20 mars 2021: stop à l'impunité! (France)

Appel du Réseau d’Entraide Vérité et Justice, des collectifs de familles de tué·e·s, de blessé·e·s et de mutilé·e·s par les violences et les crimes des forces de l'ordre et des agents pénitentiaires.
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Appel soutenu par [liste en cours] : Awa Gueye et le Collectif Justice et Vérité pour Babacar Gueye ; Comité Vérité et Justice pour Lamine Dieng ; Collectif Vies Volées ; Collectif Les Mutilé-e-s pour l'exemple ; Justice pour Cédric Chouviat ; Justice et Vérité pour Allan Lambin ; Justice et Vérité pour Wissam El Yamni ; Justice pour Angelo Garand ; Fatia Alcabelard et Christophe Sinnan, famille de Claude Jean-Pierre (dit Klodo) ; Jistis pou Klodo ; Lumière[s] pour Sabri ; Justice pour Jimony ; Association Idir Espoir et Solidarité ; Lucie, militante et cousine d'une victime des FDO ; Justice pour Ibrahima Bah (dit Ibo) ; Comité Adama ; Comité Vérité et Justice pour Gaye ; Hommage et Justice pour Zineb Redouane ; Geneviève Legay ; Assemblée des blessés ; Lutte pour Olivio Gomes-collectif Oliv'vit'haut ; Collectif contre les abus policiers-CLAP 33 ; Jaunes Etc 33 ; Association Mémoire Jawad Zaouiya ; Makan Kébé ; Boubacar Dramé ; Justice pour Miguel Kameni ; Collectif Vérité et Justice pour Hocine Bouras ; Collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri ; Comité Vérité et Justice pour Taoufik/Comité Vérité et Justice 66 ; …
Collectifs : Collectif Cases Rebelles ; Comité Vérité & Justice 31 contre les violences policières et le racisme d’Etat ; Désarmons-les ; Collectif Zéro chlordécone Zéro poison (Martinique) ; Komité 13 Janvié (Martinique) ; Association Tròp Violans (Guyane) ; Sud Culture Solidaires ; Kolèktif Doubout pou Gwadloup ; L'Orchestre poétique d’avant-guerre-OPA ; Collectif Paris-Ayotzinapa ; Nasyon Matnik ; Collectif QG Zazalé (La Réunion) ; les Comités de soutien aux inculpé.e.s de la Maskarade ; …

La Marche des Solidarités et la Coordination #StopLoiSécuritéGlobale appellent également à soutenir et rejoindre les marches et rassemblements des victimes de violences policières, pénitentiaires et judiciaires ce 20 mars.
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Depuis 10 ans, les victimes des violences d’État marchent pour la vérité, la justice et la réparation. Cette année, pour afficher leur volonté d'union, de soutien et de solidarité mutuels, elles ont décidé de créer le Réseau d’Entraide Vérité et Justice.

Ce samedi 20 mars 2021, notre réseau appelle à des marches et rassemblements partout en France, dans le cadre des Journées internationales contre les violences des forces de l’ordre et contre le racisme.

Née le 15 mars 1997 à Montréal, au Canada, la Journée internationale contre la brutalité policière s’est aujourd’hui étendue à la Suisse, à l’Allemagne, au Royaume-Uni, à la France, à la Belgique, à l’Espagne, et au Portugal, en passant par le Nigeria, les États-Unis et le Mexique.

Le 21 mars, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale est célébrée en mémoire du massacre de Sharpeville (Afrique du Sud) en 1960, où la police a tué 69 personnes noires, lors d’une manifestation pacifique contre l’apartheid.

En France, les crimes et les violations des droits humains ont été institutionnalisés avec le Code noir de Louis XIV, puis le Code de l’indigénat. Depuis, la répression violente voire mortelle des personnes racisées est constante et elle s’étend désormais à toutes celles et tous ceux qui contestent la politique gouvernementale.

Les dérives de l'utilisation de la force par les « personnes dépositaires de l'autorité publique » ne cessent de s’aggraver à l’encontre de toute la population. Des violences répétées, permanentes, qui ne sont ni des « bavures », ni des « dérapages », ni des faits-divers isolés.

Au cours des 44 dernières années, 746 personnes sont décédées à la suite d’une intervention des forces de l’ordre, dont 78 du fait d’agents hors service (selon le seul recensement existant, réalisé par le site d’information Bastamag). En 2019, on totalisait 26 décès, 29 en 2020. À cela, s’ajoute le nombre effarant de blessé·e·s et mutilé·e·s « pour l’exemple » : depuis trois ans on a dénombré 30 éborgnements et 5 mains et 2 pieds arrachés par des LBD ou des grenades.

Nous n'oublions pas non plus ces morts suspectes en prison, maquillées en suicides ou en arrêts cardiaques. La prison aussi tabasse à mort en bande organisée et tue en silence. La France a été condamnée à 19 reprises par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) en raison de tortures et de traitements inhumains ou dégradants liés aux conditions matérielles de détention, aux manquements aux soins médicaux et aux défaillances dans les secours aux détenus.

