Plus de 300 personnes manifestent contre la violence contre les Noirs

Quelques centaines de personnes ont participé à un rassemblement avant de manifester dans les rues de Montréal pour dénoncer la violence policière envers les noirs et souligner leur solidarité avec les communautés afro-américaines, mercredi.

Les manifestants se sont rassemblés au parc Nelson-Mandela, dans le quartier Côte-des-Neiges, répondant à l'appel de la Ligue des noirs du Québec, une semaine après les évènements qui ont secoué la communauté afro-américaine.

Environ 300 personnes «de toutes races» se sont présentées. Une dizaine d'entre elles sont tour à tour montées sur une table à pique-nique pour prononcer allocutions, déclamer des poèmes et des slams, a raconté le vice-président de la Ligue des Noirs du Québec, Gabriel Bazin.

La mort des deux hommes noirs américains tués par des policiers, la semaine dernière à Bâton-Rouge, en Louisiane, et à Falcon Heights, au Minnesota, a été évoquée à plusieurs reprises.

Si une liste de personnes qui allaient prendre la parole avait été dressée par les organisateurs du rassemblement, l'évènement a vite tourné à la spontanéité. Des membres de la communauté noire, encouragés par leurs pairs, se sont levés pour s'exprimer dans un élan improvisé.

La foule s'est resserrée autour de la table de pique-nique qui faisait office de promontoire.

La mort de cinq policiers la semaine dernière lors d'une manifestation contre la brutalité policière à Dallas, au Texas, a également été soulignée. Plusieurs intervenants ont appelé à un travail de collaboration plutôt que de confrontation entre les policiers et les membres de la communauté noire.

Les évènements récents de la semaine dernière ont certainement encouragé ces Montréalais à venir exprimer leur solidarité malgré la chaleur accablante, mercredi, croit Gabriel Bazin. Ce dernier a d'ailleurs mis un terme au rassemblement en invitant les gens à garder une minute de silence.

Les mains tremblotantes et la voix chevrotante, Anhamé Wolfe, une jeune femme noire queer, a raconté, sur la table de pique-nique, son expérience en tant que noire.

Celle qui s'appelait auparavant Roxane a grandi dans une famille blanche «raciste» à Prévost, dans les Laurentides. «Je me faisais tout le temps dire: "Oui, mais toi tu n'es pas une vraie black, tu n'agis et tu ne parles pas comme une black". Pour eux, c'était quelque chose de positif.»

En arrivant à Montréal, la jeune femme a été confrontée à «un choc culturel» et à une rencontre avec son identité réelle. «On m'avait enseigné à détester ma couleur», a-t-elle confié à La Presse Canadienne.

Plusieurs intervenants ont souligné que les cas de profilage racial surviennent aussi à Montréal. Les noms de Trayvon Martin (un jeune noir tué par un surveillant de voisinage latino en Floride) et de Michael Brown (un autre jeune noir non armé abattu par un policier blanc à Ferguson) se sont mêlés à ceux de Fredy Villanueva, d'Alain Magloire et même d'Anthony Griffin, tué par un policer à Montréal en 1987, ont été évoqués.

«Tout ça se passe ici à Montréal. Si l'on ne se lève pas pour les nôtres et seulement pour ceux des États-Unis, on ne fait pas notre travail», a fait valoir Will Prosper.

Jennifer Sidney, une femme d'origine haïtienne qui a pris la parole, a pour sa part interpellé le premier ministre Justin Trudeau, l'appelant à ne pas oublier d'agir pour ceux qui votent pour les libéraux.

D'autres causes ont aussi été évoquées, notamment celles des communautés autochtones et LGBTQ.

Anhamé Wolfe s'est réjoui d'une telle convergence des messages, même si, selon elle, ce n'est qu'un début. «Les oppressions sont faites de la même façon. C'est toujours par la dérision, l'humour, l'agressivité et le détachement même», a ajouté celle qui côtoie plusieurs communautés.

Le rassemblement de mercredi soir a donné lieu à des performances artistiques telles que des slams et des lectures de poèmes.

Plusieurs participants ont ensuite entamé une marche sur la rue Victoria et Queen-Mary. Ils se sont rendus vers le Plateau-Mont-Royal en passant par le centre-ville, s'arrêtant notamment au parc Jeanne-Mance. À 21h30, la police n'avait encore déploré aucun incident.

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