C’est en ces termes que Christian G. Dubois, responsable de la sécurité publique au comité exécutif, avait décrit les résultats de l’appel d’offres pour l’achat d’un bateau pour la patrouille nautique du SPVM.

En septembre dernier, le comité exécutif a donc refusé la recommandation de ses fonctionnaires d’attribuer le contrat à Expéditions sur les rapides de Lachine ltée. Cette entreprise était la seule à présenter une soumission conforme, et proposait de vendre un bateau MetalCraft Marine au SPVM pour la somme de 376 888 $.

Le deuxième soumissionnaire, l’entreprise MetalCraft Marine Inc., en Ontario, proposait le même bateau pour 341 916 $. Mais sa soumission a été jugée non conforme, car l’entreprise avait omis de signer un document.

Expéditions sur les rapides de Lachine ltée comptait acheter l’embarcation à MetalCraft Marine Inc. pour la revendre à profit au SPVM.

« Je trouve inadmissible qu’un dossier comme ça arrive à l’exécutif… que ça passe entre les lignes, je ne comprends pas ! », avait déclaré M. Dubois, au moment où le comité exécutif a rejeté la recommandation.

Expéditions sur les rapides de Lachine ltée reconnaît avoir pris contact avec MetalCraft Marine Inc. pour demander s’il comptait soumissionner. Mais elle se défend d’avoir tenté d’organiser une collusion.

« Je leur ai demandé quel était leur prix pour mettre 10 % de plus, car je savais qu’ils ne pourraient pas offrir le service de suivi, a expliqué à La Presse Éric Gervais, capitaine et représentant pour la compagnie montréalaise. Par exemple, si un bateau tombe en panne, il faut envoyer un mécanicien, etc. Nous, on a les équipements pour faire ça. »

M. Gervais assure qu’il a été le premier surpris de se retrouver seul soumissionnaire en raison du dossier incomplet de MetalCraft Marine Inc.

Les deux entreprises se connaissent toutefois très bien. « Les premiers bateaux qu’ils ont fabriqués, c’était pour nous, a indiqué M. Gervais. Quand des Québécois veulent un Metalcraft, on devient un peu leur “dealer”, car ils ne parlent pas français. Et quand il y a des réparations à faire, on les fait pour eux et on envoie la facture. »

Nouvel appel d'offres

Le SPVM confirme que des vérifications ont été effectuées en raison de certains doutes, mais a conclu qu’il n’y avait pas eu de collusion. La Ville a tout de même préféré lancer un nouvel appel d’offres.

Cet appel d’offres précisait toutefois que le bateau devait être un MetalCraft Marine, modèle Patrol Rib, ce qui limite considérablement le nombre de fournisseurs. La firme ontarienne s’étant retirée de la partie, aucune soumission n’a été faite.

Le SPVM devra « revoir sa stratégie », a indiqué Valérie De Gagné, de la division des affaires publiques à la Ville de Montréal, et chercher un modèle moins cher.

Le camion blindé du SPVM acheté cette année avait quant à lui été attribué sans appel d’offres en raison des besoins spécifiques du SPVM et du nombre limité d’entreprises capables d’offrir un tel véhicule.

« Pas un caprice »

À l'heure actuelle, le SVPM possède deux embarcations pneumatiques qui ne peuvent naviguer en eaux profondes ou dans les rapides.

« Montréal est une île et, durant l’été, on a le plus grand nombre de bateaux de plaisanciers de tout le Québec, a expliqué André Durocher, inspecteur à la division de la sécurité routière, dont relève la patrouille nautique. Nos embarcations datent de 2003 et 2006. On fait beaucoup de sensibilisation, de prévention et des sauvetages. »

Cette patrouille nautique, qui existe depuis le milieu des années 90, selon M. Durocher, compte environ 10 patrouilleurs, selon les saisons, et intervient notamment sur le fleuve Saint-Laurent, la rivière des Prairies et le canal de Lachine.

« On souhaite une embarcation polyvalente en raison de la diversité de nos interventions, a-t-il affirmé. C’est loin d’être un caprice, c’est un besoin réel. »

En 2010, la Ville de Gatineau a acheté un bateau à MetalCraft Marine pour 183 000 $. Mais le SPVM souhaitait un modèle plus grand, de même qu’une remorque, ce qui peut expliquer en partie la différence de prix.

Le SPVM avait déjà accepté de changer de modèle en 2012, après que la Ville eut refusé d’accorder un contrat au seul soumissionnaire de l'époque, Soudire Technical 13 inc., qui proposait une embarcation pour 433 582 $.

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