L'origine et le rôle de la police dans la société capitaliste

L'origine et le rôle de la police dans le système capitaliste!

La police est censée protéger les citoyens-ennes mais le fait est qu’elle mène une guerre contre ceux et celles qu’elle est censée protéger. L’État n’est pas NEUTRE, il est un instrument politique et militaire au service d’une classe. Dans notre société capitaliste, l’État est celui de la bourgeoisie. La conception du monde de la bourgeoisie rejailli dans toutes les sphères de la société. Dans ce cas ,comment la police pourrait-elle être civilisée quand le rôle de l’État est de maintenir le système capitaliste en place? Le capitalisme est en crise, ce n’est pas une crise passagère, c’est la crise terminale, celle qui marque ses limites historiques. Il n’aura plus rien à proposer de bon, mis à part l’augmentation de la barbarie : le fascisme. La bourgeoisie n’hésitera pas à violer ses propres lois pour maintenir sa domination.

Le capitalisme a su mettre en place un régime de contre-révolution préventive et, contrairement à ce que l’on pense, ce n’est pas la violence qui est au centre de la stratégie, mais divers dispositifs qui détournent la volonté de lutter. La démocratie capitaliste sait manœuvrer, elle a mise en place de nombreux garde-fou pour éviter que nous puissions construire la révolution dans le calme. L’idéologie et la culture ont une place centrale dans les pays impérialistes. Ce processus est tellement puissant qu’il a réussi à faire accepter comme sien au peuple une culture allant à l’encontre de ces besoins. Individualisme, patriarcat, racisme, élitisme, culte de la réussite, culture de l’argent, posture ostentatoire, paresse intellectuel, consommation, gaspillage sont quelques aspects de cette culture bourgeoise en décomposition. La domestication démocratique, avec la machinerie électorale, couplé avec le culte de l’État ‘au-dessus des classes’ a introduit la conception que LE politique c’est pendant les élections. 

Il est impossible de se débarrasser de la violence policière sans se débarrasser du capitalisme. L'institution de la police assume un rôle précis dans notre société : elle est le bras armé du patronat et des élites politiques. Les policiers-ères se retrouvent ainsi dans une situation contradictoire : travailleurs-euses en uniforme, ils vendent leur force de travail à un employeur qui leur demande de violenter les jeunes et les travailleurs-euses qui appartiennent à la même classe sociale qu'eux. Il est incontournable de diviser l'État et la police pour consolider les bases. Nous devons exiger l'exclusion des éléments intolérants des rangs de la police, l'abolition des unités spécialisées dans la répression et les renseignements et la suppression des dossiers politiques.

Un peu d'histoire!
Pour avoir une idée de ce qui est spécial au sujet de la police moderne, il aidera à parler de la situation où le capitalisme ne faisait que commencer. Dans les années 1700, la classe dominante de l'époque n'était pas dans les villes. Les propriétaires féodaux étaient basés dans la campagne. Ils-elles pouvaient rassembler les forces armées afin de terroriser les Serfs, qui étaient semi-esclaves, ou luttaient contre d'autre nobles. Mais ces forces n'étaient pas professionnel ou à temps plein. La population des villes était surtout des Serfs qui avaient acheté leur liberté, ou simplement échappés de leurs maîtres. Ils étaient connus comme bourgeois, ce qui signifie citadin.

Dans ces dites villes, les citoyens-ennes avaient leurs propres tribunaux et petites armées composées de citadins-es eux-mêmes. Si une personne avait été volé ou agressé, c'était alors au citoyen-enne de déposer des charges. Un exemple de cette justice ''do-it-yourself''; Si vous étiez dans un marché et vous avez vu quelqu'un voler, vous étiez censé crier et hurler, en disant "Au voleur!» Et courir après le/la voleur-euse. Le reste de l'affaire était que quiconque qui vous a vu faire cela devait s'ajouter et faire la même chose.

