Menottée pendant 20 minutes pour un feu rouge à pied

21 November 2020

Samedi 21 novembre autour de 16h, coin Wellington et 5e Avenue, Verdun.

En sortant d'un commerce, je traverse un feu rouge où il n'y a aucune auto en vue jusqu'au coin de rue suivant.

Vague coup de sirène d’auto-patrouille. Je n’y prête attention qu’à moitié et j’entre dans un commerce de type « dollarama ». Les policiers me suivent jusqu’à l’intérieur.

Ils m’interpellent de l’avant d’une rangée. Je les attends vers le fond de la rangée. Le plus grand des deux s’approche à environ 2 pieds de moi. Technique d’intimidation. Je lui demande de reculer, 2 fois, à cause de la pandémie. Il ne bouge pas. Alors je dis: "Je vais aller au fond de la rangée et remonter la rangée suivante jusqu'à l’avant du magasin, où on aura plus d’espace pour parler." Il me suit, l’autre attend à l’avant du magasin.

Moi : "Il n’y avait aucun véhicule à l’intersection."
Le policier : "La loi c’est la loi."
Moi: "Vous êtes en mode Collecte de fonds pour vos bonis de Noël?"

Arrivés à l'avant, il me demande une pièce d’identité. Je prends toutes mes cartes et lui tends ma CAM. À deux reprises, il vient pour la prendre et je retire ma main en lui demandant de ne pas la toucher. Je lui dis que je ne veux pas qu’il la touche et que j’aimerais qu’il reste à 2 mètres de moi. Je n’ai évidemment aucune intention de fuir ou de résister, mais que je ne veux pas être touchée : on est en pleine 2e vague de pandémie et Montréal vient de passer en alerte maximale.

Pendant ce temps l’autre policier passe derrière moi et m’arrache le reste des cartes (crédit, banque, etc.) que je tiens dans l'autre main. C'est une provocation tout à fait gratuite : jusque là, je coopérais en tentant de respecter les directives des autorités sanitaires.

Je lève le ton et lui dis de me redonner mes cartes, mais le premier m’immobilise par derrière, et demande à l’autre les menottes. Je comprends que j'ai affaire à des juniors qui veulent jouer à Rambo. J'abandonne tout dialogue.

Et vlan, je me retrouve menottée dans le magasin pour avoir traversé un feu rouge à pied à une intersection déserte. Je sors du commerce menottée et escortée comme une voleuse!!! Humiliation totale dans mon propre quartier, devant tout le monde.

Ils me fouillent sommairement (2 hommes, aucune policière), regardent dans ma sacoche. Déposent ma sacoche ouverte à côté de ma pile de cartes sur la valise de l’auto. Je n’offre aucune résistance. Ils m'enferment menottée à l'arrière du véhicule.

Ils mettent une vingtaine de minutes à rédiger leur contravention pendant que je suis enfermée à l’arrière de l’auto-patrouille, les fenêtres fermées, sur une banquette rigide, les deux mains derrière le dos, avec deux policiers qui travaillent dans la rue et qui sont parmi les métiers les plus exposés à la covid. Est-ce que l'arrière a été désinfecté récemment? Comme fumeuse de 61 ans, je commence à faire partie de la population vulnérable. Je suis extrêmement inquiète. Je commence à avoir mal au dos.

J’attends
Enfin, ils me lisent le contenu des contraventions, sans me les remettre parce que leur imprimante ne fonctionne pas : une d'une cinquantaine de dollars pour le feu rouge, et une autre d'environ 480$ pour « entrave au travail d’un policier ». Ils m'ont dit que j'avais 30 jours pour contester et que je recevrais la contravention par la poste. Si l’imprimante ne fonctionnait pas, pourquoi m’avoir gardée pendant 20 minutes menottée dans l’auto???

La semaine suivante, je passe une fois au poste et j'échange plusieurs courriels, avec le maire de l'Arrondissement et deux personnes du poste 16 sans avoir de réponses à mes questions.

J'appelle au poste le jeudi 3 décembre: les policiers sont dans leur semaine de congé et il semble qu'ils ne l'ont pas encore envoyée. Le policier me rappelle le 8 décembre et me dit qu’il n’a pas encore envoyé la contravention pour cause de « délais administratifs ».

15 décembre, 24 jours plus tard, je n'ai toujours pas reçu la contravention que j’ai 30 jours pour contester.

Mes observations et article du code de déontologie policière correspondant:
• Manque de jugement quant à la mission d’un policier dans la société.
• Tentative d'intimidation malgré les consignes sanitaires. Le policier est resté trop près de moi dans le but de m'intimider. (Art. 6.2)
• Usage disproportionné de la force: immobilisation et recours aux menottes (Art. 6.1), alors que je ne tentais pas de fuir et que je montrais une carte d’identitl
• Fouille illégale, aucune policière sur place (Art. 10.4), seulement 2 hommes.
• Accusation portée sciemment sans justification: amende pour "entrave au travail d'un policier » (Art. 6.3)
• Négligence, insouciance à l'égard de ma santé (Art. 10.2) alors que Montréal vient de passer en zone rouge, en alerte maximale.

Ma crainte:
Même si j’arrive à contester les deux contraventions, que faire contre deux policiers s’ils mentent, eux qui travaillent ensemble et qui ont beaucoup de ressources professionnelles à disposition pour monter leur dossier? D’après moi, la situation était tellement absurde qu’ils ne pourront pas expliquer les faits tels qu’ils se sont déroulés en regardant un juge dans les yeux.

Policiers impliqués :
Agent Gaudet : matricule 7888,
agent Massicotte-Haran : matricule 7625

Ville où l'événement s'est produit: 

Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

Matricule du policier (séparer les numéros par des VIRGULES s'il y en a plusieurs): 

Nom du policiers (séparer par des VIRGULES s'il y en a plusieurs):