Arrestation musclée d'un homme noir à Québec: «plusieurs plaies sont rouvertes»

Comment allez-vous? «Pas très bien, honnêtement. Mais ça va mieux», souffle la famille Niyokwizera.

Pacifique Niyokwizera, un jeune homme de 18 ans, a raconté l’histoire de son arrestation musclée par les policiers de Québec dans plusieurs médias. Des images de la «brutalité» ont été publiées sur les réseaux sociaux. Les lecteurs et internautes se permettent donc plusieurs commentaires, certains sont solidaires, d’autres écrivent des mots méchants et discriminatoires.

«On l’a vu. Ça nous choque, aussi. Mais c’est entre les mains de notre avocat», dit la sœur de Pacifique, rencontrée lundi.

Est-ce qu’ils sont en colère? Elle et d’autres membres de la famille répondent par l’affirmative; un hochement de tête, des visages crispés.

«Pacifique devait retourner à l’hôpital aujourd’hui pour ses blessures», confie Jacqueline Niyokwizera. Mâchoire serrée, côtes et genoux douloureux, œil enflé.

Le traitement que lui ont réservé les policiers de Québec fait le tour du Web depuis samedi matin. Le jeune homme de 18 ans a été arrêté et embarqué dans une auto de patrouille, pour être laissé quelques kilomètres plus loin, sans téléphone ni portefeuille pour rentrer à la maison. Il était 3 h du matin.

La famille vit dans une résidence de Québec. Le téléphone sonne beaucoup depuis samedi, ça cogne aussi à la porte. «C’est qui ?» répète-t-on dans la maison. On sent une fatigue, mélangée à de la colère, de la tristesse.

«Les membres de la famille, ils sont des victimes collatérales», explique l’avocat de la famille, qui a pris le dossier en main lundi.

La famille Niyokwizera a quitté son pays d’origine pour éviter la brutalité policière, entre autres. «Ils sont réfugiés ici. Beaucoup de plaies sont rouvertes», se désole Me Fernando Belton.
Images tirée d'une vidéo publiée sur Facebook.
Images tirée d'une vidéo publiée sur Facebook.
Capture d'écran
Des poursuites

Me Belton a rencontré son client lundi à Québec. «La première étape est de savoir comment il va. Ce qui lui est arrivé est très grave, il faut lui expliquer ses options.»

L’avocat a donc suggéré à Pacifique d’arrêter de discuter des événements dans les médias. «C’est un jeune de 18 ans qui vient d’être brutalisé par des adultes de manière très violente. Imaginez pour lui qui est une victime.»

Advenant des poursuites contre la Ville de Québec et son service de police, il devient «peu judicieux» de discuter des événements sans retenue.

La famille et l’avocat n’ont pas pris de décision relativement à de telles poursuites, il manque plusieurs informations. Toutes les options demeurent néanmoins sur la table à l’heure actuelle.

«Il a été arrêté par la police sur place, mais n’a reçu aucun moyen, aucune indication pour venir s’expliquer devant la cour. Il n’a pas eu de constats d’infraction. On ne connaît même pas les gestes qui lui sont reprochés», déplore Me Belton.

L’enquête est en cours, nous dit la police de Québec.
Me Fernando Belton
Me Fernando Belton
Courtoisie
Profilage racial

Il n’y a pas de doute, il s’agit d’un cas de profilage racial aux yeux de Me Belton. Des cas comme celui de Pacifique, il en traite beaucoup à Montréal.

«Ça surprend par la violence des gestes, mais pas parce que c’est quelque chose de nouveau.»

Le jeune homme noir de 18 ans a été laissé seul au milieu de la ville par les policiers, en pleine nuit, sans téléphone ni portefeuille. Normal? «Ce sont des tactiques qui existent, ça se faisait très bien avec les personnes autochtones notamment. C’est troublant et choquant. Je suis choqué et frustré. Et on va exiger des réponses», insiste Me Belton.

Dans le dossier juridique de Pacifique Niyokwizera, on y voit bien une infraction au code de la sécurité routière au mois de septembre dernier, conduire sans avoir son permis de conduire. La même journée, on lui a aussi collé une amende pour entrave au travail d’un agent de la paix. Aucune accusation n’a été ajoutée pour les événements du 27 novembre.

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