Les villes n'avaient pas besoin de flics parce qu'elles avaient un degré élevé d'égalité sociale, qui donnait aux gens un sentiment d'obligation mutuelle. Au fil des ans, les conflits de classe se sont intensifiés.
Le capitalisme a subi des changements majeurs à mesure qu'il grandissait à l'intérieur de la société féodale. La taille des exploitations a commencé à croître astronomique lors de la conquête des Amériques, comme l'or et l'argent qui été pillés du Nouveau Monde, et des Africains-ennes qui ont été enlevés pour travailler dans les plantations.
De plus en plus de choses ont été produits pour la vente sur le marché. Les perdants-es de la concurrence ont commencé à perdre leur indépendance en tant que producteurs-ices et ont dûs-es prendre des emplois au salaire. Mais dans des endroits comme l'Angleterre, la plus grande force motrice des gens à chercher du travail salarial était le mouvement approuvé par l'État à conduire les paysans-annes hors de leurs terres.

La bourgeoisie capitaliste est devenue une couche sociale très distincte. Il n'y avait encore pas de flics, mais les classes riches ont commencé à recourir de plus en plus à de la violence pour réprimer la population pauvre. Parfois, l'armée recevait l'ordre de tirer sur la foule rebelle, et parfois les constables arrêtaient les leaders et les pendaient. Donc, la lutte de classe commençait à chauffer, mais les choses ont vraiment commencé à changer quand la révolution industrielle a décollé en Angleterre.

Au même moment, les Français allaient dans une révolution politique et sociale de leur propre gré, commençant en 1789. La réponse de la classe dirigeante britannique a été la panique, considérant la possibilité que les travailleurs-euses anglais-es pourraient suivre l'exemple des Français. Ils interdirent la création de syndicats et des réunions de plus de 50 personnes. Néanmoins, les travailleurs-euses anglais-es firent des manifestations et ainsi que des grèves, de plus en plus grandes, d'environ 1792 à 1820. La réponse de la classe dirigeante fût d'envoyer l'armée. Mais il n'y a vraiment que deux choses que l'armée pouvait faire; ils-elles pouvaient refuser de tirer, et la foule s'en tirait avec ce qu'ils-elles étaient venus faire, ou ils-elles pouvaient tirer sur la foule et produire des martyrs-es de la classe ouvrière. Comme, par exemple, en 1819, quand l'armée a chargé une manifestation de 80 000 personnes, faisant des centaines de blessé-es et tuant 11 personnes.) Cet événement a provoqué une vague de grèves et de manifestations.
La tactique de pendre les leaders des mouvements a commencé à se retourner contre eux-elles. Une exécution exercait un effet intimidant sur une foule de 100 personnes, mais devant une foule allant jusqu'à 50 000 partisans-es du/de la condamné-e, les exécutions leurs donnaient juste plus envies de se battre. La croissance des villes britanniques, et la croissance de la polarisation sociale en leur sein, qui sont deux changement quantitatifs, ont commencé à produire de nouveaux foyers de lutte.

La classe dirigeante a alors penser avoir besoin de nouvelles institutions pour contrôler ces nouveaux foyers de luttes. L'une d'elles était la police de Londres, fondée en 1829. La nouvelle police a été spécialement conçu pour infliger de la violence non létale sur la foule.Lorsque la police de Londres n'étaient pas concentrée en escouades de contrôle des foules, ils-elles étaient dispersés-es dans la ville pour surveiller la vie quotidienne des pauvres et de la classe ouvrière. Cela résume la double fonction distinctive de la police moderne: Il y a la forme dispersée de la surveillance et de l'intimidation qui est fait au nom de la lutte contre la criminalité; et puis il y a la forme concentrée de l'activité à prendre sur les grèves, émeutes, et des grandes manifestations.

