Repentigny : Les Noirs interpellés trois fois plus que les Blancs

Le nombre d’interpellations réalisées par le Service de police de la Ville de Repentigny (SPVR) auprès de personnes noires « semble disproportionnellement élevé », tant compte tenu de leur poids démographique que de leur participation à la criminalité, établit un rapport produit par Victor Armony, Mariam Hassaoui, tous deux du département de sociologie de l’UQAM, et Massimiliano Mulone, de l’École de criminologie de l’Université de Montréal.

La Presse a obtenu le document, rédigé par les mêmes chercheurs qui avaient braqué les projecteurs sur une situation semblable à Montréal.

Les chercheurs ont examiné en détail les interpellations réalisées par le SPVR pendant quatre années, de 2016 à 2019 inclusivement. Des 2392 interpellations réalisées sur le territoire du SPVR, qui couvre les villes de Repentigny et de Charlemagne, près du quart concernait des personnes racisées. De ces minorités visibles, ce sont les Noirs qui sont le plus souvent interpellés : ils sont impliqués dans 17 % des évènements.

Or, la population de Repentigny et de Charlemagne ne compte que 6,8 % de Noirs, selon le recensement de 2016. Prenant acte d’une hausse importante de la population noire signalée par plusieurs sources, qui rendrait les chiffres de 2016 désuets, les chercheurs ont aussi réalisé leur calcul avec un chiffre de 10 % de la population formée par des personnes noires. Bien qu’il n’y ait aucune donnée ou source qui permette de confirmer ce chiffre, il a été évoqué tant par la MRC de L’Assomption que par la Ville de Repentigny dans des documents officiels.

Les résultats : une personne de race noire est entre 2,5 et 3 fois plus susceptible de subir une interpellation qu’une personne blanche. Les jeunes Noirs sont particulièrement ciblés : 45 % des personnes racisées interpellées ont moins de 25 ans, contre 30 % pour la population blanche. Et s’ils circulent dans les rues de Repentigny le soir, la probabilité d’interpellation augmente encore. « Les Noirs sont plus souvent interpellés que les Blancs, et le sont encore plus fréquemment le soir. »

Les chercheurs parlent donc clairement d’un phénomène de « sur-interpellation » pour la population noire desservie par le SPVR. Ils signalent d’ailleurs avoir observé un phénomène semblable à Montréal à la suite d’une étude du même genre. Dans la métropole, les autochtones et les personnes noires étaient de 4 à 5 fois plus susceptibles que les Blancs de faire l’objet d’une interpellation.

« On reçoit ce rapport avec beaucoup d’humilité. Il a été la base de nos réflexions, dit la directrice du SPVR, Helen Dion, en entrevue à La Presse. On est conscients qu’on a fait des erreurs avec certaines interpellations. Il n’est jamais facile pour une organisation de recevoir un constat négatif. »

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