Ces dernières années, la CEDH et l’ONU ont régulièrement condamné la France en raison des abus des forces de l’ordre et pourtant l’État continue à les laisser user d’armes de guerre et de techniques mortelles. Le constat est que ces comportements illégitimes des forces de l’ordre se perpétuent parce qu’ils sont orchestrés et couverts par un État autoritaire sans retenue. Et l’impunité est à son paroxysme.

Pire, le ministre de l’Intérieur se permet même d'insulter les victimes et leurs familles en déclarant : « Quand j'entends le mot violences policières, je m'étouffe ! »

Face à ce déni au plus haut niveau de l’État, nous subissons l'injustice, le mépris, le déshonneur, la déshumanisation, la criminalisation, la douleur physique et psychologique, le manque de considération, l’impossible réinsertion professionnelle ou tout simplement l’impossibilité de mener une vie normale après en avoir tant subi !

Nous affirmons que les forces de l’ordre ne sont pas là pour servir et protéger le peuple, mais bien pour surveiller, punir et réprimer les classes populaires et les personnes racisées en priorité et toute contestation sociale ensuite : tel est le cœur de leur métier.

C’est tout un système auquel nous sommes confrontés. Un système qui préfère continuer à cultiver le mensonge, le faux en écriture publique et la fabrique du non-lieu qui légitime le déni de justice : cachez-nous ces vérités que nous ne voulons pas voir ! C’est exactement ce que nous dit le président Macron lorsqu’il affirme en 2019 : « Ne parlez pas de “répression” ou de “violences policières”, ces mots sont inacceptables dans un État de droit. »

Contre l’impunité, contre la violence judiciaire qui excuse, absout et prolonge les violences des forces de l’ordre, nous proclamerons haut et fort nos exigences ce samedi 20 mars 2021:

Contre le déni des droits humains

Mettre fin aux contrôles d’identité permanents et mettre en place le récépissé qui oblige les agents à justifier ces contrôles.
Supprimer le délit d’outrage et rébellion. Pour en finir avec les procédures abusives, le harcèlement quotidien et le « business des outrages ».
Interdire le harcèlement répressif et judiciaire contre les manifestants.
Abroger l’article « permis de tuer » L435-1 de la loi sécurité publique du 28 février 2017 qui assouplit et élargit le cadre de la « légitime défense ».
Interdire les techniques d’étouffement : clé d'étranglement, plaquage ventral et pliage.
Interdire les armes classées armes de guerre (LBD et grenades) et les pistolets électriques, pour la police du quotidien comme lors des manifestations et dans les établissements pénitentiaires.
Interdire les « pare-chocages » et les courses-poursuites pour des délits mineurs.
Supprimer l’usage systématique des gaz et des nasses en maintien de l’ordre.
Fermer les quartiers d’isolement et disciplinaires (QI et QD).
Dissoudre les équipes de matons cagoulés (ELSP et ERIS), responsables de tabassages et impliquées dans les morts « suspectes ».
Installer des caméras dans les véhicules de patrouille.

Contre l'impunité et le déni de justice

Créer un organe indépendant pour enquêter sur les plaintes contre les forces de l’ordre et les surveillants pénitentiaires, et pour garantir l’indépendance des expertises scientifiques nécessaires.
Dépayser systématiquement l'instruction des plaintes contre les forces de l’ordre et les surveillants pénitentiaires.
Mettre en place une assistance psychologique systématique pour les victimes et leurs proches et la gratuité des soins nécessaires
Garantir la prise en charge complète, par la Sécurité sociale et les mutuelles, des soins et traitements médicaux nécessaires consécutifs à des violences d’État.
Garantir l’audition par le magistrat instructeur de tous les témoins identifiés, leur remettre une copie de leurs auditions et leur mise sous protection.
Garantir l’accès à tous les enregistrements audios et vidéos disponibles.
Encadrer et engager la responsabilité des médecins intervenant dans des procédures judiciaires.

Contre le dénigrement et les violences faites aux sans-papiers

La liberté de circulation et d’installation.
La régularisation.
La protection automatique, dès leur arrivée, des jeunes étranger·ère·s isolé·e·s.
La fermeture des centres de rétention.
L’égalité des droits pour tous dans tous les domaines.
Le droit de vote des étrangers.

Enfin, nous exigeons :

La suspension immédiate des agents mis en cause pour violences ou homicides, et leur radiation définitive s’ils sont condamnés.
La suspension immédiate des agents ayant tenu des propos ou commis des actes racistes, et leur radiation définitive s’ils sont condamnés.
La suppression des propositions de lois Sécurité globale et Séparatisme, ainsi que l’abrogation de toutes les lois liberticides.

Stop aux violences et aux crimes policiers,
pénitentiaires et judiciaires

Stop à l'impunité • Vérité et justice pour toutes et tous

#PasDeJusticePasDePaix !

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