Police de New york :
Pendant la période coloniale avait lieu une célébration annuelle de la Journée du pape, dans laquel les membres de la majorité protestante paradait dans les rues avec des effigies, dont une du Pape, qui terminait brûler sur la place publique. À cette période, le Jour pape ne conduisait généralement pas à de la violence contre les catholiques, car il y en avait seulement quelques centaines à New York et il n'y avait pas d'église catholique dans la ville.Ces traditions étaient bruyantes certe, mais avaient tendance à renforcer le lien entre la classe ouvrière et l'élite.
La classe ouvrière a également été lié à l'élite par une surveillance personnelle constante. Cela s'appliqait pour les esclaves et les serviteurs-euses de maison, mais les apprentis-es et artisans-es vivaient également dans la maison du maître. Donc il n'y avait pas beaucoup de ces personnes dans les rues à toutes les heures. En fait, il y avait une ordonnance coloniale qui stipulait que les gens qui travaillaient pouvaient se promener dans les rues seulement quand ils-elles allaient/revenaient du travail.
Dans ces circonstances, où la plupart des gens étaient déjà supervisés pendant la journée, il n'y avait pas besoin de police régulière. Il y avait une garde de nuit, qui tentait d'empêcher le vandalisme, et également d'arrêter toute personne noire qui ne pouvaient pas prouver qu'il-elle était libre. Ces gardes n'étaient professionnels en aucune façon. Toute ces personnes avaient un emploi de jour et devenait temporairement la nuit un garde, de sorte qu'il y ait un roulement et de toute façon, tout le monde détestait le faire. Les riches payaient du monde pour faire cette job quand venait leurs tours.
Pendant la journée, un petit nombre de constables étaient de service, mais ils-elles n'étaient pas de patrouille. Ils-elles étaient des agents de la Cour qui exécutaient des sommations et des mandats d'arrêt. Dans les années 1700 et jusque dans les années 1800, le système reposait presque entièrement sur des informateurs-rices civils-es qui recevaient, comme paye, une partie de l'amende que le-la contrevenant-e devait payer.

La période révolutionnaire a changé quelques petites choses sur le rôle des foules et la relation entre les classes. Dans les années 1760, en commençant par l'agitation contre le Stamp Act, l'élite marchande et les titulaires de propriété ont approuvé de nouvelles formes de mobilisation populaire. Ce sont de nouvelles manifestations bruyantes et émeutes qui vivent le jour, emprunté des traditions existantes. Au lieu de brûler une effigie pape, ils-elles brûlaient une effigie du gouverneur ou du roi George.
Les membres de l'élite pouvaient être présents-es, mais le corps de ces foules était les travailleurs-euses qualifiés-es, collectivement connues sous le nom de ''mécaniques''. Cela signifie qu'un maître était dans la foule avec ses compagnons-onnes et apprentis-es. Les personnes de rang social plus élevé avaient tendance à voir les maîtres artisans comme leurs lieutenants pour mobiliser le reste de la mécanique.

Alors que le conflit avec la Grande-Bretagne s'est intensifié, les ''mécaniques'' sont devenues plus radicalisées et se sont organisées indépendamment de l'élite coloniale. Il y avait des frictions entre la mécanique et l'élite. Quand les Britanniques ont été défaits et l'élite a mis en place leur propre gouvernement, ils-elles en ont eu assez de toute cette agitation de rue. Ils-elles ont continué les rébellions et émeutes dans les nouveaux États-Unis indépendant, mais prenaient de nouvelles formes, en partie parce que le développement économique brisait l'unité de la mécanique elle-même.

D'environ 1750 à 1850, la structure corporative s'écroulait parce que la relation de contrôle externe commencait à se décomposer. Le commerce qui venait de d'autres ville porterait atteinte à la capacité des maîtres de fixer les prix, de sorte que les ateliers ont été jetés dans la concurrence d'une manière qui est familière aujourd'hui. La concurrence a conduit les maîtres à devenir plus comme des entrepreneurs, recherchant l'innovation économique du travail, et le traitement de leurs travailleurs-euses a commencer a se dégradé. Les entreprises sont devenues plus grandes et plus impersonnelles, comme des usines avec des dizaines d'employés-es.

