Fusillade survenue au Vieux-Port le 13 septembre 2020

J’ai un scoop pour vous concernant la fusillade survenue au Vieux-Port le 13 septembre 2020
Les balles qui ont blessé les trois civils ont vraisemblablement toutes été tirées par des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM)
De plus, la balle qui a blessé l’agent Simon Dupuis au mollet a été vraisemblablement été tirée par un collègue policier
Telle est la conclusion à laquelle j’en arrive à la lecture de l’acte d’accusation du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) déposé contre Adam Pichette, seule personne arrêtée en lien avec cet événement
Acte d’accusation que j’ai obtenu via l’accès à l’information
En gros, Pichette fait face à huit accusations criminelles
La première accusation concerne une tentative de meurtre par arme à feu contre un homme inconnu
Il s’agit vraisemblablement du premier coup de feu que Pichette a tiré lors d’une altercation qu’il a eu à l’extérieur des Terrasses Bonsecours, d’où il venait d’être expulsé avec l’autre homme
L’acte d’accusation ne mentionne pas que l’homme inconnu a été blessé par le coup de feu
Les médias ont d’ailleurs mentionné que le coup de feu a été tiré en l’air
L’acte d’accusation mentionne aussi que Pichette a déchargé une arme prohibée ou à autorisation restreinte contre Alexandre Viau, Olivier Larochelle et Simon Dupuis pour empêcher son arrestation, ce qui suggère que les trois hommes sont policiers – une information confirmée par mes propres recherches
Un jugement rendu par la Commission des relations de travail en 2015 identifie Alexandre Viau comme un agent « senior »
Une liste de flics du SPVM mise en ligne sur le site web du COBP mentionne que le numéro de matricule d’Olivier Larochelle est le 6278
Et le Journal de Montréal a déjà mentionné que Simon Dupuis est policier et que celui-ci a été blessé par balle au mollet durant la fusillade du 13 septembre
Cependant, Pichette ne fait face à aucune accusation relativement au tir qui a blessé l’agent Dupuis
Ce qui suggère que la blessure de l’agent Dupuis a été causée par une balle perdue tirée par un de ses propres collègues
Pichette fait également face à trois accusations d’avoir tenté de causer la mort des agents Viau, Larochelle et Dupuis en utilisant une arme à feu
Si l’enquête avait révélée que les trois civils avaient été blessés par les balles tirées par Pichette, il aurait vraisemblablement été également inculpé de tentative de meurtre à leur égard, entre autres choses, ce que ne mentionne pas l’acte d’accusation
L’acte d’accusation mentionne également que Pichette est inculpé de voies de fait graves sur un dénommé Ali Davary
L’acte d’accusation ne mentionne toutefois pas que les voies de fait graves ont été causés par une arme à feu
Enfin, les deux dernières accusations, soit celle d’avoir déchargé intentionnellement une arme prohibée et à autorisation restreinte et celle de possession illégale d’une telle arme, ne mentionne pas non de blessures causées par arme à feu
La lecture de l’acte d’accusation du DPCP suggère donc que Pichette n’est pas responsable des tirs qui ont causé les blessures aux trois civils
Et si les balles ne viennent pas de lui, alors elles ont vraisemblablement été tirées par les agents du SPVM
D’ailleurs, La Presse mentionnait que l’un des agents aurait vidé son chargeur de 16 balles et qu’un autre aurait tiré plus d’une demi-douzaine de projectiles, pour un total d’une vingtaine de balles
La Presse mentionne aussi que l’arme utilisée par Pichette est un révolver Smith & Wesson de calibre .38
La plupart des révolvers ont une capacité maximale de six coups
Ce qui suggère que pour chaque balle tirée par Pichette, les flics en ont tiré environ quatre
Ce qui vient accréditer encore davantage l’hypothèse voulant que les trois civils ont été blessés par des balles tirées par le SPVM
Notons que l’enquête menée sur les coups de feu tirés par le SPVM est menée par le Bureau des enquêtes indépendantes
Et que celle sur les coups de feu tirés par Pichette a été menée par la Sûreté du Québec
Pour conclure, certains commentateurs mal informés ont suggéré que les soi-disant efforts du SPVM contre le fléau du profilage racial pourraient avoir joué un rôle dans l’incident, et mettraient donc en péril la sécurité du public
L’acte d’accusation du DPCP suggère plutôt que ce sont les balles tirées par le SPVM qui ont réellement mis en danger la vie de citoyens lors du l’incident du 13 septembre au Vieux-Port.

Alexandre Popovic

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