Le 26 décembre dernier, la police est venue chez nous parce qu'elle était à la recherche d' « un homme suicidaire ». Ils m'ont demandé si y'avait pas « un autre homme » chez nous. Je les ai envoyé chier, leur ai dit qu'il y avait pas d'hommes icitte, chu pas un homme caliss. Y'ont reviré de bord. Le lendemain, on apprenait la disparition de notre amie trans. C'est elle que la police venaient chercher chez nous. On a passé trois jours à faire le tour de la ville pour la trouver, des journées entières à marcher dans la neige, dans les sous-bois, sur le bord du fleuve. Deux semaines plus tard, on apprenait que la police était probablement au courant qu'elle s'était enlevée la vie le 26, mais y'ont jamais cru bon de nous en parler.
Pourquoi ils nous l'ont jamais dit ?
Le 26, après avoir reçu un appel d'elle disant qu'elle allait s'enlever la vie, les flics sont allés fouiller son appartement, pi dans l'entrée elle avait laissé un beau message pour la police : « hey la police, décalisse. Laisse mes proches gérer mes affaires, FTP, ACAB ». Les flics savaient qu'elle les haissait, et que donc probablement ses ami.es les haissait aussi, pi ils se sont pas gêner pour laisser ses proches dans le flou pendant deux fucking semaines.
Deux jours avant le suicide de mon amie, Nicous Spring était assassiné par des screws à Bordeaux. Nicous Spring, un jeune reconnu par sa communauté, qui était détenu illégalement au moment de sa mort. Ce soir là, Nicous aurait du être avec ses proches, pas sur le plancher froid d'une cellule. En 2020, la même chose est arrivé à Bobby Kenuajuak, pis y'a fallu attendre 3 ans pour que l'État donne une réponse à sa soeur sur les circonstances de sa mort. 3 ans de questions sans réponses, à rester dans la doute et la douleur. Ils se calissent de nous.
Le seul screw qui a essayé d'intervenir pour protéger Nicous a fini par perdre sa job. Comme quoi un screw moins meurtrier, c'est pas un bon screw. Qu'ils viennent pas nous dire après que c'est juste quelques pommes pourrites, c'est le fuckin verger au complet qui est pourri.
Chaque année, des hommes noirs sont brutalisés par la police pour avoir commis la pire faute qu'un homme noir peut commettre, conduire un char. Chaque année, des travailleuses du sexe se font harceler par les flics dans la rue. Chaque année, des défenseurs et défenseuses de la terre se font criminaliser pis brutaliser comme au Yintah, comme à Atlanta, comme à Standing Rock. Chaque année, des gens meurent, assassinés par la police pi par des screws.
Le monde brûle littéralement sous nos yeux, pi les gouvernement trouvent rien de mieux à faire avec leur cash que de le donner à la police. Combien de plus au budget du SPVM cette année déjà ? 63 millions de plus ? Pendant ce temps là, ça coupe dans le logement social, ça coupe dans le réseau de la santé, dans le communautaire, pi ça continue de faire des grosses subventions à des capitalistes pour qu'ils rasent des sous-bois, construisent des ostis de condos qui vont rester vide jusqu'à ce que toutes les pauvres aient été chassés du quartier. Pi même avec toute le cash du monde, la police continue de se calisser des communautés. On le voit à Winnipeg où la police refuse de prioriser la recherche des femmes autochtones disparues. Winnipeg nous a démontré que la police n'a aucunement l'intention d'utiliser son budget pour aider le monde, qu'est juste bonne à nous tapper dessus.
Combien qu'ils ont prévu mettre pour construire cop city à Atlanta ? Aux dernières nouvelles, 90 Millions. Raser la plus grande forêt urbaine de la région, qui se trouve à proximité d'un quartier pauvre, pour construire un camp d'entraînement pour police en manque de violence. Combien y'ont déjà dû dépenser en répression policière à Atlanta pour s'assurer que cop city se construise ? Déjà une quarantaine de personnes qui risquent de faire de la prison, accusé.es de « domestic terrorism », pour avoir cherché à défendre une forêt, pi une autre personne, Tortuguita, assassinée par la police sur place, alors qu'iel était assise par terre les mains en l'air. Le monde brûle, pi on enferme ou on tue les rares personnes qui sont prêtes à faire de quoi pour que ça change.
Malgré que les noms des victimes de la violence policière et étatique soient encore sur toutes nos lèvres, la liste est chaque année toujours trop longue, toujours plus longue.
Juste à Montréal on se rappelle entre-autres de :
Anthony Griffin 1987
José Carlos Garcia 1988
Presley Leslie 1990
Jorge Chavarria-Reyes 1990
Fritzgerald Forbes 1991
Marcellus Francois 1991
Trevor Kelly 1993
Martin Omar Suazo 1995
Michael Kibbe 2001
Rohan Wilson 2004
Mohamed Anas Bennis 2005
Quilem Registre 2007
Fredy Villanueva 2008
Farshad Mohammadi 2012
Alain Magloire 2014
Bony Jean-Pierre 2016
Pierre Coriolan 2017
Nicholas Gibbs 2018
Sylvain Legault 2020
Patrick Bellemare 2020
Bobby Kenuajuak 2020
Sheffield Etrion Matthews 2020
Abdulla Shaikh 2022
Ronny Kay 2022
Nicous Spring 2022
Dans les prochaines années, ils vont essayer de construire une nouvelle prison pour femmes à Montréal. Parce que ça prendra toujours plus de prisons pour enfermer le monde qui fittent pas dans ce caliss de système-là. Encore plus de femmes qui vont se ramasser en prison pour s'être défendues de leurs agresseurs. Encore plus de femmes qui vont se ramasser en prison pour avoir cherché à nourrir leurs proches, par tous les moyens possibles. Encore plus de femmes survivantes d'agressions sexuelles qu'on va exposer à la violence des screws. Encore plus de femmes qu'on va laisser crever en taule.
La seule façon d'en finir avec les violences policières pis celles des prisons, c'est par leur abolition!
Je sais pas vous autres, mais messemble qu'il serait temps qu'on commence à se défendre.

FTP. ACAB.

* merci à Djab Maroon pour la photo