Dans les premiers décennies du 19ème siècle, les employés-es n'ont pas uniquement perdus-es que leurs contrats à long terme, mais ont également perdus-es leurs places à vivre dans les maisons des maîtres. Les apprentis-es ont trouvé cela comme une expérience libératrice; ils-elles pouvaient aller et venir à leur guise et créer leurs propres vies sociales. Cette vie en plein air a fait en sorte que ces jeunes ont commencé à se mêler aux autres parties de la population. Ce mélange n'était pas toujours paisible; l'immigration irlandaise catholique s'est élargi après 1800. Les Irlandais ont été séparés par quartiers, vivant souvent aux côtés des personnes noires, qui étaient elles-mêmes désormais environ 5% de la population. En 1799, les protestants-es ont brûlé une effigie de Saint-Patrick, et les Irlandais ont riposté. Ces batailles sont réapparues au cours des prochaines années, et il était clair aux Irlandais que les constables et la garde de nuit prenaient parti contre eux-elles. Donc, avant même qu'il y ait la police moderne, les hommes et femmes de loi faisaient du profilage racial. L'élite de la ville a pris note de l'absence de respect des Irlandais face aux gardes, ainsi que de leurs combativités, et réagi en élargissant la garde et en faisant ses patrouilles plus ciblées. Idem pour les Africains qui habitaient dans ces mêmes quartiers et avaient la même attitude que les Irlandais.

Ces divisions sectaires et raciales constituait la concurrence économique, puisque les travailleurs-euses irlandais-es étaient généralement moins qualifiés-es et avaient des salaires inférieurs à ceux des artisans-anes. Dans le même temps, les maîtres essayaient d'enlever les compétences des emplois dans les ateliers. De cette façon, les apprentis-es anglophones sont devenus-es une partie d'un véritable marché du travail comme ils-elles ont perdu leurs contrats à long terme. Lorsque c'est arrivé, ils-elles se sont trouvés-es dans un échelon au-dessus des immigrants-es irlandais sur l'échelle des salaires. Les travailleurs-euses noirs, qui effectuaient le service domestique ou travaillaient comme ouvriers-ères généraux, étaient un échelon ou deux en bas, sur l'échelle des salaires, de l'irlandais-e.

Dans ces décennies, toutes les sections de la classe sont entrées en action collective en leur propre nom. La formule la plus commune de ces actions était l'émeute. De 1801 à 1832, les New-Yorkais noir déclenchèrent une émeute à quatre reprises pour empêcher les anciens esclaves d'être renvoyés-es à leurs maîtres. Ces efforts ont généralement échoué, la garde répondait violemment, et les participants-es ont reçu des peines particulièrement sévères. Les abolitionnistes blancs se sont joints aux condamnations de ces émeutes. Donc, ces émeutes illustrent l'auto-activité populaire, malgré la désapprobation de l'élite, sans parler de la disparité raciale dans l'application de la loi.
Il y avait également le harcèlement des blancs sur les églises et théâtres des personnes noires, parfois s'élevant au niveau des émeutes. Les immigrants-es pauvres ont été impliqués-es, mais parfois les Blancs riches et les constables eux-mêmes y prenaient part. Une émeute anti-Noir a fait rage pendant trois jours en 1826, endommageant des maisons et des églises noires, ainsi que des maisons et églises de ministres abolitionnistes blancs. Mais ce n'était pas seulement un conflit entre les noirs et les travailleurs blancs. En 1802, les marins blancs et noirs se sont alliés pour demander des salaires plus élevés;les grévistes désactivèrent les navires. Ils s'unissèrent aussi à travers les lignes raciales et sectaires dans les grèves militantes.

