Des organisations dénoncent la violente répression militaire et policière contre les contestations sociales au Chili

La communauté chilienne s’est mobilisée à Montréal lors de trois manifestations qui avaient comme objectif de visibiliser l’énervement de la population face à l’état d’urgence qui a été imposé le 18 octobre dernier par le gouvernement de Sebastián Piñera. L’état d’urgence au Chili a entraîné un déploiement massif des forces militaires et policières dans les principales villes et régions du pays. Selon des données émises le 21 octobre par l’institut national des droits humains INDH, cette crise a entraîné un bilan alarmant de plus de deux milles personnes détenues et des centaines de bléssé.e.s,. De plus l’INDH a déjà entamé des dénonciations de tortures.

Le catalyseur du mécontentement social a été la hausse des tarifs pour le transport public. Cette hausse a mis de l’emphase contre les mesures néolibérales imposées par les gouvernements successifs qui ont eu d’importants impacts sur les conditions de travail et de vie de la majorité de la population. Une grande partie de la communauté chilienne à Montréal a vécu l’exil causé par la dictature de Pinochet et les disparitions ou exécutions forcées qui en ont découlé. La situation actuelle, leur rappelle les pires jours du régime militaire de l’époque.

La communauté chilienne fait un appel de solidarité internationale en dénonçant la censure médiatique qui réduit l’ampleur des contestations sociales et des demandes de fonds. Le Comité pour les Droits Humains en Amérique Latine, CDHAL, le Comité chilien pour les droits humains et d’autres organisations de la société civile canadienne ont écrit un communiqué pour exprimer leur indignation et leurs préoccupations en exigeant une série de demandes. Une des demandes principales est de retirer l’état d’urgence et de restituer la démocratie. L’ensemble des organisations dénoncent les violations des droits humains par les forces policières et militaires du Chili.Parmi ces violations nous retrouvons des détentions illégales, séquestrations, tortures, assassinats et abus sexuels. . Diverses actions sont prévues pour maintenir la solidarité dans la lutte des organisations, des mouvements sociaux et de la population qui sont sorties dans les rues pour protester et exiger des changements profonds pour la société chilienne.

Montréal (Québec, Canada) 24 octobre 2019

Par la présente, nous, les organisations signataires, souhaitons exprimer notre profonde indignation face à la violente répression qui sévit au Chili et qui vise à faire taire la forte vague de contestation sociale qui secoue le pays depuis la semaine dernière. La déclaration d’état d’urgence, l’imposition d’un couvre-feu et le déploiement massif des forces militaires et policières bafouent les droits fondamentaux du peuple chilien. Cette répression rappelle dramatiquement les méthodes utilisées par la funeste dictature de Pinochet.

L’accroissement du mécontentement populaire face aux insoutenables conditions de vie qui accablent le pays fut catalysé par une action générale de désobéissance civile par les étudiants et étudiantes du secondaire qui ont refusé de payer le métro afin de protester contre la hausse des tarifs décrétée par le gouvernement de Sebastian Piñera. Ceci a été l’élément déclencheur d’une vaste mobilisation sociale partout au pays. Face à l’irruption de contestations et du grabuge qui s’est produit en parallèle, le gouvernement a répondu, le 18 octobre dernier, par une forte répression et a décrété l’état d’urgence et un couvre-feu, activant ainsi la loi martiale. Ces mesures ont été étendues aux principales villes de cinq régions du Chili. Le recours à la criminalisation des manifestations ainsi qu’à la militarisation des forces de l’ordre laisse un bilan alarmant. Selon les données émises le 21 octobre dernier par l’Institut national de droits humains (INDH), qui a déjà entamé plusieurs poursuites afin de dénoncer des actes de torture, on compte au bas mot 2643 personnes détenues, 15 personnes assassinées, 8 personnes atteintes par balles, des centaines de personnes blessées et 4 personnes frappées par des véhicules des forces répressives.

La vaste majorité du peuple chilien, par le biais des organisations sociales, syndicales, et étudiantes, ainsi que les travailleur.euse.s de la santé, les travailleurs portuaires, les professeur.e.s, les retraité.e.s et les artistes, soulignent clairement l’urgence de trouver des solutions aux graves problèmes associés à la détérioration alarmante des services sociaux essentiels ainsi qu’à la corruption de la classe politique et du patronat. À ces revendications s’ajoute une dénonciation de la privatisation des cours d’eau et des terres, ainsi que de l’application de la loi antiterroriste contre les autochtones qui défendent leurs territoires.

Dans ce contexte, et considérant l’extrême gravité de la situation et de son évolution critique de celle-ci, les organisations signataires appuient les revendications de nombreuses organisations internationales et chiliennes
en déclarant ce qui suit :
● Nous accusons le président Piñera de tenir un discours violent et haineux par sa stigmatisation de la contestation sociale qu’il associe à la délinquance;
● Nous répudions le blocus médiatique, la désinformation et la manipulation de l’information qui occultent la réelle ampleur de la contestation sociale, de ses demandes et de la répression brutale qui sévit partout au pays;
● Nous dénonçons catégoriquement les violations aux droits humains de la part des forces policières et militaires (détentions illégales, enlèvements, tortures, assassinats et agressions sexuelles) qui constituent une véritable déclaration de guerre contre le peuple chilien;
● Nous répudions l’utilisation de la répression comme forme de gouvernance (violation au droit de circulation, droit d’association et droit de manifestation) et la violation de l’État de droit et exigeons le retrait immédiat des forces militaires;
● Nous exigeons la restitution de démocratie par la levée de l’état d’urgence et du couvre-feu qui s’attaquent à ses fondements;
● Nous lançons un appel criant et urgent au gouvernement chilien afin qu’il écoute et trouve des solutions aux demandes sociales à la base de la crise actuelle.

Organisations signataires

Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)
Comité Chilien pour des droits humains
Alternatives
Artistes pour la Paix
Association Québécoise de Lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)
Atlantic Regional Solidarity Network (ARSN)
Bios Iguana AC
Canadian Union of Public Employees (CUPE)
Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Centre d’appui aux Philippines/Centre for Philippine Concerns
Cercle des Premières Nations de l’UQAM
Centre for Research on Latin America and the Caribbean at York University
Centre international de solidarité ouvrière (CISO)
Centro de Estudios para el Desarrollo Rural (Promoción y Desarrollo Social A.C.)
Coletivo Brasil-Montréal
Collectif opposé à la brutalité policière (COBP)
Comité pour la Libération de Milagro Sala Prisonnière Politique-Montréal
Comité international, Union paysanne
Comité UQÀM Amérique latine (CUAL)
Common Frontiers
Conseil central du Montréal métropolitain (CSN)
Environnement Vert Plus
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
Femmes de diverses origines/Women of Diverse Origins
Fondation Salvador Allende
Horizons of Friendship
Institute for Policy Studies – Global Economy Project
Justice Climatique Montréal
KAIROS: Canadian Ecumenical Justice Initiatives
La Alianza de Solidaridad y Acción por Colombia (CASA)
Le Pacte pour la Transition
Mouvement Québécois pour la paix
Mining Watch Canada
Mouvement Québécois pour la Paix
Movimiento Mesoamericano contra el Modelo extractivo Minero – M4
NON à une marée noire dans le Saint-Laurent
Public Service Alliance of Canada/Alliance de la Fonction publique du Canada
Red Mexicana de Afectados por la Minería (REMA)
Saut Montréal
The Latin American and Caribbean Solidarity Network
UNIFOR
United Steelworkers

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