Nous dénonçons la présence policière à la vigile de la Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida

Nous dénonçons la présence policière à la vigile de la Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida

Le 1er décembre, la Table des organismes communautaires montréalais de lutte contre le VIH/sida (TOMS), ses membres, et nos communautés – parmi lesquelles se trouvaient notamment des personnes vivant avec le VIH, LGBTQ+, travailleur·euses du sexe, usager·ères de drogues – se réunissaient pour la 34e vigile annuelle en soutien aux personnes et aux communautés touchées par le VIH et à la mémoire des personnes décédées des suites de la maladie.

La TOMS et ses partenaires dénoncent aujourd’hui que près d’une dizaine d’agent·es du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) se sont permis de venir s’attrouper autour de nos communautés, et ce, malgré nos contacts répétés avec l’arrondissement Ville-Marie et le poste de quartier du SPVM, et en plein recueillement collectif.

Avant même notre arrivée sur les lieux, une voiture de police était stationnée au parc de l’Espoir. S’en sont suivi deux autres voitures au courant de la vigile.

Nous souhaitons également condamner les actions de répression, l’arrestation d’un membre de nos communautés et la recherche d’un suspect jusque dans des locaux d’organismes communautaires, tout cela durant la Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida. Le fait que de telles actions soient perpétuées en ce jour extrêmement symbolique et de recueillement augmente le sentiment de méfiance envers les systèmes et institutions.

Après plus de 40 ans de répression, de stigmatisation, de marginalisation et de surjudiciarisation de la part du SPVM envers nos communautés, faut-il s’étonner que nous soyons indigné·es devant leur présence? Si nous ne pouvons même pas nous recueillir en paix pour pleurer nos mort·es et célébrer nos vivant·es, il ne nous reste que très peu.

La présence de la police n’est pas une source de sécurité pour nous. Le SPVM nous jette hors de nos quartiers, détruit notre filet social, pousse les personnes à adopter des pratiques de plus en plus risquées pour éviter les arrestations et renforce le sentiment d’insécurité dans nos communautés.

Si nous ne pouvons même pas nous recueillir en paix pour pleurer nos mort·es et célébrer nos vivant·es, il ne nous reste que très peu.

La Ville de Montréal s’est engagée, en 2017, à mettre fin à l’épidémie de VIH/sida d’ici 2030 sur son territoire en signant la Déclaration de Paris et en développant un plan d’action en quatre axes. Le second priorise les actions en matière de judiciarisation : « travailler à l’élimination des préjudices causés par l’application de lois criminelles et la judiciarisation des personnes issues de communautés marginalisées ».

Or, nos communautés vivent toujours de la répression policière. Malgré ses engagements, la Ville de Montréal augmente année après année le budget du SPVM, qui continue d’ignorer les actions qui feraient une réelle différence : cesser de s’imposer dans des situations où la seule présence de la police suffit à créer un climat d’inconfort, utiliser ses pouvoirs pour refuser de judiciariser des personnes déjà stigmatisées, revendiquer activement une décriminalisation de la possession de drogues et des lois entourant le travail du sexe, cesser de démanteler les campements et de chasser les personnes de leurs lieux d’appartenance, et enfin laisser le milieu communautaire faire son travail.

Il est plus que temps que nos communautés puissent vivre leur vie et se rassembler sans devoir craindre que leur simple existence soit en danger à tout moment.
Cosignataires

Ted Rutland, Université Concordia
Denis-Martin Chabot, Maison Plein Cœur
Éric Fortin, Maison Plein Cœur
Andreane Désilets, La Maison Benoît Labre
Ken Monteith, COCQ-SIDA
Tanguy Hedrich, COCQ-SIDA
Thérèse Yelle, COCQ-SIDA
Sylvain Beaudry, COCQ-SIDA
Chantal Montmorency, AQPSUD
Diana Lombardi, Réseau d’action des femmes en santé et services sociaux (RAFSSS)
Sylvain Laflamme, BRAS Outaouais
Guillaume Tremblay-Gallant, Portail VIH/SIDA du Québec
Patrice St-Amour, Portail VIH/SIDA du Québec
Mike Gerembaya, Portail VIH/SIDA du Québec
Justine Massicotte, Portail VIH/SIDA du Québec
Sam Bélanger, Le PIaMP
Aurélie Broussouloux, RACOR en santé mentale
Martin Pagé, Dopamine
René Obregon-Ida, Rue Action Prévention (RAP Jeunesse)
Éric Dubé, Réseau de la santé sexuelle des Sourds du Québec (RSSSQ)
Laurence Mersilian, CAPAHC
Nadia Joannides, GEIPSI
Magali Boudon, GRIP
Annie Aubertin, Spectre de rue
Véronique Martineau, Table des groupes de femmes de Montréal (TGFM)
Alexia Grenon, Maison d’Hérelle
Emilie Renahy, AIDS Community Care Montreal (ACCM)
Annie Savage, RAPSIM
Jean-François Mary, CACTUS Montréal
Julien Montreuil, L’Anonyme
Marie-Andrée Painchaud, RIOCM

Catégories

Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

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