Les grèves dans les métiers spécialisés se sont passées en 3 vagues, commençant en 1809, 1822 et 1829. Chaque vague était plus militante et coercitif que la précédente. En 1829, les employés-es ont mené un mouvement afin de limiter la journée de travail à 10 heures et ont créé le Parti des Travailleurs. Le parti s'est effondré dans la même année, mais il a conduit à la fondation de l'Union Générale du Commerce en 1833. Alors que les travailleurs-euses sont devenus-es plus conscients-es d'eux/elles-mêmes en tant que classe, ils-elles ont aussi commencé à s'engager de plus en plus dans des émeutes appelées "run-of-the-mill", où des foules se réunissaient dans les tavernes, les théâtres ou dans la rue. Ces émeutes n'avaient peut-être pas d'objectif économique ou politique clair, mais ils étaient encore des cas d'affirmation collective par la classe ouvrière, ou par des fractions ethniques et raciales de la classe. Dans les premières décennies du siècle, il y avait de ces émeutes environs quatre fois par année, mais dans la période de 1825 à 1830, les New-Yorkais se sont révolté-es à raison d'une fois par mois.

Une de ces émeutes a particulièrement alarmée l'élite. Connue comme l'émeute de Noël de 1828, une foule d'environ 4000 jeunes travailleurs-euses anglophones sorti leurs tambours et se dirigea vers Broadway où les riches vivaient. Sur le chemin, ils éclatèrent une église africaine et ont battu des membres de l'église. La garde arrêtèrent plusieurs des émeutiers-ères, mais la foule les a sauvé et réussirent à faire fuir la garde. Ils-elles brisèrent des fenêtres des maisons de riches. Puis ils-elles sont repartis-es jusqu'à Broadway parce qu'ils-elles savaient que les riches avaient leur propre célébration à l'Hôtel City, ou ils-elles bloquèrent la porte d'entrée. Un important contingent de la garde s'est présenté, mais les dirigeants-es de la foule ont appelé à une trêve de cinq minutes. Cela a permis à la garde de penser à la lutte qu'ils-elles étaient sur le point de faire face. Lorsque les cinq minutes étaient écoulées, la garde s'écarta, et la foule assourdissante marcha devant euxe-elles jusqu'à Broadway. Ce spectacle de défiance de la classe ouvrière a eu lieu à la vue des familles de New York City. Les journaux ont immédiatement commencé à appeler pour une expansion majeure de la garde, de sorte que l'émeute de Noël a fait accélérer un ensemble de réformes progressives qui a finalement conduit à la création du Département de Police de New York en 1845.

Les réformes de 1845 ont agrandi la force de police et les centralisèrent avec une chaîne avec plus de commandement militaire. La garde a été élargi à 24 heures, et les policiers-ères ont été interdits-es de prendre un deuxième emploi. Le salaire a été augmenté, et la police a arrêté de recevoir une partie des amendes qui étaient extraites des délinquants-es. Cela signifiait que les flics n'allaient plus en patrouille à la recherche de comment ils-elles allaient payer leurs coûts de vie, un processus qui pouvait conduire à une étrange sélection de poursuites. L'élimination du système de la taxe a donné aux commandants-es une plus grande liberté pour définir la politique et les priorités.

Sud des États-Unis
Une des premières polices modernes est arrivé à Charleston, Caroline du Sud, dans les années précédantes l'entrée en vigueur de la police ''professionnelle'' de New York .Ce sont généralement des citoyens-ennes blancs-ches volontaires qui fournissaient leurs propres armes qui constituaient cette police. En 1820, il y avait encore moins de 25 000 personnes, mais la moitié d'entre eux-elles étaient noirs-es. La seule façon que le Sud pouvait retirer une réelle industrialisation était de permettre aux esclaves de travailler dans des emplois salariés dans les villes. Certains-es esclaves appartenaient directement aux propriétaires d'usines. La plupart des esclaves urbains, cependant, étaient détenus-es par des citadins-es blancs-ches qui les utilisaient pour des services personnels et "les louaient" aux employeurs-euses salariés-es. Dans un premier temps, les maîtres ont trouvé des emplois pour leurs esclaves et ont pris tous les salaires pour eux-mêmes. Mais ils-elles ont rapidement trouvé plus pratique de laisser leurs esclaves trouver leurs propres emplois tout en recueillant un montant forfaitaire de l'esclave pour le temps passé loin du maître.

