Une 2e manifestation pro-Gaza tourne mal à Paris

De jeunes Français ont à nouveau défié l'interdiction de manifester contre l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, dimanche, affrontant les policiers, incendiant des véhicules, pillant des magasins et attaquant deux synagogues dans la banlieue de Paris.

Les policiers, appuyés par un hélicoptère qui bourdonnait dans le ciel, ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes et des tirs de balles en caoutchouc durant la confrontation qui a duré plusieurs heures à Sarcelles, où vit une importante communauté juive.

C'est la deuxième fois en deux jours que des manifestations propalestiniennes tournent à la violence en France. Le rassemblement de dimanche, tout comme celui de samedi, avait été interdit par les autorités pour maintenir le calme, après les violences survenues lors d'une précédente manifestation, le 13 juillet, lors de laquelle deux synagogues et des magasins appartenant à des juifs ont été pris d'assaut par des manifestants.

Les violences au Proche-Orient ont avivé les tensions en France, qui abrite les plus grandes communautés musulmanes et juives d'Europe de l'Ouest.

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a déclaré dimanche soir que la synagogue de Sarcelles a été attaquée par des manifestants. Selon le groupe, des cocktails Molotov ont aussi été lancés contre une autre synagogue près de Garges-lès-Gonesse, déclenchant un petit incendie qui a été rapidement maîtrisé.

Le CRIF a dénoncé des « groupes fanatiques » derrière l'attaque.

« La violence antisémite s'alourdit et s'aggrave chaque jour; il est temps aujourd'hui de la considérer comme relevant d'une forme de "dérive terroriste" et de la traiter comme telle », a déclaré l'organisation dans un communiqué.

Les violences se sont produites quelques heures après que la France eut rendu hommage aux 13 000 juifs arrêtés lors d'une vaste rafle et déportés vers le camp d'Auschwitz, il y a 72 ans.

Le premier ministre Manuel Valls a dénoncé sur internet « une nouvelle forme d'antisémitisme » qui, selon lui, se répand parmi les jeunes des quartiers populaires.

« La France ne laissera pas les esprits provocateurs alimenter je ne sais quel conflit entre les communautés », a dit M. Valls dans un discours.

Lors d'une cérémonie visant à honorer le couple Klarsfeld, célèbres chasseurs de nazis, le président François Hollande a déclaré dimanche que la France ne tolérerait « aucun acte, aucune parole qui puisse faire ressurgir l'antisémitisme et le racisme ».

Mais ces paroles ne semblent pas avoir trouvé dimanche écho à Sarcelles. Plusieurs centaines de jeunes manifestants se sont séparés de la manifestation principale, qui était pacifique, et ont affronté la police. Certains ont attaqué des synagogues, selon le CRIF. Plusieurs jeunes juifs, certains munis de bâtons, ont encerclé une synagogue pour la « protéger », sous la surveillance d'une rangée de policiers.

Samedi à Paris, de jeunes manifestants propalestiniens ont incendié des véhicules et brisé les vitrines de certains magasins dans le quartier Barbès.