Il faut retirer les armes d’impact à projectiles du SPVM

On s’est croisés dernièrement, à l’hôtel de ville de Montréal, lors de la dernière commission sur la sécurité publique le 10 avril. Si je vous écris aujourd’hui, c’est parce que je n’ai pas eu le temps de vous exprimer mes inquiétudes quant à l’utilisation des armes d’impact à projectiles par vos agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Je crains que peu de gens saisissent la portée du drame que peut impliquer l’utilisation de ces armes dites à létalité réduite. En 2012, j’ai pris part aux manifestations du mouvement étudiant pour que tous puissent conserver le rêve de faire des études universitaires. J’y ai malheureusement perdu mon oeil droit et mon aspiration à étudier à cause des effets d’une arme jugée à létalité réduite.

Aujourd’hui, les conséquences de cet événement sur ma vision m’empêchent de vivre pleinement ma passion pour les arts visuels, discipline au sein de laquelle j’espérais poursuivre des études et dont l’abandon entrave mon quotidien. Cette grenade assourdissante de type RBBG lancée dans une foule par un agent du SPVM lors d’une journée de printemps a été, pour le moins que j’en puisse dire, un drame qui a marqué ma vie de façon indélébile et qui me porte encore atteinte de multiples façons.

Facteur humain

Je comprends que les armes d’impact à projectiles, en théorie, constituent des outils plus précis que les grenades assourdissantes, qui, elles, sont utilisées encore plus arbitrairement au sein de foules. Cela étant, est-ce envisageable de penser que ces armes d’impact à projectiles se révèlent aussi précises sur le terrain que ce que les forces policières peuvent prétendre ? Dans une foule où le mouvement est maître, où un individu peut entraver la ligne de tir, où l’individu ciblé peut changer de position, bref où les conditions de tirs ne sont jamais idéales, est-il véritablement possible d’obtenir un tir adéquat et d’éviter à tout coup de heurter les zones à risques de l’anatomie ? Chers élus, je vous demande de prendre en considération le facteur humain et les sources de partis pris possibles lorsque vous traiterez le sujet.

Ce type d’arme, même s’il est considéré comme à létalité réduite, peut causer des blessures graves, des incapacités permanentes, voire même la mort, comme l’indique le fabricant dans sa mise en garde, et comme le reconnaît l’École nationale de police dans son rapport de 2005. De plus, l’on a constaté la dangerosité de ces armes à plusieurs reprises, notamment lors du conflit étudiant de 2012 et lors des récents événements tragiques entourant la mort de Pierre Coriolan et de Bony Jean-Pierre qui, toutes deux, semblerait-il, auraient été causées par l’utilisation d’une arme d’impact à projectile.

J’ai écopé d’une incapacité permanente due aux grenades RBBG jadis utilisées par les préposés aux irritants chimiques de vos unités d’intervention tactique. Cet événement a changé ma vie à tout jamais et le retrait de ces dangereuses armes de votre arsenal me réjouit. Je ne souhaite cependant à personne de subir des événements tels que ceux que j’ai vécus, que d’autres ont également subis. C’est pourquoi je vous demande d’agir de façon préventive et de retirer les armes d’impact à projectiles de votre arsenal afin que l’histoire ne se répète pas. Soyez vecteur de changement et n’attendez pas qu’un drame supplémentaire se produise. Le retrait des armes d’impact à projectiles était au coeur de vos promesses électorales. Projet Montréal, se revendiquant d’une certaine manière de faire de la politique autrement, devrait, je le crois, honorer cette précieuse promesse. Devancez ce qui semble pour le moment inévitable. Retirez ces armes aux conséquences dramatiques.

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Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

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