Ce nouvel ensemble de dispositions a fondamentalement modifié la relation entre les esclaves et leurs maîtres. Pendant de longues périodes de temps, les esclaves sortaient sous la supervision directe de leurs maîtres et les esclaves pouvaient faire de l'argent pour eux/elles-mêmes. Beaucoup d'Américains-es africains-es pouvaient même se permettre de vivre en dehors des ménages de leurs maîtres. Les esclaves pouvaient se marier et cohabiter indépendamment. La population blanche du Sud des villes vécure dans la peur constante de l'insurrection. A la campagne, cependant, les Noirs étaient sous surveillance constante, et il y avait peu de possibilitées, au sein du régime de travail épuisant, pour les esclaves d'élaborer de vastes liens sociaux. Les circonstances considérablement plus libres dans les villes signifiait que l'État a dû intervenir pour faire le travail de la répression que les maîtres d'esclaves prenaient généralement soin eux/elles-mêmes.

La garde de Charleston s'est développés par essais et erreurs en une force reconnue de police moderne vers 1820, assurant à la fois le harcèlement de la population noire au jour le jour et de rester sur appel pour de la mobilisation rapide pour contrôler les foules. Il a reçu une grande poussée vers la professionnalisation en 1822 lorsque les plans d'une insurrection d'esclaves coordonnés-es ont été découverts. Les forces policières du Sud était plus militarisées que dans le Nord, avant même la professionnalisation. La gendarmerie étaient l'exception dans le Nord, mais ils-elles étaient la règle dans le Sud. Et la police du Sud avaient constamment leurs fusils et baïonnettes. L'histoire spécifique des forces de police varie dans toutes les villes américaines, mais puisqu'ils-elles étaient confrontés-es à des problèmes similaires, c'est-à-dire à réprimer les travailleurs-euses urbains-es et les pauvres, ils-elles ont tous-tes tendance à converger vers des solutions institutionnelles similaires. L'expérience du Sud renforce également le point qui était déjà clair dans le Nord: le racisme anti-Noir a été construit dans le travail de la police américaine dès le premier jour.

La montée de la police
La montée de la police moderne coïncidait avec la montée de l'éducation publique. Les écoles publiques habituaient les enfants à la discipline du travail capitaliste; les enfants étaient séparés de leurs familles pour effectuer une série de tâches, sous la direction d'une figure d'autorité, selon un calendrier et une horloge. Le mouvement de réforme scolaire des années 1830 et 1840 visait également à former le caractère moral des élèves. L'effet de ce dernier devait être que les étudiants-es se soumettreraient à l'autorité, qu'ils-elles seraient en mesure de travailler dur, exercer la maîtrise de soi, et de retarder la gratification.

En fait, les concepts de civisme, qui sortaient des mouvement de réforme de l'école, ont été parfaitement alignés avec les concepts de la criminologie qui ont été inventés pour catégoriser les gens dans la rue. La police était concentrer non seulement sur la criminalité, mais sur les types de criminels-elles, sur les méthodes de profilage soutenu par les pouvoirs prétendument scientifiques. Le-la «délinquant-e juvénile», par exemple, est un concept qui est commun à l'école et la police et a contribué à lier les deux activités dans la pratique. Cette idéologie de civisme était censé avoir un grand effet dans la tête des élèves, les encourageant à penser que les problèmes de la société provenaient des actions de "méchants-es". Un objectif clé de la scolarité devait être d'implanter un certain type de conscience chez les élèves, pour qu'ils-elles commencent à s'autodiscipliner.

Inutile de dire qu'un système analytique pour diviser la société entre les bons et les méchants-es est parfait pour identifier des boucs émissaires, en particulier ceux raciales. Un tel système moraliste était (et est) également un concurrent direct à une vision du monde de la conscience de classe, qui identifie l'antagonisme fondamental de la société dans le conflit entre exploiteurs-euses et exploités-es. L'activité de la police va donc au-delà de la simple répression, il "enseigne" une idéologie de bon et mauvais citoyen-ennes qui concorde avec les leçons de la salle de classe.

Le point global est que l'invention de la police faisait partie d'une expansion plus large de l'activité de l'Etat pour prendre le contrôle sur le comportement au jour le jour de la classe ouvrière. Scolarité, l'assistance aux pauvres et la police travaillaient tous dans le but de façonner les travailleurs-euses à devenir utiles et fidèles à la classe capitaliste.(1)

Police au Canada
À la suite de la rébellion des Patriotes de 1837-1838, le premier service de police moderne vit le jour en Amérique du Nord. La nouvelle organisation avait pour objectif de maintenir l’ordre dans les rues, de prévenir le crime et de surveiller les activités politiques des populations rebelles. Au fil du siècle, l’ennemi républicain évolua progressivement pour prendre la forme du Fenian, cet Irlandais désirant venger son pays en lançant des incursions dans les colonies britanniques à partir des États-Unis. Des deux côtés de la frontière, la décennie 1860 vit ainsi apparaître plusieurs douzaines d’agents-es de renseignements dans les bars et tavernes. Leurs objectifs était de surveiller les activités subversives de ces Irlandais menaçant les frontières canadiennes.

En mai 1873, ce fut au tour de la North-West Mounted Police (la Police montée du Nord-Ouest) de voir le jour. La mission de ce nouveau corps policier était clairement définie : l’Ouest canadien devait devenir blanc, anglais et protestant. Fidèle à ses objectifs d’origine, cette organisation participa à l’écrasement de nombreuses révoltes autochtones et ouvrières tout au long du xixe siècle. C’est après la grève insurrectionnelle de Winnipeg, en 1919, que la police montée devint la Gendarmerie Royale du Canada (GRC). Si la peur du communisme n’en était encore qu’à ses tout débuts, elle n’en fut pas moins intensifiée par la montée en influence du syndicalisme.

En 1938, le gouvernement ultraconservateur de Maurice Duplessis réorganisa la police provinciale en quatre services distincts : la police judiciaire, la gendarmerie, la police de la route et la police des liqueurs. La même année fut adoptée la Loi du cadenas. Cette loi – qui ne définissait aucunement ce qu’était le « communisme », car le communisme selon Duplessis, « ça se sent » – mena à la fermeture de tout établissement soupçonné d’héberger des activités subversives. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la peur des « Rouges » de même que l’espionnage et le contre-espionnage qui en étaient le corollaire atteignirent leur paroxysme. Jusqu’en 1980, des milliers de personnes furent épiées, voire intimidées, simplement parce qu’elles étaient de gauche. Un programme du gouvernement – le Prominent Functionaries of the Communist Party (PROFUND) – prévoyait même l’internement de quelques 3 000 sympathisants-es communistes. À cet effet, huit camps d’internement furent mis sur pied. À la demande du gouvernement américain, les éléments subversifs incluaient désormais certains universitaires et les homosexuels, ces derniers étant soupçonnés d’être des éléments faibles dans le système de défense nationale propre à la Guerre froide. La lutte contre le communisme trouva également son prolongement dans le monde des idées, des arts et du cinéma (l’Office national du film fut placé en tête de liste) ; des centaines de carrières furent ruinées, des intellectuels-elles et des artistes furent déportés-es.

À partir des années 1960, avec la montée de la « Nouvelle Gauche », la liste noire s’allongea encore une fois. On y ajouta désormais les Noirs, les féministes, les étudiants-es, etc. Au Québec, l’indépendantiste devint, comme le communiste, une des figures menaçant l’ordre et la sécurité. Légalement ou non, les forces de l’ordre menèrent à cet ennemi « intérieur » une lutte sans merci, à un point tel que les actes illégaux, mis en lumière par les commissions Keable et MacDonald, forcèrent des réformes majeures dans les années 1980. Ces réformes menèrent principalement à l’apparition du Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS), en 1984.(2)

Conclusion :
La police existe pour maintenir l’ordre social au service du capitalisme et de l’État; elle n’est pas intéressée à réduire le crime, mais plutôt à augmenter le contrôle social. Ils-elles sont ceux qui lancent des gaz lacrymogènes et qui tirent des balles de plastique à toutes les fois qu’une manifestation échappe à leur contrôle, qui attaquent les travailleurs-euses et les étudiants-es en grève. Ils-elles sont ceux-celles qui séparent les affamés-es des étagères pleines de bouffe des marchés, les sans-abris-es des immeubles vacants, les immigrants-es de leurs familles de l’autre côté de la frontière.

La police est celle qui met les gens en cage. Ils-elles sont ceux-celles qui en convainquent plusieurs-es de vivre en cage selon leurs propres volontés, mûs-es par la peur. Ils-elles sont ceux-celles qui protègent les riches, les patrons-onnes, leurs propriétés – pas nous. Le capitalisme est un système qui nous est imposé. Aussi longtemps que des gens pourront défier la hiérarchie de l’élite gouvernante, la police sera nécessaire pour réguler, discipliner, contrôler. La violence policière n’est pas un accident – c’est notre quotidien. Elle ne peut pas être séparée d’un contexte plus large où les mesures d’austérité s’accroissent et où le contrôle social s’intensiffe avec les nouvelles prisons, des lois plus sévères, avec l’omniprésence des technologies de surveillance.

Le problème n’est pas juste la violence de la police, mais la police elle-même tout comme les tribunaux, les lois et les prisons, qui maintiennent la misère que le capitalisme nous impose. La police ne peut nous dominer que si nous demeurons isolés-es. Si tous-tes ceux-celles qui l’haïssent se soulèvent ensemble, ils-elles seront impuissants-es à nous arrêter. En Égypte, cela n’a pris qu’une semaine pour faire brûler tous les postes de police et pour obliger les départements de police à s’évaporer. C’est pourquoi notre colère doit se transformer en action, comme quand les gens ont pris la rue pour y vivre l’émeute après le meurtre de Freddy Villanueva par les cochons à Montréal-Nord, quand les Mohawks ont érigé des barricades armées à Kanehsatake et à Kahnawake en 1990 ou encore plus récemment durant les manifs confrontationnelles qui ont fleuri du terrain de la grève étudiante, où les gens attaquent régulièrement la police avec tout ce qu’ils/elles peuvent, des roches aux cocktails molotov, brisent leurs chars ainsi que leurs équipements et détruisent leurs postes.

La police est un des plus importants obstacles à la réalisation de l’anarchie– une situation qui requiert des gens qui vivent selon leurs propres initiatives, seulement mettant en application ce qu’ils-elles sentent comme étant dans le meilleur intérêt. Les conflits devront être résolus dans un but de satisfaction mutuelle pour tous les partis impliqués, pas supprimés par un gang qui s’est approprié le monopole de la force.

JUSQU’ÀCE QU’IL N’Y AIT PLUS DE POLICES PATROUILLANT LES RUES, ARRÊTANT CEUX/CELLES QUE NOUS AIMONS ET NOUS HARCELANT À TOUS LES COINS DE RUE

LA POLICE SERA ATTAQUÉE TOUT COMME LEURS CAGES ET LES SYSTÈMES DE DOMINATION QU’ILS-ELLES ESSAIENT DE PROTÈGER!

Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière
Texte originalement écrit pour la CLAC